Vincent Elbaz

Idole de la génération du Péril jeune, dernièrement escroc dans Je compte sur vous de Pascal Elbé, Vincent Elbaz joue cette fois un flic dans Amis publics d’Edouard Pluvieux, au côté de Kev Adams. Rencontre.

Aude Bernard-Treille

Que pourriez-vous faire de plus fou pour un ami ?
Transporter un cadavre. Si c’est un ami, je me dirais forcément qu’il était en légitime défense !

Qu’est-ce qui vous toucherait profondément de la part de votre bande de potes ?
Si je rencontrais des difficultés, qu’ils devancent mes besoins avant même que je ne leur demande. Dans l’amitié, c’est touchant de voir qu’on est compris. Ne pas avoir besoin de demander ou d’expliquer, c’est rare. Ou alors quelqu’un qui m’aime pour ce que je suis et qui ne me demande pas d’être un autre. Comme dans toute relation, on peut vouloir trouver en l’autre ce que l’on n’a pas ou vouloir que l’autre soit différent de ce qu’il est en réalité.

Malgré des scènes un peu potaches, Amis publics délivre un message fort sur un problème de santé publique. Quelle cause pourrait avoir votre soutien aujourd’hui ?
Je vis dans une démocratie qui permettait autrefois d’être insouciant. Aujourd’hui, nous ne le sommes plus. J’ai été très gâté dans ma jeunesse et nous vivons encore dans un pays où les femmes et les hommes sont libres. Si cela changeait, je m’engagerais pour préserver et défendre cette liberté, même s’il fallait utiliser la violence.

Le film montre aussi la puissance des réseaux sociaux et de leur relativité lorsque votre personnage dit à Léo (Kev Adams) : « sur Internet tu es fort. Dans la réalité, pour moi tu n’es rien ». Que pensez-vous de leur influence sur les jeunes ?
En fait, au départ je ne prenais vraiment pas les réseaux sociaux au sérieux. Je me suis rendu compte qu’ils servaient pourtant à certains artistes pour se faire connaître. En parallèle, il faut se méfier des rumeurs, de certaines informations et des sources pas toujours fiables. Il y a pas mal de légendes urbaines et de manipulation, cela a donc ses limites.

Qu’auriez-vous pu faire de pas très légal, mais pour la bonne cause ?
Je n’ai jamais eu une âme de Robin des bois, donc si j’avais fait quelque chose de pas très légal, cela aurait été pour moi. Dans le film, les braquages sont traités de façon légère et on parle davantage du plaisir de la transgression dans l’adolescence. Je ne crois pas que Léo et ses copains défendent vraiment la cause des enfants malades, mais c’est un prétexte pour justifier de passer à l’acte et finalement de s’éclater. Je pense que le plaisir qu’ils prennent à braquer des banques est plus fort que la cause qu’ils défendent.

Qu’est-ce qui fait que vous vous sentez vivant ?
C’est le rapport à l’autre qui me fait vibrer. L’échange avec l’autre dans la vie, avec les gens que j’aime, sur un plateau, avec de grandes émotions… Avant le cinéma ou le théâtre, c’est d’abord la vie qui m’apporte de l’adrénaline. Ensuite, dans mon travail d’acteur, plus il y a de scènes complexes avec du conflit, plus j’aime ça. Ce n’est pas ce que je fais souvent car on me caste davantage en fonction de ce que je dégage que de ce que je suis vraiment. Ce qui me ferait vibrer, ce serait surtout de jouer un personnage inhumain, qui ne fonctionne pas comme nous, qui fascine, qui fait peur… Sinon, j’aime jouer les rapports de couple. Le couple est un terrain assez intéressant pour un acteur car on apprend à être plus stratège. Sans devenir manipulateur, on apprend énormément sur soi dans le couple.

On dit souvent : « si tu ne transmets pas, tu meurs deux fois ». Quelle chose importante avez-vous envie de transmettre ?
Si j’arrive à faire en sorte que mes enfants s’aiment les uns les autres et restent unis dans la vie, ce serait déjà bien. Il y a tellement de fratries dans lesquelles cela se passe mal. Au-delà des liens du sang, c’est un partage de valeurs, sans être trop dans le conformisme non plus.

Une valeur importante, par exemple ?
Etre dans des rapports de vérité.

Quel film ou livre a résonné longtemps en vous après l’avoir visionné ou lu ?
Il y a eu le livre Lonesome Dove de Larry McMurtry et au cinéma, Match Point de Woody Allen, qui m’ont beaucoup marqué.

Qu’avez-vous souvent entendu sur le milieu du cinéma qui n’est pas si vrai ?
On dit que c’est une grande famille, qui s’entend bien. C’est une famille et comme dans toutes les familles, certains se déchirent, s’aiment, il y a des trahisons et des héritages qui se disputent… C’est donc une famille avec tout ce qu’elle a de plus insupportable.

Qu’est-ce que votre métier d’acteur vous a permis d’apprendre sur vous ?
Qu’il n’y a personne avec qui je ne pourrais pas communiquer. Au début, je refusais ce que l’autre avait à me donner ou si quelqu’un ne me plaisait pas, je refusais l’échange. C’est l’arrogance de la jeunesse ! En revanche, dans la vie j’aurais du mal à communiquer avec un antisémite. Ce serait trop pervers.

Dans Je compte sur vous, vous arnaquez et dans Amis publics, vous êtes flic. Dans quel rôle êtes-vous le plus à l’aise ?
Il y a un menteur et l’autre est un flic qui apporte une dimension dramatique, qui vient mettre la pression sur le personnage principal. Je suis à l’aise dans les deux car ils sont faciles à jouer. Ensuite, plus c’est tordu et pervers, plus c’est intéressant en tant qu’acteur.

Enfin, parlez-nous de vos projets.
J’ai tourné deux films récemment : Primaire, d’Hélène Angel avec Sara Forestier, et une comédie sur l’adoption, de Lucien Jean-Baptiste avec Aïssa Maïga. Je m’apprête à partir sur un long tournage de quatre mois et demi pour un film de Serge Hazanavicius sur le ski hors piste, avec Kev Adams. On va tourner au mont Blanc, au Népal, en Inde…

Et le théâtre ?
Après mon travail avec John Malkovitch, c’est difficile de trouver un projet qui me plaise. J’attends cela évidemment. Je ne retrouve pas cette liberté que j’avais avec lui et cet œil posé sur vous qui voit tout.

Photo : Benoit Peverelli

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