Rencontre avec Ariane de Rothschild

Mário de Castro

Présidente du groupe Edmond de Rothschild

 

Nommée présidente du comité exécutif du Groupe Edmond de Rothschild en janvier 2015, Ariane de Rothschild s’est imposée à la tête de l’institution genevoise fondée par Edmond de Rothschild, père de son époux Benjamin, avec son style de management personnel. Son charisme naturel et sa détermination l’ont poussée à transformer le comité exécutif à 100 % masculin de la banque à parité égale entre hommes et femmes. Son mari Benjamin de Rothschild a bien fait de demander sa main à bord du voilier de course Gitana VI (propriété du groupe) au large de Saint-Barthélemy. Signe des temps, Ariane a invité le street-art en mer en demandant en 2017 à l’artiste new-yorkais Cleon Peterson de s’exprimer sur le dernier-né de l’écurie Gitana, le Maxi Edmond de Rothschild. En visionnaire avertie et adepte de la philanthropie familiale, Ariane déploie ses talents autour des activités d’Edmond de Rothschild Heritage, depuis les pépinières, la branche nature et ses fromages, les vins et, bien évidemment, la toute dernière touche de Madame la Baronne, l’ouverture, le 15 décembre 2017, du Domaine du Mont d’Arbois. Quatre nouveaux bâtiments abritent l’hôtel de 41 chambres et 14 suites, géré par l’enseigne canadienne Four Seasons, deux garants d’un luxe et d’un art de vivre qui devraient propulser Megève sur le devant de la scène internationale. Ariane de Rothschild cherche à dépoussiérer l’image qui colle au nom de ses héritiers : « Quand j’entends dire qu’un canapé Chesterfield ou une corniche Napoléon III sont typiquement Rothschild, je suis effrayée. Il n’y a qu’une seule chose typiquement Rothschild : les valeurs sociales. »

 

Quel est selon vous le comble du luxe ?

La liberté de ne pas suivre les codes et de ne pas être enfermée dans une case.

Pourquoi cet attrait des Rothschild pour Megève ?

L’attrait de Megève est indéniablement l’œuvre de Noémie de Rothschild, depuis 1920. Elle a été visionnaire : elle a construit les bases de Megève pour en faire un lieu d’exception, à la fois respectueux de la nature et accueillant pour les amateurs de montagne. Elle a créé un concept : donner l’accès aux plus grands domaines skiables tout en y associant le bien-être et le plaisir de se retrouver en famille.

Vous avez conçu un univers sur mesure pour le Mont d’Arbois. Quelles ont été vos priorités ?

En premier lieu, il était important pour moi de respecter l’environnement local, le cadre naturel exceptionnel du Mont d’Arbois. Le nouvel hôtel répond aux normes « HQE » (haute qualité environnementale), il ne pouvait en être autrement. Avec Pierre-Yves Rochon, qui s’est occupé de la décoration, j’ai souhaité renouer avec l’histoire de l’architecture locale, fortement liée au travail d’Henry Jacques Le Même, installé à Megève en 1925 et figure majeure de l’architecture du XXe siècle en France. Le style des années 30 est donc présent dans tout l’hôtel, de façon plus ou moins marquée à travers des objets, des peintures, des motifs de textiles ou de simples petits détails qui rendent cette ambiance si particulière.

Qu’est-ce qui fait la spécificité du Four Seasons Hotel Megève ?

J’ai lu à plusieurs reprises que le Four Seasons Hotel Megève était probablement le plus bel hôtel des Alpes. C’est élogieux, mais cela va au-delà de cela : l’esthétique n’est pas suffisante si elle n’a pas de sens. Cet hôtel, en plus d’être élégant, a une histoire, celle de ma famille. Chaque objet, chaque élément de décoration a un sens, une charge affective qui confère une âme à l’hôtel. Les tableaux racontent mes voyages à travers le monde, j’ai choisi les tissus en Indonésie, collectionné les masques africains. Cet hôtel mêle tous les univers et invite les convives à aller plus loin : il peut être perçu comme une arrivée ou une étape vers un autre voyage, un parcours plus personnel que celui que chaque détail du Four Seasons Megève peut laisser percevoir.

Vous défendez artisans et producteurs. Qu’est-ce qui sous-tend votre démarche ?

L’histoire de ma famille est complètement imbriquée avec celle des artistes et artisans : ils font partie de notre ADN. Je les soutiens depuis toujours avec passion et conviction. Dans les œuvres d’art, je ne recherche pas nécessairement des pièces exceptionnelles. L’important, c’est le contact avec l’objet, l’histoire, la rencontre.

Le style que vous avez créé pour le Mont d’Arbois, est-ce une nouvelle école du savoir-faire et du savoir-vivre qui va s’étendre ailleurs ?

Le style du Mont d’Arbois est celui de l’art de vivre Rothschild, qui s’exprime dans la simplicité d’une brasserie et l’élégance d’un restaurant gastronomique doublement étoilé. Un style qui combine les paradoxes d’être à la fois un hôtel d’exception et une maison de famille, de porter les valeurs Rothschild et les standards de l’hôtellerie de luxe Four Seasons, d’accueillir des convives du monde entier en valorisant ce qui se fait de mieux en France : les légumes sont patiemment cultivés dans le potager de la famille, les fromages fermiers fabriqués selon la tradition briarde dans la Ferme des Trente Arpents, etc.

Comment concevez-vous la notion du « voyage » de nos jours ?

Le voyage doit être une expérience : il ne s’agit pas de se dépayser ou de rompre la routine. Voyager doit contribuer à se découvrir soi-même, à s’ouvrir aux autres et au monde.

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