Comment LVMH protège la planète

Avec son programme LIFE 360, le champion mondial du luxe affiche ses ambitions en faveur de l’environnement. La nouvelle boussole environnementale du Groupe pour les dix années à venir stimule la créativité de ses 75 Maisons.

Tristan François

« Notre objectif est très clair : rendre à la nature ce que nous lui empruntons. » Ces mots forts ont été prononcés le 24 mars dernier à l’UNESCO par Antoine Arnault à l’occasion du forum d’idées Notre planète, notre futur. Le directeur Image et environnement du groupe LVMH intervenait pour annoncer le renforcement du partenariat entre le leader mondial du luxe et l’organisation internationale dirigée par la Française Audrey Azoulay.

LVMH est partenaire de longue date avec l’UNESCO et pour au moins encore cinq années, mais cette action pour la planète est loin d’être la seule. La protection de la biodiversité constitue l’un des piliers du programme LIFE 360 (LIFE pour LVMH Initiatives For the Environment) qui l’engage sur plusieurs fronts en faveur de l’environnement.

« Le groupe LVMH – et cela tient au fait que nous sommes une entreprise familiale – a toujours privilégié le long terme, l’intérêt des générations à venir, en veillant à ce que le présent ne compromette pas le futur, explique Antoine Arnault. Nous parlons souvent de patrimoine culturel, il faut que nous parlions aussi de patrimoine environnemental ! C’est d’ailleurs comme cela que nous définissons nos métiers : une véritable alliance entre le savoir-faire, la créativité d’une part, et la nature d’autre part, sans que l’un ne domine l’autre.» Des propos qui rappellent à quel point l’action pour le développement durable contribue désormais au succès du groupe.

Bilan positif

Le programme LIFE 360 a été rendu public un peu plus tard, le 15 avril, lors d’un rendez-vous stratégique, l’assemblée générale du groupe. Signe que les marchés financiers attachent une très grande importance à la qualité et à l’intensité des objectifs fixés dans ce domaine. Les entreprises vertueuses sont les mieux notées.

LIFE 360 est issu de plusieurs travaux préparatoires pilotés par Hélène Valade, Directrice du Développement Environnement de LVMH. La première étape a été de dresser le bilan du programme précédent, LIFE, qui s’est achevé fin 2020.

Un bilan positif. La plupart des objectifs ont été atteints, notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à la consommation énergétique des sites et des boutiques ainsi que la maîtrise de l’impact environnemental des principales filières d’approvisionnement. Ces études ont néanmoins identifié des marges de progrès en matière de régénération de la biodiversité́, de circularité́ des produits, de réduction des émissions (transport, matières premières).

Ensuite, la mesure de l’empreinte carbone, eau et biodiversité́ du Groupe réalisée en 2020 a permis de fixer les enjeux les plus matériels de la démarche. Enfin, un travail de dialogue a été initié avec les 75 Maisons, des groupes d’étudiants et de jeunes collaborateurs ainsi qu’avec le comité́ scientifique de LVMH. C’est sur la base de ces travaux que LIFE 360 a défini des objectifs à l’horizon 2023, 2026 et 2030. Ils se déclinent en quatre plans d’action stratégiques.

1. Développer la circularité créative

Avec LIFE 360, le Groupe LVMH affirme sa volonté de mettre sa créativité au service de l’excellence environnementale des produits créés par ses Maisons et de leur packaging : d’ici 2030, 100 % des nouveaux produits seront le fruit d’une démarche d’écoconception, avec une empreinte environnementale maîtrisée, de l’extraction des matières utilisées jusqu’à leur transformation. Issus de l’agriculture régénératrice, composés d’ingrédients naturels, de fibres recyclées ou biosourcées, les produits visent l’excellence environnementale et sont conçus en harmonie avec la nature.

Toutes les activités sont concernées. Dans la mode et maroquinerie, Fendi a mené une telle démarche pour ses sacs iconiques, Baguette et Peekaboo, qui s’est traduite par le motif Zucca de la Maison tissé à partir de polyester recyclé et de coton durable. Les Maisons Louis Vuitton, Dior, Kenzo, Loewe et Patou systématisent, elles aussi, les démarches d’écoconception et promeuvent des matières responsables dans leurs collections, qu’il s’agisse de denim ou de cuir.

