Franck Mesnel

Alors que débute le Tournoi des VI Nations, retour sur l’international Franck Mesnel qui apporta provocation et fantaisie au french flair. Et qui fête aujourd’hui les trente ans de son enseigne Eden Park, la marque au mythique nœud rose.

Eric Valz

Le style Eden Park

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 Blouson en cuir velours – 745 euros  Chemise denim – 165 euros
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« Le kilt, ça gratte un peu mais c’est vivifiant. »

Franck MesnelPour un grand international français*, vous n’êtes pour ainsi dire jamais sorti de l’Ouest parisien : formé dans les Yvelines, puis ayant fait carrière au Racing Club de France. Cela préfigure-t-il une attitude, un style ?

Il est clair que la formation rugbystique que j’ai reçue a été très formatée sur le modèle anglo-saxon, que ce soit à Saint-Germain-en-Laye ou ensuite au Racing. J’ai effectivement et fatalement intégré cet ADN très construit sur les valeurs éducatives de ce sport. Notamment, une manière d’aborder la compétition au plus haut niveau qui prenait en compte les notions de style, d’élégance, jusqu’à ma manière de porter mon maillot de rugby, mon short, mes chaussettes et mes crampons.

Un sens inné du détail ?

Je préférais m’arrêter sur ces détails pour préparer mes matchs plutôt que de mettre un grand coup de tronche dans la porte des douches ou de m’enfiler des cotons imbibés de Synthol comme le faisait Laurent Bénézech [doping ?]. Je ne vous dis pas que dans quelques occasions délicates, je ne me suis pas frotté les épaules et « le casque » à ceux de mes partenaires, mais globalement je préférais garder mon enthousiasme pour le terrain.

Et le choix du Racing ?

Ce n’est pas non plus un hasard si j’ai choisi les jolies couleurs bleu ciel et blanc du Racing, aux dépens de nos voisins violets et amis Pucistes. Ces réflexes, qui appelaient aussi à l’art et à la manière, m’ont été enseignés sur les bancs des Beaux-Arts pendant six ans. J’ai donc appliqué ces harmonies à la première occasion venue !

Votre renommée et votre décontraction ont-elles apporté davantage au rugby ou à votre marque ?

J’espère un peu aux deux, car il s’agit d’une philosophie extrêmement productive. Au sein de l’équipe du Racing et avec mes coéquipiers, cela s’est avéré être une véritable signature, une méthode et un style de jeu basés sur de la prise de risque et les contre-attaques. Cette marque de fabrique, cette opposition entre la rigueur et une touche de fantaisie, ont également été un booster formidable et donc très légitime pour définir, avec une exactitude chirurgicale, le style et l’ADN tout à fait uniques de notre marque. Ces attributs lui permettent de revendiquer aujourd’hui une position de leader mondial dans son univers : le style de vie premium à la française.

Vous avez signé un accord de partenariat avec la Fédération anglaise de rugby à XV en 2010, vous habillez les équipes de France, du Pays de Galles et d’Irlande pour l’après-match… Vous n’aimez pas les kilts écossais ?

Si nous n’avons pas encore signé de partenariat avec l’équipe d’Écosse, je vous signale que nous avons en revanche d’authentiques kilts dans nos collections, réalisés avec un clan unique qui est le nôtre et avalisé par le fabricant écossais. Nous nous délectons à le porter dans la plus grande tradition : ça gratte un peu mais c’est vivifiant. Pour continuer sur l’élégance et la légitimité : avoir réussi à habiller l’équipe de sa Majesté la reine Elisabeth II, avoir pu broder un nœud papillon sur la cravate de Cambridge au côté du lion rouge, avoir le privilège d’habiller l’équipe d’Irlande ainsi que celle d’Italie, autre grand pays de la mode, tout comme la France, sont les fiertés de notre entreprise.

Ah, la Squadra Azzura également ?

Il faut relire tes fiches, Papy ! Ces partenariats rappellent à quel point Eden Park est légitime et est bien la première marque au monde de la mode rugby. J’en profite également pour remercier globalement toutes les équipes d’Eden Park qui réalisent depuis presque trente ans un travail exemplaire et engagé à mes côtés pour faire de notre marque une véritable perle, unique dans l’univers du textile.

Dans quelle ligne de vêtements peut-on retrouver votre goût original pour la provocation, la fantaisie ? Sont-elles compatibles avec un positionnement haut de gamme ?

Tous les briefings initiaux concernant le branding, qui reste ma fonction opérationnelle et que je transmets au directeur artistique Vincent Nadal, à la directrice de l’offre ainsi qu’à ses équipes de création, exigent le respect de ce paradoxe : à savoir, le croisement des dernières tendances avec les éléments de notre ADN.

À trente ans, votre marque est-elle au sommet de son art, comme un joueur de rugby à XV ?

Trente ans pour un joueur de rugby, c’est un peu plus que la maturité et cela commence à devenir dangereux. Pour une marque, au contraire, cela reste encore jeune. D’autant plus qu’à l’occasion de ce 30e anniversaire, nous avons décidé de prendre un vrai virage, qui consistera à presque nous affranchir des influences néo-british (mis à part le rugby) pour franciser et moderniser au maximum notre marque parisienne.

Une ligne textile avec BMW, un événement avec Adidas, un co-branding avec S.T. Dupont… Vous flambez pour le 30e anniversaire de votre enseigne !

Comment vous dire ? J’adorerais presque revendiquer le fait de pouvoir flamber, mais quand on flambe, il vaut mieux avoir un gros extincteur au cas où… Chez Eden Park, même si nous comprenons que la mode est liée à l’image et à la communication, nous préférons construire des partenariats très fiables, pérennes et dans la lignée de notre croissance mesurée et maîtrisée. La notoriété et l’image de nos partenaires vont assurément consolider notre positionnement premium et notre virage, en douceur mais engagé, d’une marque qui devient elle-même tendance pour d’autres. J’ose le dire : je suis fier qu’Eden Park soit aujourd’hui observée et analysée aussi bien en France qu’à l’étranger.

J’imagine que votre montre Poiray Eden Park pourrait privilégier l’index 10…

Non, pas du tout. En revanche, je vous confirme que Manu Mallen m’en a gardé une précieusement, et je l’en remercie. Je ne peux ni privilégier le numéro 10, ni les trois-quarts, conscient que ce sont « les gros » qui nous ont distillé, filtré, toutes ces perles de ballons que nous avons essayé d’exploiter ensuite au mieux. Le rugby est un exemple de valorisation des différences.

Après avoir lancé puis pérennisé cette marque dans le temps, quel est votre futur Eden ?

Si j’ai bien conscience du parcours extraordinaire que les actionnaires et les équipes d’Eden Park ont réalisé depuis sa création, ma structure mentale, l’éducation transmise par mes parents et cette living experience du rugby au plus haut niveau m’ont construit comme étant le plus grand casse-bonbons et soucieux du détail que la marque ait connu. Je n’ai pas lâché six ans d’architecture et défié le monde du textile avec mon passif de sportif pour ne pas ambitionner de porter la marque au nœud papillon rose au plus haut de son potentiel, auquel je crois plus que jamais : devenir une marque mondiale.

* 56 sélections en équipe de France, trois fois vainqueur du Tournoi des Cinq Nations dont un grand chelem, vice-champion du monde en 1987, quart de finaliste en 1991 et demi-finaliste en 1995.

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