Élodie Bouchez, touchante et déterminée

Après les récents films Guy d’Alex Lutz et Hibou de Ramzy Bedia, où elle était cachée sous un costume de Panda, Élodie illumine l’écran dans Pupille de Jeanne Herry, l’histoire bouleversante d’une femme qui se bat pour adopter un enfant. Nommée aux César, elle s’est confiée à Infrarouge sur cette magnifique expérience.

 

Olivia de Buhren

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Olivia de Buhren : Avez-vous déjà été confrontée au sujet de l’adoption ?

Élodie Bouchez : Non, jamais, mais nous connaissons tous dans nos familles, chez nos amis, des personnes qui ont adopté ou ont été adoptées. C’est un sujet à la fois lointain et proche de nous. Mais je pense que, tant que cela ne nous touche pas au plus profond de nous-mêmes, il est difficile de se projeter entièrement dans ce qu’est réellement le parcours de l’adoption.

OdB : Justement, comment avez-vous travaillé votre rôle ?

EB : Avec Jeanne Herry, la réalisatrice, j’ai abordé tout l’itinéraire personnel du personnage. J’ai beaucoup pensé aux différentes couleurs émotionnelles qu’elle traversait. Je voulais être juste et précise. Le plus important était d’être dans la retenue, le réel et l’instant présent.

OdB : Avez-vous rencontré des femmes qui ont eu le même parcours que votre personnage ?

EB : Non, et ce n’était pas important pour moi. L’idée de telles rencontres n’a jamais été évoquée avec Jeanne dans le cadre du travail de préparation. Pour moi, il s’agissait avant tout de devenir mon personnage, sans essayer de me calquer sur quelqu’un en particulier.

OdB : Qu’avez-vous aimé à la première lecture du scénario ?

EB : Lorsque je l’ai lu pour la première fois, j’ai été soufflée par la qualité de l’écriture. Un véritable ballet se met en place autour du destin de cet enfant. Tout était là, il n’y avait plus qu’à incarner les différents protagonistes. Pour un acteur, c’est un grand luxe de pouvoir travailler sur un « support » d’aussi grande qualité. Et puis, dès la lecture du scénario, j’ai compris que le film serait profondément humain, qu’il raconterait nos failles, nos espoirs, nos difficultés et nos joies.

OdB : Alice, la jeune femme que vous incarnez, a une très forte personnalité. Que partagez-vous avec elle ?

EB : Alice a connu un parcours cabossé. Elle a un désir d’enfant et éprouve comme une terrible douleur le fait de ne pas pouvoir en avoir un. La vie et ses surprises, bonnes ou mauvaises, vont faire d’elle une personne psychologiquement prête à adopter. Elle avance dans son parcours comme un bon petit soldat, avec ses défaillances, et, malgré tout, sa lumière ne la quitte pas. Je ne sais jamais ce que je partage vraiment avec mes rôles. Donner son corps, sa voix, sa vibration à un personnage au cinéma est une chose très complexe et indicible. Ça ne m’intéresse pas de tout savoir, de tout comprendre. Il y a une part de ce travail qui doit rester de l’ordre du mystère.

OdB : Avez-vous la même force émotive qu’Alice ?

EB : Comme tout le monde, j’avance avec ce que la vie me donne et j’essaie de gérer au mieux. Le personnage d’Alice est beau car, malgré les moments les plus sombres, elle conserve sa force. J’essaie de faire comme elle.

OdB : Quelle scène a été la plus difficile à jouer ?

EB : Il n’y a pas eu de scène plus difficile à jouer qu’une autre, vu la construction du film et le fait qu’Alice apparaît de manière fragmentée. Il s’agissait de ne rater aucun rendez-vous, d’être pleinement présente à chaque moment où elle apparaît. Les enjeux étaient forts à chaque scène et il fallait être à la hauteur. J’étais extrêmement concentrée tout au long du tournage, je passais chaque scène comme un obstacle qui allait en précéder un autre.

OdB : Est-ce difficile pour une actrice de se mettre à nu ?

EB : Tout dépend du matériel qu’on a à sa disposition. Ce rôle me l’a permis, en tout cas c’est comme ça que je l’ai abordé. Je pense que j’avais cela dans un coin de ma tête sans pour autant avoir de méthode pour y arriver. Maintenant, lorsque je vois le film, je réalise que c’est comme si j’avais enlevé une couche de peau et que j’avais laissé voir à travers moi. Dans ce film, il est question d’une grande humanité et, pour la raconter, oui, il faut se mettre à nu. Chaque acteur le fait à sa manière.

OdB : Jouer avec un bébé doit être une expérience incroyable ?