De leur côté, les Maisons de parfums et cosmétiques concentrent leurs efforts sur la naturalité des ingrédients. Pour Colonia Futura, son premier produit entièrement écoconçu, Acqua di Parma a utilisé 100 % d’ingrédients naturels et certifiés ISO 16128, norme qui s’applique aux cosmétiques bio. Les Maisons s’appuient sur l’IFE (Index Formulation Eco-conceived) établi à l’aide de six critères, dont la naturalité de l’origine des ingrédients ou encore la traçabilité des matières premières.

Solutions innovantes pour de nouveaux matériaux

La recherche de nouvelles matières est également un levier puissant. LVMH accompagne ses Maisons en proposant des formations dispensées par l’Académie de l’Environnement du Groupe ou en mettant à disposition des outils dédiés. Ainsi, la matériauthèque en ligne Matières à Penser a répertorié en 2020 près de 500 matières écoresponsables et adaptées au secteur du luxe.

Certaines Maisons s’associent avec des entreprises spécialisées innovantes pour créer de nouveaux matériaux. Guerlain travaille ainsi avec une start-up spécialisée dans la création de nouveaux matériaux composés au moins à 70 % de matière naturelle. Stella McCartney collabore avec Evrnu, qui a inventé un nouveau type de fibre artificielle fabriquée à partir de vêtements mis au rebut. Car l’écoconception est aussi un booster de jeunesse : elle facilite la seconde vie, et donc le réemploi, la réutilisation ou l’upcycling.

Parallèlement, le recours au don et au recyclage limite le gaspillage. Par exemple, Fendi, qui a fortement activé en Italie ses projets d’économie circulaire en 2020, fait don d’uniformes, de cuirs et de tissus en rouleau à des associations. La marque réutilise ses emballages et ses produits (dix tonnes de cintres) ou recycle des matières de pièces métalliques, de prêt-à-porter de laine, soie, coton, denim et de pièces de maroquinerie grâce à des partenariats avec différents prestataires.

En France, Louis Vuitton, les Maisons de parfums et cosmétiques et Sephora collaborent avec CEDRE (Centre Environnemental de Déconditionnement et Recyclage Écologique) pour trier, déconstruire et recycler leurs produits obsolètes et invendus.

Objectif zéro plastique vierge

Dans ce contexte, le travail sur les packagings est un enjeu majeur. LVMH met la barre haut avec un objectif de zéro plastique vierge en 2026. Comme pour les produits, l’idée dominante est de généraliser l’écoconception. D’ici à 2030, l’ensemble des emballages devront être recyclables et contenir plus de 70 % de matières recyclées (plastique, verre ou papier/carton). Aussi souvent que possible, les matériaux couramment utilisés seront remplacés par des alternatives issues du recyclage ou de l’innovation. La réduction du poids et du volume sera privilégiée.

Ainsi, dans son nouveau fond de teint lancé en 2022, Guerlain proposera moins de contenant et plus de contenu à encombrement égal. Depuis plusieurs années, Sephora conçoit ses emballages selon les principes des 4 « R » (Réduire, Réutiliser, Recycler, Repenser).

2. Garantir la traçabilité

Pour LVMH, tracer le devenir d’une matière de son origine à chaque étape de sa transformation est essentiel pour s’assurer du caractère responsable des pratiques. « La traçabilité, c’est absolument crucial et, en même temps, extrêmement complexe », note Hélène Valade. « Cela veut dire avoir une vision de la responsabilité sur toute la chaîne de valeur de nos matières premières, du champ à la boutique. Avec le recours à des technologies blockchain, nous allons parfaire cette traçabilité. »

L’entreprise poursuit donc activement sa politique de certification des filières et travaille sur l’entièreté des chaînes d’approvisionnement. Objectif : d’ici 2030, 100 % des chaînes d’approvisionnement stratégiques seront dotées d’un système de traçabilité dédié. L’intégration des activités d’élevage et de tannage, notamment pour les cuirs précieux (alligator, crocodile, python…), sera accélérée, ce qui permettra d’avoir un levier direct sur la responsabilité des pratiques.

