Dans l’intimité de… Stéphane De Groodt

Après La Dégustation, Molière de la meilleure comédie 2019, Un amour de jeunesse, la nouvelle pièce écrite et mise en scène par Ivan Calbérac, triomphe au théâtre de la Renaissance. Aux côtés d’Isabelle Gélinas, Stéphane De Groodt nous parle du décalage entre la personne qu’on rêve d’être à 20 ans et celle qu’on devient des années plus tard. Rencontre.

 

Olivia de Buhren

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Qui êtes-vous, Stéphane De Groodt ?

Je ne sais pas. Je passe mon temps à essayer de me découvrir à travers tout ce que je fais. Je me confronte à ce que je suis ou ce que je deviens ou ce que j’étais. Je suis aussi ce que je suis par rapport aux autres. Pour vous dire que je suis ce que les autres veulent bien que je sois, la dédicace de mon premier livre était adressée aux femmes justement : à ma mère qui a fait de moi un fils, à ma femme qui a fait de moi un mari, à mes filles qui ont fait de moi un père, à toutes ces femmes qui ont fait de moi un homme.

C’est amusant que vous ne vous définissiez pas comme un artiste ?

Non, parce que, déjà, je n’aime pas les casquettes. Souvent, on me dit que je suis un humoriste. Je réponds que ce n’est pas parce que je fais rire quelqu’un que je suis humoriste. Ce n’est pas parce que je fais de la cuisine que je suis un cuisinier, ce n’est pas parce que je fais de la musique que je suis un maestro.

Que faisiez-vous à vingt ans ?

Je rêvais d’être quelqu’un. Je commençais ma carrière de pilote et je faisais la cuisine, enfin surtout des pâtes que je vendais dans des restaurants.

De quoi rêviez-vous à cette époque ?

Je rêvais d’aller sur la Lune pour voir ce qu’il se passe sur la Terre. Je voulais être cosmonaute puis, plus tard, pilote de course et comédien.

Qu’avez-vous fait comme études ?

Rien. Je n’ai même pas le brevet. J’ai redoublé la cinquième, redoublé la quatrième, triplé la troisième. Donc, après ces brillants échecs, je me suis arrêté là !

Quels sont vos souvenirs de ces années-là ?

Aucun. Je n’avais pas d’amis. J’étais complètement en marge. J’étais gros, je n’avais pas le niveau pour faire des études.

Qu’écoutiez-vous comme musique ?

J’écoutais la musique de mes deux frères, parce que je pensais que c’était celle qu’il fallait que j’écoute. Je me souviens de Bruce Springsteen.

Aviez-vous des posters dans votre chambre ?

Non. Le seul truc que j’ai eu, c’était des images de pilotes de Formule 1 dans mon classeur, à l’école.

Votre premier boulot ?

Pilote de course. C’était mon rêve.

Comment vous est venue cette passion pour le pilotage ?

Un jour, je vois l’accident de Formule 1 de Gilles Villeneuve, qui meurt dans une voiture en feu. Ça fait la une des journaux. Je suis très marqué et je me dis : moi aussi, je veux faire la une. Je veux être ce chevalier des temps modernes. Je veux être en danger. Je veux être pilote !

Comment le devenez-vous ?

J’ai fait une école de Formule 3 à La Châtre. C’est là que j’ai rencontré un Belge qui a gagné l’année d’avant le volant qui lui permet d’avoir une saison complète en F3. Il s’appelle Eric van de Poele. Il deviendra pilote de Formule 1 plus tard. J’ai de la chance, il me prend sous son aile. Il m’emmène partout où il va. J’ai 20 ans, je découvre l’envers du décor : trouver des sponsors, négocier et trouver « un volant ».

Et vous commencez à faire des courses ?

Je gagne une saison complète avec Renault. À la fin de l’année, je deviens champion. Ce jour-là, je deviens pilote de course professionnel. Je fais quinze ans de compétitions et je termine à l’antichambre de la F1, en Formule 3000.

Comment passez-vous du métier de pilote à celui d’artiste ?

Quand je rencontre Odile d’Oultremont, je l’amène sur une grille de départ. Elle n’est pas du tout de cet univers-là. Ça ne l’attire pas. Moi, j’avais envie de passer à autre chose, ça tombait bien.

Comment avez-vous appris votre métier de comédien ?

Je suis allé au cours Florent, à Paris. Je suis resté cinq heures. La théorie, ce n’est pas mon truc. À ce stage-là, j’ai rencontré un copain belge avec qui j’ai décidé de faire de l’impro. J’en ai fait pendant six ans et j’ai tout appris.

Comment vous êtes-vous fait remarquer ?

Avec la série File dans ta chambre, sur France 2, qui a beaucoup plu.

À ce moment-là, vous avez totalement laissé tomber le sport automobile ?

Oui, mais si, demain, on me propose de rouler, je roule. Je suis ambassadeur Renault, on réfléchit ensemble à différents projets.

Quelle est votre plus grande qualité ?

D’avoir conscience de mes défauts.

Quel est votre plus grand défaut ?

L’impatience.

Avez-vous des regrets dans la vie ?

Oui, je pense que je ne serais pas capable de refaire ce que j’ai fait. Aujourd’hui, je sais que la montagne est ardue, que la route est longue. J’ai eu beaucoup de chance, que j’ai provoquée, mais je ne suis pas certain qu’elle passe deux fois au même endroit…

Avez-vous des passions ?

Oui, je suis on ne peut plus vivant. J’aime le vin et les bons plats.

Comment en êtes-vous venu à l’écriture ?

J’ai toujours eu du mal à m’exprimer. Je suis très impatient. Il faut que ça aille vite. Je parle rapidement. Tout se bouscule dans ma tête alors que, quand j’écris, je peux me poser. Je traduis plus facilement ce que je pense.

On vous rapproche souvent de Raymond Devos ou Pierre Desproges, qu’en pensez-vous ?

Entre les deux, je me sens plus proche de Devos. Desproges est très drôle, mais il y a beaucoup de cynisme chez lui et moi, je ne suis pas cynique. Dans l’humour de Devos, il y a davantage d’ironie que de cynisme. C’est un artiste complet. Un musicien, un clown, un homme de scène. Moi, je ne suis pas capable d’être seul sur scène, je ne suis pas capable de jouer de la trompette ou de virevolter comme il le faisait. Donc, je me sens plus proche de quelqu’un qui joue avec les mots, comme Gainsbourg ou comme un jazzman.

Quel est votre Graal en humour ?

Ce ne sont pas des comiques qui me font le plus rire, mais plutôt des situations, des petits détails, le petit truc au second plan. Un film qui me fait mourir de rire pour ça, c’est celui de Woody Allen, Hollywood Ending (2002). L’histoire d’un réalisateur aveugle à qui on a décidé de donner une chance, mais il ne veut pas qu’on sache qu’il est aveugle, donc on assiste à un enchaînement de comique de situation.

Tour à tour auteur, humoriste, comédien… Où vous sentez-vous le mieux ?

Sur scène. Quand le public se marre aux éclats, je suis tellement heureux. En fait, tout ça, ce sont des montées d’adrénaline. Une première de théâtre avec le rideau qui se lève devant 600 personnes, c’est un feu qui passe du rouge au vert.

 

Un amour de jeunesse, mise en scène par Ivan Calbérac avec Stéphane De Groodt et Isabelle Gélinas au théâtre de la Renaissance jusqu’en juin 2020. heatredelarenaissance.com

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