L’écosystème Cannes On Air

Futur musée dédié au septième art, école d’acteurs, campus des métiers du cinéma, salles gigantesques… Déjà amoureuse du cinéma, la ville de Cannes est en train de créer une famille nombreuse pour devenir la capitale mondiale du grand écran. Revue des troupes.

Raphaël Turcat

Le tapis rouge ; les fêtes sur la plage ; les stars dans les palaces… Ça, c’est le décor cannois au moment du Festival. Mais l’envers est beaucoup plus fécond. Car Cannes, sous l’impulsion de son maire David Lisnard, également président de l’association des maires de France depuis 2021, respire le cinéma beaucoup plus que dix jours dans l’année. Et ça n’est pas près de s’arrêter. Pour fêter comme il se doit 75 années d’un amour qui dure, la cité azuréenne a déroulé un programme pour que le mariage dure à l’infini : Cannes On Air.

« Avec Cannes On Air, nous rassemblons des acteurs publics et privés afin de créer un écosystème relatif à l’économie créative autour de grands projets structurants », affirme David Lisnard, physique à la James Bond, qui énumère les jalons de Cannes On Air : « Le pôle universitaire de formation dédié aux métiers de l’écriture et de l’audiovisuel, CréÀCannes Lérins, cité d’entreprises spécialisées dans le numérique, le créatif et le spatial, le futur Musée international du cinéma… »

 
 
 
 
 
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Derrière l’énumération, le maire cannois dévoile des préoccupations que n’aurait pas reniées André Malraux : « C’est en permettant la plus large diffusion possible de l’art à travers une politique culturelle alliant offre et demande que nous donnerons à chacun les outils pour s’épanouir et s’extraire des déterminismes auxquels il peut être rattaché malgré lui. »

Transmettre à tout prix

Daniel Abadie, directeur de l’ERACM (École régionale d’acteurs de Cannes et Marseille), nichée dans la villa Baréty, approuve la filiation avec l’ancien ministre des Affaires culturelles de Charles de Gaulle. « Oui, David Lisnard a une vision de la culture proche de celle de Malraux : elle est un lien social à enseigner dès l’école. Et cette vision a été renforcée par l’annulation du Festival en 2020 en raison du covid ; sans cet événement mondial, Cannes n’est plus une ville de culture mais une ville de congrès. »

L’ERACM est une école nationale d’art dramatique très impliquée dans le tissu éducatif de la ville. D’un traumatisme, Daniel Abadie en a fait naître une certitude. « Lorsque j’étais en CM2, j’ai assisté à une pièce avec l’école. C’était tellement mauvais que j’ai longtemps développé une aversion pour le théâtre. De cette expérience, j’en ai forgé une conviction : pour passionner les jeunes, il faut de vrais formateurs. »

 
 
 
 
 
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Ainsi, l’école dont sont sortis Séphora Pondi (pensionnaire de la Comédie-Française), l’actrice Marie Dompnier ou Samuel Bodin (créateur et réalisateur de la série Marianne sur Netflix) se retrouve dopée par Cannes On Air : intervention des élèves dans une vingtaine de classes ; spectacles pour jeune public ; comités de lecture ; lecture de textes à haute voix… « Je dois former tous mes élèves à la transmission. C’est à la fois une entente avec la mairie et ma conviction profonde », ajoute le directeur.

Foison de projets

Cette louable vision des choses est loin d’être de la poudre aux yeux : on la retrouve dans tout le tissu culturel de la ville. « Cannes est une ville très active sur le plan culturel, la preuve : nous y consacrons 16 % du budget de fonctionnement de la ville, soit plus de 30 millions d’euros annuels », assure Maud Boissac, directrice des affaires culturelles et très fière d’œuvrer pour une des dix premières villes françaises ayant obtenu le label EAC (Éducation artistique et culturelle), qui distingue les collectivités engagées dans un projet d’éducation artistique et culturelle de qualité.

« Nous foisonnons de réalisations et de projets, continue-t-elle. Le Festival est un événement qui masque parfois les à-côtés du dynamisme de la ville : il y a la salle de cinéma Cineum, réalisée par Rudy Ricciotti ; le Campus Georges Méliès à La Bocca ; l’implantation de près de 80 entreprises dédiées au cinéma et à l’audiovisuel ; le Musée International du Cinéma prévu en 2028 ; une ouverture sur la musique avec Les Plages électroniques ; sur la littérature avec les Rencontres littéraires, le Marché du Film, Canneséries… L’audiovisuel est au cœur d’une stratégie globale de croissance que nous regroupons sous l’appellation Cannes On Air pour faire de la ville la capitale européenne des métiers de l’écriture et de la créativité. » Budget de l’opération ? 500 millions d’euros d’investissements, publics et privés.

Un futur quartier dédié au ciné

Avec des associations comme Cannes Cinéma, qui multiplie les grands rendez-vous tout au long de l’année (Canneséries ; Cannes Cinéphiles ; Cannes Écrans Juniors ; Semaine du Cinéma Italien ; Rencontres cinématographiques…), Cannes ne s’arrête jamais de tourner.

 
 
 
 
 
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Pour ceux qui en doutent encore, il faut pousser à l’ouest de la ville pour découvrir le terrain de six hectares qui accueillera en 2027 un complexe dédié aux métiers de l’économie créative et porté par le Groupe Novelty, poids lourd de la prestation événementielle : résidence universitaire sur pilotis ; salle de spectacle ; hôtel ; plateaux de tournage ; bureaux pour les sociétés de production…

En 2025, l’extension du Palais des Festivals sera achevée. Une hyperactivité récompensée par l’UNESCO, qui a intégré en 2021 Cannes dans le « Réseau des villes créatives » au sein de la catégorie « cinéma ». Une première pour une commune française.

Lire aussi : Le grand retour du Festival de Cannes

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