Bourse de Commerce : François Pinault is back !

Après plusieurs années de travaux et des mois d’abstinence culturelle, la Bourse de Commerce signée François Pinault ouvre enfin ses portes le 22 mai.

Raphaël Turcat

Il avait tourné les talons, lassé – et vexé – par les obstacles que rencontrait son projet sur l’île Seguin à Boulogne. Parti installer sa collection au Palazzo Grassi et à la Punta della Dogana à Venise, François Pinault, en Breton têtu, revient à Paris par la grande porte.

Bâtiment emblématique

« Venise n’était qu’une première étape, explique aujourd’hui l’homme d’affaires et grand collectionneur. Lorsque la maire de Paris, Anne Hidalgo, m’a proposé en 2015 de m’intéresser à la Bourse de Commerce, je n’ai pas hésité une seconde. Non seulement ma collection trouvait un écrin admirablement situé au cœur de la capitale, mais son installation à Paris donnait une nouvelle destination à un bâtiment emblématique, témoin de plusieurs siècles d’architecture parisienne. »

Ce bâtiment, c’est la Bourse de Commerce, édifice circulaire, halle aux blés à la fin du XVIIIe siècle puis, après un violent incendie en 1854, chambre de commerce puis bourse de commerce et enfin chambre de commerce et d’industrie de Paris. Tout cela manque un peu de glam ? C’est du moins ce que pensent les Parisiens qui passent depuis des années devant ce cylindre sans vraiment le remarquer malgré ses courbes majestueuses, sa colonne, édifiée au XVIe siècle pour l’hôtel de Catherine de Médicis, et son impressionnante coupole de métal et de verre (1812).

Michel et Sébastien Bras à la tête du restaurant

La suite devrait réparer cette injustice : malgré une programmation encore tenue secrète, la Bourse de Commerce – Pinault collection affole déjà les compteurs. D’abord par l’ampleur des travaux effectués.

En plus d’être têtu, le Breton est fidèle : l’architecte Tadao Ando, déjà à l’œuvre pour les bâtiments vénitiens, s’est chargé de la rénovation et de la transformation du bâtiment. L’agence NeM, conceptrice de la résidence d’artistes de la Collection Pinault à Lens, est également venue apporter son talent. Jean-Jacques Aillagon, au pilotage du réaménagement du Palazzo Grassi puis de la Punta della Dogana, a remis le couvert pour le bâtiment parisien.

Martin Bethenod, commissaire de trois expositions hors les murs de la Collection Pinault, apportera son savoir-faire à la programmation. Les designers Ronan et Erwan Bouroullec ont conçu le mobilier du bâtiment. Quant au restaurant, baptisé la Halle aux Grains, il a été confié aux chefs aveyronnais Michel et Sébastien Bras.

Dialogue vivant entre nouveau et ancien

Tadao Ando explique l’idée de départ : « Il s’agissait de régénérer le monument historique : honorer la mémoire de la ville inscrite dans ses murs et, à l’intérieur, placer une autre structure, sur le modèle d’un emboîtement gigogne. Une composition instaurant un dialogue vivant entre le nouveau et l’ancien, créant un espace plein de vie comme doit l’être un lieu dédié à l’art contemporain. »

Impressionnant, le résultat va plonger le visiteur dans un cylindre de béton, du rez-de-chaussée au deuxième étage, de neuf mètres de haut et trente mètres de diamètre, baigné par la lumière zénithale. Entre le mur extérieur du cylindre et le mur intérieur, les escaliers desservent les différents niveaux, dont le deuxième étage où une coursive offre un point de vue sur la verrière et le décor, peint en 1889 par cinq artistes et représentant le commerce français à travers les continents. À couper le souffle.

10 000 œuvres d’art contemporain

On en oublierait presque que la nouvelle Bourse de Commerce est un musée d’art contemporain, riche de la collection de François Pinault, soit 10 000 œuvres couvrant la période des années 1960 à aujourd’hui. Notre boule de cristal nous dit que l’exposition inaugurale, intitulée « Ouverture », regroupera les artistes majeurs que le magnat breton collectionne depuis une quarantaine d’années.

En attendant l’ouverture des portes le 22 mai, les impatients auront pu se rendre à la toute proche église Saint-Eustache où Passage into Night, une installation vidéo de Bill Viola prêtée par la Collection Pinault, a été exposée jusqu’à début avril. Elle fait référence aux quarante jours de jeûne et de tentation du Christ dans le désert de Judée. En espérant que le carême culturel qui nous est imposé ne dure pas toute l’année 2021.

Bourse de Commerce, 2 rue de Viarmes, 75001 Paris.

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