Faut-il réimplanter le poil dans les petites culottes ?

Chaque mois, le professeur Goldsechs aborde un pan de la sexualité. Nouvelles tendances, pratiques inconnues, expériences étonnantes : tout est bon pour se libérer de ses mauvaises habitudes érotiques.

 

La chronique « olé olé » du professeur Goldsechs

Cest un sujet épineux – disons « touffu » : après le maillot brésilien, le ticket de métro ou le glabre total, faut-il passer à la toison fournie pour réveiller la bête sexuelle qui sommeille en nous, rhabiller tout cela d’un peu de mystère pour mieux le pénétrer ?
Dixit certains, « le poil, c’est sauvage et sexuel. Ça fait toute la différence entre une bête sexuelle comme moi et un animal de compagnie comme vous. » Car, s’il y en a pour tous les goûts, celui de la grande majorité est plutôt un fruit glabre passé sous les feux de l’épilation totale et définitive. Circulez, y’a rien à voir…

En avons-nous fait trop dans la chasse au poil pubien, quitte à vider la sexualité de toute substance créative en lui préférant un caractère lisse ? C’est ce que raconte avec humour ce dialogue entre un homme et une femme sans corps, dans une vidéo sur YouTube. Lui : « Ah, elles sont belles les femmes des années 2080. Avec votre épilation définitive, vous ne croyez pas être allées un peu trop loin ? Plus de peau, plus de poils. » Elle : « Tu devrais être content de ne plus en avoir entre les dents. T’as voulu que je ressemble à une actrice porno, et bien bingo coco. » Bingo coco. Plus de poil entre les dents, plus de poils au cul (le sillon interfessier est lui aussi touché), voici un corps de poupée gonflable au sexe de petite fille en droite ligne des codes porno, de l’hygiénisme rampant et de la soumission sexuelle. C’est en tout cas les causes qu’évoque Stéphane Rose, auteur du pamphlet Défense du poil (éditions La Musardine). Il y cite le travail de l’allemand Sebastian Kempa dont le site Naked People déshabille Monsieur Tout-le-Monde par effet de fading. Le hic, c’est que si la variété des corps nus existe, elle révèle l’uniformité des sexes, épilés dans leur quasi-majorité, hommes et femmes confondus. Tous pareils en simple appareil. Une ironie à l’ère de la personnalisation.

Ce petit abricot lisse serait-il donc le fond de culotte d’une société ultranormée, dégoûtée du cul qui sent et qui transpire ? Celle qui préfère le totalitarisme des corps glabres aux triangles foisonnants de L’Origine du monde (Courbet) ou de La Maja desnuda (Goya), qui confèrent à la femme une dimension sexuelle, du mystère et un pouvoir fantasmagorique. Oui, le poil, c’est l’anarchie et le plaisir – on en revient à l’éloge érotique pileux de Stéphane Rose, notre héros de la touffe. Son « plaidoyer pour la réimplantation des poils pubiens dans les petites culottes » met à mal toutes nos idées préconçues sur l’odeur et l’hygiène, en plus d’insister sur les
« sensations décuplées » qu’il génère pendant l’acte. « Le poil, par nature, est vecteur de sensation. Un sexe sans poil se focalisera sur l’excitation associée aux terminaisons nerveuses des lèvres et du clitoris. Un plaisir strictement génital. » Et Stéphane Rose de conclure : « Réhabiliter le poil, c’est donc aussi réhabiliter l’érotisme en le décentrant des organes génitaux. » En clair, y intégrer l’art du « doux frisson de la main qui survole la moquette intime », le spectacle visuel du vît pénétrant un sexe brun, blond ou roux et, enfin, le pouvoir odorifère de celui-ci sur la libido.

N’empêche, aussi fine que soit cette démonstration, on hésite toujours sur quoi faire de la moquette d’en bas. Option « Origine du monde » : risquer l’évanouissement de Monsieur, pas encore converti au sexe de Yéti, à la prochaine partie de jambes en l’air. Option « mouton de Panurge » (rasé) : rester dans les clous sans rien renier à l’épilation totale. Option « foufounista » : afficher sa sexualité épanouie en laissant souffler un léger vent de folie sous la géométrie parfaite de son slip (en V, en G façon Gucci, en palmier) selon les doctes conseils de la presse féminine. Par ici LA coupe du pubis qu’il vous faut, où pas grand-chose ne dépasse, si ce n’est le sentiment stupide d’échapper aux diktats. « Pour être libre, tu vas t’épiler comme ci comme ça, tu vas te mettre une plume dans le c… et là, tu seras “libre” », ironise Liliane Roudière, rédactrice en chef de Causette.

Alors, plume dans le c… ou poil à la ch… ? À vous de choisir.

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