Antoine Pin (Bulgari) : «Nous osons le renouveau»

Infrarouge a rencontré Antoine Pin, directeur de la division horlogère de Bulgari, pour discuter du renouveau de la marque en haute horlogerie.

Judith Spinoza

Tout le monde connaît la montre Serpenti Tubogas qui n’a cessé de muer jusqu’à la Serpenti Spiga, une icône absolue pour les femmes. Il existe aussi un modèle phare pour homme ; la montre extra plate Octo dont la dernière version est la plus fine du monde. Quelle est la légitimité de Bulgari en haute horlogerie ?

En réalité, l’histoire de Bulgari dans le domaine de l’horlogerie remonte à 1918. Nos premières montres de joaillerie furent fabriquées à cette époque. Cela étant, la légitimité horlogère de Bulgari auprès du grand public est très récente et coïncide avec l’introduction, en 2012, de la nouvelle ligne Octo. Elle a présidé à l’avènement d’Octo Finissimo Tourbillon en 2014, notre premier record du monde.

Vous détenez 7 records du monde pour 7 montres Octo ! Quelles codes de la haute horlogerie a redéfini la Octo Finissimo ?

Nous avons revisité ses frontières au point que le modèle est reconnu comme l’un des modèles phares du XXIe siècle. Octo Finissimo démontre notre capacité d’innovation, de même que la maîtrise des savoir-faire horlogers les plus pointus ; associés à la touche italienne si identifiable dans nos designs. Aujourd’hui, Bulgari est reconnu sans équivoque comme partie intégrante de l’élite horlogère suisse.

Sur tous les modèles ?

Oui, notre expertise horlogère dépasse largement le seul cadre des calibres Finissimo. Notre offre de montres à sonnerie – répétitions minutes, carillons et grandes sonneries – est probablement la plus étendue du marché horloger.

Pour Bulgari, l’Estetica della Meccanica consiste à innover en profondeur tant sur le fond que sur la forme. Combien de mois de travail, de recherche et de collaboration entre les ingénieurs et les artisans cela a-t-il représenté pour ces deux modèles ?

Les pièces de haute horlogerie qui sont manufacturées dans notre site du Sentier requièrent des mois, jusqu’à une année parfois, de travail. Cela vaut surtout pour les montres à sonnerie : sur le marché de la très grande complication, Bulgari est l’une des très rares marques à maîtriser et produire tous les types de sonnerie. Ces mois de travail, qui concernent pour l’essentiel l’assemblage et le réglage fin, n’incluent évidemment pas tout le processus de recherche ; de conception ; de développement et de faisabilité manufacturière qui doit être mené en amont. On parle ici de quelques années.

Quelle comparaison technologique pourriez-vous faire à un néophyte pour marquer le tour de force technique de l’Octo Finissimo Calendrier Perpétuel ?

La miniaturisation pourrait constituer le point de comparaison avec l’informatique. Le Calendrier Perpétuel est une complication extrême ; dans la mesure où l’ensemble des indications calendaires sont orchestrées avant que le prochain réglage ne soit opéré, en 2100… ! Compte tenu du nombre de composants et de la construction d’un tel mécanisme, les calendriers perpétuels traditionnellement disponibles sur le marché sont relativement épais. Notre démarche va à l’inverse, dans l’esprit Finissimo : nous recherchons l’extrême finesse. Il s’agissait donc dans ce cas de trouver des solutions techniques et micromécaniques permettant de loger ce mouvement et ses fonctions complexes dans un volume très restreint. Cela présuppose de trouver des solutions d’ordonnancement et de redimensionnement des composants. Pour vous donner une autre idée du niveau de précision dont nous parlons, les jauges pour le montage manuel de nos mouvements vont jusqu’à l’échelle du micron, quand l’épaisseur d’un cheveu est de 50 microns !

La production horlogère a baissé de 22 % durant la crise sanitaire, contre 2 % pour la joaillerie. Pourquoi Bulgari développe-t-elle le secteur de l’horlogerie ?

Nous osons le renouveau, l’originalité. Cela plaît. Il n’y a dès lors aucune raison de ne pas « pousser », d’autant que la demande – et les ventes – sont là.

Quelles mutations observez-vous sur ce secteur ? Quel marché est le plus dynamique ? Quel profil ?

La Covid est en train de modifier en profondeur le marché et l’industrie. Parmi les gagnants de la crise, on trouve deux catégories de Maisons : d’un côté un pool de grandes marques qui trustent l’attention et les ventes ; de l’autre l’émergence de nombreuses marques dites de niche et de créateurs proposant des produits à forte valeur ajoutée. Sur le front des marchés, l’Asie (Chine, Japon, Corée) reste évidemment un moteur essentiel ; mais nous constatons que l’Amérique du Nord a retrouvé une forte dynamique. La clientèle change également et chaque marque cherche à séduire une clientèle plus jeune par une offre adéquate.

bulgari.com

Lire aussi : Bulgari, no time, no fear

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