Quand Gauguin nous donne des envies de lointain

Gauguin, le film d’Édouard Deluc, sort un mois avant l’exposition que le Grand Palais consacrera au peintre, sous la thématique de « l’Alchimiste ». Deux événements culturels à ne pas manquer, véritables plongeons dans ce qu’est l’histoire personnelle d’un artiste. Décryptage.

Paloma Tibihé

Pourquoi on va voir le film avant l’expo ?

À force de voir les œuvres dans les musées, la vie de leurs auteurs nous est souvent inconnue. Pourtant, derrière l’artiste, l’homme est là et, quand on sait que sa vie a pu avoir une influence de chaque instant sur son travail, il est passionnant d’apprendre à connaître qui se cachait derrière le pinceau.

Après Cézanne ou Rodin, le septième art s’attache cette fois à Paul Gauguin et nous le montre sous les traits de Vincent Cassel. Si les toiles de Gauguin ne se résument pas qu’à des jolies Tahitiennes accrochées sur les murs de la National Gallery de Washington, du musée d’Orsay à Paris ou dans des collections privées (Chtchoukine ou Niarchos), ce sont pourtant ces dernières qui lui ont permis d’être consacré comme l’un des artistes majeurs du XIXe siècle.

Contemporain et ami de Van Gogh, ce père de cinq enfants n’arrive pas à vivre de son travail et la morale de l’époque freine sa liberté. Étant persuadé que son talent doit s’exprimer sans entrave, c’est en s’éloignant de sa vie bourgeoise et des codes moraux de la civilisation européenne que Paul Gauguin réussira. Il satisfera son envie de pureté, de beauté et de nouveauté en partant au loin, dans des contrées plus sauvages, là où les sujets de ses peintures seront interprétés comme la stricte représentation de la vie. Sans choquer, là où les femmes se dénudent en gardant leur vertu, là où la nature est majestueuse et impose encore son rythme, avant que l’homme vienne la transformer.

En 1891, il part donc seul, laissant femme et enfants au profit de l’inspiration. Il s’exile à Tahiti et c’est cette parenthèse polynésienne que raconte le film de Deluc (qui a étudié aux Beaux-Arts), fortement inspiré de Noa Noa, le carnet de voyage de Gauguin (que vous trouverez aux éditions Bartillat, collection « Omnia »), d’Oviri et d’Avant-Après, les écrits très intimes du peintre, qui exposent son expérience et ses questionnements artistiques et politiques.

Dans le film, l’interprétation de Cassel dévoile un Gauguin à la fois humain, sensible, mais aussi iconoclaste et affranchi des codes. Il renvoie parfaitement au mythe du retour à la vie sauvage, tel un robinson qui aurait soif de vivre sa vie en se rapprochant au maximum de ce qu’elle a de primitif. Grâce à cette expérience, Gauguin ne se sera jamais senti autant « inspiré ». On comprend mieux alors les sujets de ses toiles, sa femme Tehura, les scènes de la vie quotidienne, les sculptures, les paysages…

Un film initiatique sur le choc des cultures et le processus de créativité.

Gauguin, Voyage de Tahiti d’Édouard Deluc avec Vincent Cassel, en salle le 20 septembre 2017.

Paul Gauguin Te rerioa, 1897 © The Courtauld, Gallery, Londres.

Paul Gauguin, Manaò tupapaú, 1892 © Albright-Knox Art Gallery

Le saviez-vous ?

  • Paul Gauguin est enterré dans le cimetière d’Atuona, dans les îles Marquises. Juste à côté de la sienne se trouve la tombe de Jacques Brel.
  • De son vivant, Gauguin ne connut que très peu le succès et ses tableaux étaient vendus à des prix dérisoires.
  • « La seule vertu, c’est ce qu’on a en nous », aimait à dire Gauguin. Il ne faut pas imiter, mais laisser parler son libre arbitre et sa créativité.

Paul Gauguin Oviri, 1894, © Rmn-Grand Palais (musée d’Orsay).

« Gauguin, l’alchimiste »

Au cours de cette exposition exceptionnelle qui réunira plus de 200 œuvres de tout médium (peintures, céramiques, sculptures, bois gravés, gravures et dessins), vous retrouverez des toiles qui vous rappelleront certaines scènes entrevues dans le film, comme les adieux de Tehura, mais aussi des œuvres peintes en Bretagne, en Polynésie ou aux îles Marquises. Ici, il ne s’agit pas de savoir qui est le peintre, bien que ses toiles évoquent des moments de sa vie, mais davantage de donner à voir toute la palette de son talent artistique immense puisqu’il savait à la fois sculpter, dessiner, graver et que son expression s’accommodait de tous les supports qui lui tombaient sous la main. En cela, Gauguin était plus qu’un peintre, plus qu’un sculpteur. C’était un immense artiste.

Cette exposition présentera exceptionnellement au public une salle entièrement dédiée au manuscrit Noa Noa, qui sert de trame au film de Deluc. La boucle est ainsi bouclée !

Du 11 octobre 2017 au 22 janvier 2018, Grand Palais. 3, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris.
grandpalais.fr

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