Qui n’a pas rêvé de voir apparaître dans la main de l’être aimé la couleur écarlate de cet écrin reconnaissable entre mille. En cuir, frappée d’une frise dorée, la red box Cartier est si mythique, sa sémiotique si universelle que, du nord au sud, d’est en ouest, chacun la reconnaît.
La petite boîte rouge
On l’a vue dans d’innombrables films : Certains l’aiment chaud (1959) avec Tony Curtis et Marilyn Monroe ; Comment voler un million de dollars (1966) avec Audrey Hepburn ; Two Lovers (2008) avec Joaquin Phoenix et Gwyneth Paltrow ; ou encore, plus récemment, dans Ocean’s 8 (2018) avec Sandra Bullock, Cate Blanchett et Anne Hathaway. Si jolie, si précieuse, la petite boîte rouge a même inspiré le nouveau sac Guirlande de Cartier en 2019 ; et, à la fin de l’année dernière, servi de cadre subtil au clip Love Is All célébrant la Maison.
Indiscutablement, la red box est la garantie d’un sans-faute, un objet désirable pour l’être désiré ; comme la marque d’excellence d’une griffe unique. Et, peut-être, un clin d’œil discret à l’histoire de France ; puisque les quatre écrins des diamants de la Couronne sont en maroquin rouge et or, frappés aux armes impériales du Second Empire.
Évidemment, pour Cartier, le choix du rouge est moins celui de la puissance que de l’amour. Un hommage à la passion éternelle. Une évidence. Pourtant, lorsque Louis-François Cartier ouvre sa boutique boulevard des Italiens, les coffrets de cuir carmin cohabitent encore avec d’autres nuances allant du vert profond jusqu’au rose.
Le roi rubis
Peu à peu, le rouge impose sa majesté, jusqu’à devenir la couleur officielle de la Maison joaillière durant l’entre-deux-guerres. La frise guirlande qui orne la fameuse boîte fait ses débuts en 1910. Inspirée de motifs du XVIIIe siècle, ses arabesques évoluent jusqu’à leur version stylisée d’aujourd’hui. Enfin, il y a son cœur de soie beige sur lequel repose, ultra désirable, le bijou. Rouge, toujours.
En 2014, lors de la 27e Biennale des Antiquaires de Paris, Cartier présente le majestueux collier de la reine Makeda au cœur duquel trône un rubis ovale du Mozambique de 15,29 carats. « D’hier à aujourd’hui, cette pierre a occupé une place essentielle dans le parcours stylistique de Cartier. Si elle joue d’abord un rôle plutôt ponctuel, elle est mise à l’honneur à partir des années 1920 ; notamment dans des parures d’inspiration indienne », explique la Maison.
Désigné comme la « reine des pierres précieuses », le rubis est un « petit charbon ardent » ou un « petit charbon allumé » chez les Romains. Pour souligner la vivacité exceptionnelle et l’intensité de cette gemme, Pline l’Ancien écrira qu’elle « jette des traits de feu et réfléchit les rayons du soleil et de la lune ». Devenu l’incarnation de la gloire et de la puissance pour Cartier, « roi des joailliers et joaillier des rois », le rubis est évidemment la pierre toute choisie pour célébrer les illustres familles ; et d’abord les maharajahs.
Maharajah et princesse
Dans les années 1930, Jam Sahib Digvijaysinhji, maharajah de Nawanagar, confie ainsi à la griffe pas moins de 119 rubis birmans ; à partir desquels l’atelier de la rue de la Paix réalise un collier d’une modernité stupéfiante. Suivent ceux du maharajah de Patiala, un arrangement de trois colliers destinés à l’une de ses épouses.
La carrière du rubis est lancée et ne s’arrêtera pas. Affranchi des ensembles d’apparat, le rubis gagne en simplicité et en fluidité et s’accroche, esprit fifties, au cou de lady Deterding ; aux oreilles et au poignet d’Elizabeth Taylor ; jusqu’à s’inviter sur le portrait officiel de la princesse Grace de Monaco.
Il y a huit ans, c’est le « sang de pigeon » de 10,17 carats, un rubis pourpre de Birmanie originaire de la légendaire vallée de Mogok, que la Maison joaillière monte en bague. Indémodable et de plus en plus rare, ce « rien de trop » dit-on si justement chez Cartier, continue d’afficher l’essentiel : la splendeur du prestige.
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