Comme la mode, le parfum n’échappe pas à la vague écolo. D’autant que, selon les études, 80% des consommatrices veulent que leurs sillages soient au diapason de leurs engagements. Bien plus qu’un coming out, il s’agit pour lui d’un retour aux sources, à ses valeurs initiales puisqu’à l’origine, le parfum était composé d’huiles essentielles végétales.

J’adore Eau de parfum Infinissime, 140 €, Dior
Reste que cela réduisait son champ olfactif, qui s’est élargi avec la chimie moderne. Pour mémoire, Shalimar de Guerlain et le 5 de Chanel n’existeraient pas sans les molécules de synthèse. C’est donc sur la qualité des matières premières que cette industrie fait son auto-critique. Ainsi, Grasse (re)cultive son terroir.
Être au plus près des fleurs
Si depuis 1976, la maison Chanel a un partenariat exclusif avec les frères Mull pour la culture de sa rose de mai et de son jasmin, Dior a ses propres rosiers. Depuis que la marque a réinvesti la Colle Noire, François Demachy, son parfumeur créateur, a entrepris de planter des champs de roses afin de permettre à ses parfums, dont Miss Dior, d’être, dans leur composition, au plus près des fleurs.

Coco Mademoiselle L’eau Privée, 80 €, Chanel
C’est aussi cette démarche qu’ont entrepris les sociétés de composition. Elles convertissent ses agriculteurs-fournisseurs à l’agriculture biologique tout en mettant transparence et traçabilité dans leur cahier des charges. C’est le cas de International Flavors & Fragrances (IFF). Pour Judith Gross, directrice marketing et communication de ce géant à l’origine de Angel de Mugler et l’Eau de Rochas, « il s’agit désormais de créer des parfums sains, bons pour la planète, socialement responsables tout en étant capables d’enchanter les unes et les autres ».

Nuit de Feu, 180 €, Louis Vuitton
Plus que jamais, IFF a mis en place des partenariats avec ses producteurs, qui garantissent aux uns des revenus stables et constants, et aux autres une qualité extrême de pétales, de feuilles et de racines. Il le fait en Turquie pour la rose damascena ; en Égypte pour son géranium rosat ; à Madagascar pour le gingembre et l’yang ylang ; à Haïti pour le vétiver ; en Inde pour le jasmin et la tubéreuse. Au final, les parfums ont une tessiture olfactive haute-couture.
La voie de la chimie verte
Autre voie, celle de la chimie verte empruntée, par exemple, par Symrise. Vous ne le savez peut-être pas : il est impossible de capter l’odeur du muguet. Celle-ci était jusqu’à présent reproduite chimiquement. Après six ans de recherche, l’équipe Symrise a mis au point Lilybelle, une molécule dont les notes fraîches et transparentes sont très proches de celles de la fleur. Lilybelle est issue de peaux d’orange rejetées par l’industrie alimentaire et elle est biodégradable. On peut la sentir dans Bouquet Encore de L’Orchestre à parfums.

L’Homme à la rose, 175 €, Maison Françis Kurkdjian
En Amazonie, le groupe a aussi mis au point une technologie brevetée qui permet de capturer les parfums d’une nature sauvage, unique sans la mettre en danger, dont le cacao et le clou de girofle. Ce process d’économie circulaire profite autant à l’environnement qu’aux sillages des jus les plus précieux.

Montblanc Legend, 93 €, Montblanc
Bien sûr, ce ne sont que quelques exemples, mais ils prouvent qu’une industrie comme celle du parfum est capable de faire sa révolution et qu’elle le fait en inventant un jardin plein d’émotions et de conscience.
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