Clarins, pionnière de la beauté responsable

Depuis plus d’un demi-siècle, la Maison Clarins mise sur les plantes pour créer ses produits de beauté et rendre les femmes plus belles. Entretien avec Christian Courtin-Clarins, président du conseil de surveillance.

 

L’histoire de Clarins a-t-elle toujours été résolument verte ?

Oui, Clarins est née dans et avec les plantes. Mon père croyait à leur pouvoir, leur efficacité. Il avait créé six huiles, dont la fameuse huile tonique et l’huile d’orchidée bleue. Ensuite, dans les années 80, un nouveau mot est né : la « biodiversité ». Nous nous sommes aperçus que la position de Clarins ne devait pas seulement être de protéger cette biodiversité́, mais aussi de la recréer partout où elle avait disparu.

À titre personnel, quand avez-vous eu le déclic écolo ?

Petit, j’étais bercé par l’amour de mon père pour la nature. Il m’emmenait très souvent au Jardin des Plantes. Puis j’ai fait ma première exposition sur le biomimétisme, où je me suis rendu compte que l’on pouvait imiter les techniques de la nature et s’en inspirer pour l’appliquer à l’Homme. Plus tard, en 1985, j’ai eu le déclic écolo à la naissance de ma fille Virginie. En tant que papa, je me suis dit : « Qu’est-ce que je vais lui donner à manger ? Est-ce qu’elle va pouvoir nager dans la mer sans être au milieu du plastique ? » Je considère que j’ai une responsabilité́ vis-à-vis des enfants.

Quelle définition donneriez-vous du développement durable ?

C’est unéquilibre fragile entre un tiers écologie, je protège la nature, un tiers sociétal, je crée du travail, et un tiers économique, je rémunère au juste prix. Si l’un de ces maillons manque, ça ne fonctionne pas. Par exemple, si on dit « la voiture, ça pollue, arrêtons de fabriquer des voitures », on met alors 400 millions d’individus sur Terre au chômage, ce n’est pas
« durable ». Moi, j’ai posé le pied dans 130 pays, je passe mon temps dans les avions, je n’ai pas envie d’y aller en bateau à voiles non plus !

Quelles sont les actions pour la préservation de l’environnement que vous menez en ce moment ?

Actuellement, nous cherchons à protéger la nature, autrement dit l’avenir de nos enfants. On se consacre à l’énergie propre à travers le projet Solar Impulse. En 2025, les premiers avions hybrides voleront. On a mené beaucoup d’actions liées à l’air, mais aussi à l’eau avec Plastic Odyssey, qui a permis de mettre au point un système pour recycler les plastiques un peu partout sur la planète. Notre objectif, c’est d’essayer de recréer de la biodiversité. Pour cela, on a travaillé́ avec une agricultrice pour planter 2 000 arbres de différentes espèces. Et puis, on a le Domaine Clarins, dans les Alpes, où l’on pratique la permaculture, qui s’inspire de l’écologie naturelle et prend en considération la biodiversité de chaque écosystème.

Nous savons que la mer est un sujet qui vous touche particulièrement.

Oui. Dernièrement, on a travaillé́ à la protection des coraux avec la ville de Monaco. Grâce à cela, on a créé des produits solaires qui ne soient pas néfastes pour ces organismes vivants.

À quels problèmes devez-vous faire face depuis cette prise de conscience ?

Celui lié aux conservateurs, par exemple. Il y a beaucoup de controverses autour d’eux. On essaye d’avoir les meilleures matières premières naturelles à mettre dans nos crèmes à l’eau. Le hic, c’est que, lorsque vous utilisez de l’eau, les bactéries prolifèrent, donc il faut trouver les moyens d’assurer correctement la conservation des produits.

La dernière fois que vous avez été́ ébloui par la nature ?

Au printemps. C’est la saison qui m’émerveille le plus, tout se réveille dans la nature, mais j’adore aussi l’automne pour ses couleurs.

Rêvez-vous d’un monde 100 % bio ?

Évidemment, mais on est sept milliards sur la planète, et il faut nourrir tout le monde… C’est compliqué, surtout sans gâchis.

À quoi ressemble votre monde parfait ?

Ce serait un monde où on réussirait à stabiliser la population mondiale, ce qui permettrait de préserver l’ensemble de la nature.

Pouvez-vous partager avec nos lecteurs une adresse secrète pour se mettre au vert ?

Le square du Vert-Galant sous le Pont Neuf, à Paris, où j’ai passé ma petite enfance.

À quelle éventuelle proposition gouvernementale donneriez-vous votre feu vert immédiatement ?

Inciter fiscalement les entreprises qui prennent des décisions pour protéger l’environnement.

Au sein de votre entreprise, qu’est-ce qui vous rend encore vert de rage ?

L’envers du bon sens.

Quelle est la citation qui vous touche particulièrement ?

J’ai fait mienne la phrase d’Antoine de Saint-Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. » Je l’utilise tout le temps, pour pousser mes amis et mes parents à réfléchir vert.

Qu’avez-vous fondamentalement changé ces dernières années dans vos gestes du quotidien ?

Avant, je protégeais la nature. Aujourd’hui, je me tourne vers une autre philosophie : tout faire pour redonner naissance à la biodiversité.

Que pensez-vous de l’appli Yuka qui nous aide, grâce au scan, à mieux connaître et analyser les produits cosmétiques et d’hygiène ?

Du bien, mais elle n’est pas assez fondée sur des données scientifiques et toxicologiques. On se cache trop derrière le principe de précaution, qui n’aide pas la vraie recherche.

 

 

 

Clarins en quelques chiffres

1954 : création de Clarins par Jacques Courtin-Clarins.

1964 : lancement des huiles « 100 % extraits de plantes », emblématiques de la marque et toujours sur le marché.

1985 : naissance de Virginie, fille de Christian, qui marque le début des engagements écolo du Groupe.

1999 : Clarins stoppe l’utilisation des sacs plastiques.

2004 : partenariat pérenne avec l’ethnobotaniste Jean-Pierre Nicolas et soutien de l’association Jardins du Monde pour préserver la nature et transmettre les savoirs ancestraux.

2017 : acquisition du Domaine Clarins, laboratoire à ciel ouvert de la
« philosophie des plantes » signée Clarins.

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