Mode : Colmar, la voie à l’italienne

Quel est le point commun entre une manufacture de guêtres et de chapeau en feutre, les bleus de travail, une cape chauve-souris, Alberto Tomba, la fédération italienne de ski, une nouvelle boutique à Val d’Isère ? Colmar ! Depuis près de 100 ans, la marque italienne réputée pour ses coupes élégantes, mêlant technicité et tailoring italien, trace sa voie de l’innovation et du style.

Judith Spinoza

Penché avec application sur un paquet de cigarettes, Mario Colombo trace quelques idées pour baptiser sa future société. Nous sommes en 1923 et l’Italien, installé à Monza, entre Milan et les Alpes, a choisi de contracter son nom et son prénom. Colmar est né, mais c’est encore une manufacture de chapeau et de guêtres en feutre. Le ski ? C’est presque un hasard historique.

Italians do it better

Quand la Société des Nations restreint drastiquement les exportations italiennes pour sanctionner le régime mussolinien, Mario et son épouse Irma, jamais à court d’idées, se reconvertissent dans la fabrication de bleus de travail. Ultrarésistant, le coton traité qu’ils utilisent est aussi très adapté aux tenues de pionniers du ski ; comme Leo Gasper, qui devient le premier ambassadeur de la marque et pour laquelle l’entreprise réalise le Thirring, une cape chauve-souris.

Colmar trace sa voie. Ce sera celle du ski. En 1942, Giancarlo et Angelo, les enfants du couple, initient une collaboration avec la fédération italienne des sports d’hiver et le Pool Italia ; mais surtout avec ses champions comme le skieur alpin Zeno Colò. Six ans après, Colmar équipe les athlètes de la FISH et crée une veste aérodynamique, son best-seller jusqu’aux années 1970. Deux décennies plus tard, les vacances au ski sont en plein essor et demandent un style vestimentaire adapté.

Colmar affine ses performances pour favoriser celles des champions : la marque lance une combinaison avec laquelle Luigi Di Marco bat le record de vitesse du KL en 1964, à Cervinia. En 1968, c’est Jean-Claude Killy qui remporte ses médailles aux Jeux olympiques de Grenoble habillé en Colmar. Également sponsor de la coupe du monde de ski, la griffe transalpine poursuit sa stratégie de premier de cordée. Colmar continue de briguer les podiums, y compris ceux des JO, tout en se développant.

« En cas de neige, Colmar »

Les vêtements de compétition « entrent dans la soufflerie aérodynamique de Fiat et Moto Guzzi où les tissus sont testés par l’école polytechnique de Milan ». Le slogan « In caso di neve, Colmar » (« En cas de neige, Colmar ») annonce l’essor de la communication de la griffe qui achète des espaces publicitaires sur les pistes. Effet boule de neige à la clef. En 1985, Colmar est partenaire officiel des championnats du monde de ski de Bormio ; à l’occasion desquels la marque réalise une veste. Elle revisite aussi son logo et le fameux cercle rouge sur fond bleu, remplacé simplement par le nom « Colmar ».

Rapidement, à Cortina d’Ampezzo, à Zermatt ou à Saint-Moritz, la jet-set s’empare des tenues élégantes et fuselées de la griffe adoubée par les icônes du ski. Quand Alberto Tomba s’illustre aux Jeux olympiques de Calgary en 1988, c’est en Colmar. Plus de dix ans plus tard, Megève accueille la première boutique monomarque Colmar. Depuis, de Cortina d’Ampezzo à Courmayeur, en passant par Kitzbühel ; Chamonix ; Paris et Rome, elles sont 16, avec celle de Val d’Isère qui a rouvert en décembre 2021.

Virages

Côté style, la griffe ne cesse d’évoluer. Son leitmotiv ? Garder la ligne, à la fois en capitalisant sur l’innovation et en étendant son territoire au lifestyle. Colmar Originals sort ainsi en 2009. Sweat-shirts, T-shirts et chaussures complètent bientôt la collection. Virage réussi pour Colmar qui garde sa légitimité sportive et signe en 2011 un accord avec la fédération française de ski.

« Notre force, c’est d’avoir conservé des coupes élégantes, des détails de finition issus du tailoring italien, et de les avoir toujours associés à notre technicité. Et, surtout, nous avons su garder la maîtrise de nos outils de production », indique à l’époque Stefano Colombo, Global Sales Marketing Manager. Un atout de taille qui permet à la troisième génération (Mario Colombo, actuel président, entouré de son fils, Stefan, et de ses cousins Giulio et Carlo Colombo) de lancer dès 2017 des capsules avec des designers et des stylistes internationaux. Colmar lance aussi sa R&D, notamment le matériau waterproof Teflon EcoElite ou le graphène ; celui-là même qui a servi à élaborer la doublure d’une veste et la combinaison de ski de l’équipe de France de ski aux championnats du monde à Saint-Moritz en 2017.

Nouveau défi ? L’écodurabilité, naturellement. « C’est un chemin que nous devons emprunter », confiait Stefano Colombo l’an passé, ajoutant : « Nous devons savoir qu’il ne s’agit pas d’un sprint, mais d’un marathon. » Il a pris la forme du projet GreenPath grâce auquel la marque a recours à des tissus recyclés. Le GreenPath, la nouvelle voie Colmar ?

colmar.it/fr/

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