EB : D’habitude, jouer avec des enfants, d’autant plus des nourrissons, ce n’est jamais très agréable, c’est même plutôt contraignant. Mais là, nous avons eu une chance inouïe avec les trois enfants qui jouent Théo à trois âges différents. Ils étaient formidables et heureux d’être avec nous. Le dispositif autour d’eux avait été pensé bien en amont, chaque jour le plateau était organisé au mieux pour les accueillir. J’ai passé de très bons moments auprès du bébé avec lequel j’ai joué, il avait quelque chose d’extrêmement vivant et joyeux, le feeling passait à merveille. C’était un super partenaire.

OdB : Est-ce que ce film vous a rappelé des souvenirs liés à vos propres enfants ?

EB : Je n’ai pas du tout fait appel ou pensé à mon expérience personnelle lorsque je jouais, car la situation que vit cette femme est très différente de la mienne. Ça ne sollicite pas les mêmes émotions du tout.

OdB : Vous êtes nommée pour le César de la meilleure actrice grâce à votre rôle dans Pupille. Avez-vous été surprise ?

EB : La sélection aux César est une très belle récompense. Je suis fière d’y être nommée pour un rôle et un film aussi beaux. Je suis également très heureuse pour Guy d’Alex Lutz, qui est une véritable pépite [nommé plusieurs fois, dont le César du meilleur film et celui de la meilleure réalisation].

OdB : Lorsque vous étiez petite, rêviez-vous d’être actrice ?

EB : Oui, j’ai toujours voulu être actrice, c’était quelque chose que je portais en moi et qui ne m’a jamais quittée.

OdB : Quel a été votre parcours pour y arriver ?

EB : Je pense que j’y suis arrivée par la force du rêve et de la pensée. Je me suis fait repérer grâce à la danse tout d’abord. J’ai passé des castings pour des pubs et des photos, puis pour des films. À 16 ans, j’ai enfin décroché mon premier rôle, le dernier long métrage réalisé par Serge Gainsbourg.

OdB : C’est quoi une actrice selon vous ?

EB : Une actrice, c’est quelqu’un qui sait être disponible totalement pour un rôle et un metteur en scène.

OdB : Quelles sont les qualités essentielles ?

EB : Une actrice doit avoir une capacité d’empathie, une faculté à s’abandonner, et aussi quelque chose que l’on ne peut pas fabriquer ou contrôler. De la grâce, peut-être.

OdB : Qu’est-ce que vous aimez et qu’est-ce que vous n’aimez pas dans votre métier ?

EB : Le métier d’acteur est riche de contrastes et de contradictions, il peut offrir de grandes satisfactions et de grandes frustrations aussi, comme la vie. Personnellement, ce que j’aime par-dessus tout dans mon travail, c’est de créer des choses avec des gens, de construire un film, une pièce, de manière totalement collective. Oui, c’est ce qui me réjouit le plus.

OdB : Vous avez tourné devant la caméra de réalisateurs très différents, de Quentin Dupieux à Abdellatif Kechiche en passant par Jean-Marc Barr. Comment choisissez-vous vos rôles ?

EB : Je les choisis à l’instinct, selon mes désirs et mes envies, mais, la plupart du temps, j’aime être impressionnée par l’écriture ou la personnalité d’un metteur en scène. Quelle que soit l’importance du rôle que j’ai dedans, je choisis avant tout de participer à un film parce que, en tant que spectateur, j’aurais envie d’aller le voir au cinéma. C’est ce qui a été le cas pour des films que j’adore comme Guy, Hibou ou Réalité.

OdB : On a l’impression que vous jouez ce que vous aimez, sans chercher particulièrement à être placée dans la lumière. Je pense notamment au film Hibou de Ramzy Bedia. Avez-vous un plan de carrière ?

EB : Non, je n’ai pas de plan de carrière, si ce n’est celui d’être fière des films que je fais. Être raccord avec mes goûts de spectatrice.

OdB : Il y a une forme de mystère autour de vous. Est-ce que vous l’entretenez ?

EB : La question du mystère et le fait de l’entretenir ou non m’échappent totalement, je ne fais que ce qui me plaît, en accord avec qui je suis et la vie que je veux avoir.

OdB : Après ce film, quelle est votre actualité ?

EB : Du théâtre, essentiellement. À partir du 26 mars, je jouerai au Théâtre de la Ville, à l’Espace Cardin, dans Les Sorcières de Salem.

Les Sorcières de Salem, à l’Espace Cardin du Théâtre de la Ville, du 26 mars jusqu’au 19 avril 2019. theatredelaville-paris.com

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Pupille de Jeanne Herry, avec Élodie Bouchez, Gilles Lellouche et Sandrine Kiberlain.

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