Enfin, la démarche de transparence vis-à-vis des clients du groupe va être généralisée : tous les nouveaux produits seront dotés d’un système d’information dédié en 2026. C’est un levier essentiel pour leur garantir l’excellence des pratiques.

3. Protéger la biodiversité

Les activités de LVMH n’existeraient pas sans élevage ni culture du raisin ou d’autres espèces végétales. D’où l’importance de la certification des filières d’approvisionnement prenant en compte les enjeux de la préservation de la biodiversité.

Exemple : le taux de cuir du groupe provenant de tanneries certifiées Leather Working Group est passé de 25 % en 2013 à 74 % en 2020. De même, la part du coton durable acheté par les Maisons est passée de 2 % en 2013 à 51 % en 2020.

Dans sa feuille de route LIFE 360, le groupe réaffirme ses engagements en matière de bien-être animal. La question de l’approvisionnement de la fourrure, du cuir, du cuir exotique, de la laine et des plumes est centrale en insistant sur la traçabilité des chaînes d’approvisionnement, les conditions d’élevage et de piégeage des animaux et le respect des populations locales.

Les Maisons de parfums et cosmétiques déploient la certification UEBT (Union for Ethical BioTrade) qui garantit que les ingrédients sont sourcés selon des critères de transparence, de respect de la biodiversité et de pratiques sociales. Plusieurs Maisons, comme Guerlain et Fresh, ont débuté la certification de certains ingrédients.

Agriculture régénératrice

Ensemble, elles identifient les espèces végétales présentant un intérêt cosmétique tout en veillant à leur protection avec les acteurs locaux. Guerlain a ainsi multiplié les partenariats autour de l’orchidée de Chine, du vétiver d’Inde, du miel d’Ouessant, du santal d’Asie ou de la lavande du sud de la France.

Par ailleurs, LVMH privilégie l’agriculture régénératrice. D’abord, en pratiquant un zéro sourcing dans des zones à très fort risque de déforestation ou de désertification, tout en s’assurant que 100% des matières premières stratégiques sont certifiées selon les standards les plus exigeants en matière de préservation des écosystèmes et des ressources en eau d’ici 2026.

Ensuite, le Groupe vise une contribution nette positive sur la biodiversité, en limitant l’impact de son activité sur les écosystèmes et en aidant à réhabiliter cinq millions d’hectares d’habitat pour la faune et la flore d’ici à 2030.

4. Agir pour le climat

Comparativement, l’empreinte carbone globale de LVMH est faible. Elle équivaut à 4,8 millions de tonnes équivalent CO2. L’objectif est d’agir sur les achats des matières premières et le packaging ainsi que sur le transport amont et aval des marchandises.

Le groupe de luxe a l’ambition d’avoir une trajectoire carbone compatible avec l’accord de Paris : d’une part en réduisant de 50% les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la consommation énergétique des sites et des boutiques d’ici 2026 (par rapport à 2019), grâce à une politique de 100 % d’énergie renouvelable bas carbone. « C’est le levier essentiel et structurant pour atteindre cet objectif ambitieux », appuie Hélène Valade.

D’autre part en baissant ou en évitant les émissions de GES du Scope 3 (matières premières et transport) de 55 % par unité de valeur ajoutée d’ici 2030. Exemple d’action engagée : Hennessy, qui exporte 99 % de sa production de cognac, a ouvert une voie de ferroutage vers Le Havre et s’apprête à utiliser des cargos à voile.

Comme le note Hélène Valade, « les leviers existent, notamment dans le domaine des transports en privilégiant le maritime à l’avion, mais le développement de l’économie circulaire dans le Groupe y contribuera également : le recyclage d’un certain nombre de matières permettra de réduire drastiquement les émissions de CO2.» La boucle est bouclée.

Lire aussi : Comment LVMH se mobilise pour l’environnement

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