Sonia Constant, parfumeuse « first class »

A u premier abord, elle semble balancer entre dis-tance et froideur, comme si elle se tenait en retrait de sa séduction. Yeux de chat et port altier, on l’imagine aisément héroïne d’un roman d’aventure du XIXe ou encore shootée dans les années 70 par le photographe Peter Beard dans le désert de Namibie. D’une sincérité exaltée, elle raconte : « Le parfum, j’y songe depuis que je suis petite fille. Quand mes copines se rêvaient danseuses étoiles, moi, je voulais créer des odeurs et des parfums ». Elle a développé une passion précoce pour Annick Goutal et Serge Lutens, jusqu’au jour où elle a décidé de se lancer : elle sera parfumeuse. Même si sa tante, salariée à la DRH de Haarmann & Reimer (maison de composition allemande) tente de la dissuader, Sonia s’entête et décroche un stage d’été à la pesée des formules chez Givaudan, auprès des nez Olivier Pescheux et Antoine Maisondieu. On l’aurait bien vue dans la mode tant elle a le style dans le sang. Ses parfums, eux, ne sont jamais overdressed. Elle est séduite d’abord par la simplicité minimaliste d’un accord (Jean-Claude Ellena est au nombre de ses superhéros), convaincue que c’est « la lisibilité d’un parfum qui déclenche l’émotion », la vraie. Elle avoue qu’elle est obsédée par la notion d’équilibre (ses formules le sont, équilibrées), ce qui lui fait dire qu’elle aurait tout aussi bien pu se dédier à l’architecture ou au design.

Un parfum venu d’ailleurs

Elle confie sur le ton du secret qu’elle se sent dans la peau d’une sorcière lorsqu’elle compose : « Je crois que j’ai choisi le parfum car on ne peut pas s’y soustraire, impossible d’arrêter de respirer, il faut se soumettre à son pouvoir. » Souvent, sa curiosité la pousse à aller voir ailleurs : Israël, Botswana, Japon… L’horizon dégagé, cette flâneuse nez au vent dégaine son headspace portatif (petit instrument qui permet de capter les effluves) et collectionne odeurs et idées. Un peu trop à l’étroit dans une parfumerie marketée et mondialisée, elle accouche en 2018 de sa propre marque : Ella K, du nom d’une héroïne imaginaire, entre Karen Blixen et Alexandra David-Neel. Thème des parfums : le voyage, évidemment. Si Sonia ne prétend pas détenir la martingale pour sauver une parfumerie qui fait de moins en moins rêver, elle sait merveilleusement bien raconter les histoires. C’est déjà un bon début pour conquérir les cœurs, non ? 

Sonia en trois parfums

1. La richesse des épices (safran muscade, cannelle) qui illumine une rose flamboyante. Lettre de Pushkar, 195 € les 70 ml, Ella K Parfums.

2. Un cœur de musc à la pureté désarmante sublimé par un bouquet de fleurs blanches.Pure Musc, 93 € les 50 ml, Narciso Rodriguez.

3. Un cuir sauvage et indomptable balayé par le vent du désert. Ombré Leather, 155 € les 100 ml, Tom Ford.

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