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Nicolas Hulot La doléance : faire dégonfler la bulle « déchets », voilà l’urgence ! |
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Marlène Schiappa Profil : 34 ans, pas si méconnue (réseau « Maman travaille »). La doléance : sauver les femmes cadres de la précarité. Telle la complexité dans l’univers, l’égalité salariale entre les hommes et les femmes croît, inexorablement, à la vitesse d’un sénateur regagnant la buvette du Parlement. Une ministre, aussi décidée soit-elle, aura donc du mal à accélérer le processus en son temps imparti – selon l’Insee, le salaire horaire brut de ces dames est encore 13,5 % inférieur à ces messieurs, il faudra donc attendre un demi-siècle pour parvenir à la parité. Comment alors frapper un grand coup ? Simple : prendre la catégorie cadre, ceux qui gagnent le plus, et leur imposer l’exemplarité. Difficile, car, paradoxalement, ce sont les plus mauvais élèves : les hommes gagnent 19,8 % de plus que les femmes (7,7 % chez les employés). Bonne chance, Marlène ! |
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Françoise Nyssen Profil : 65 ans, codirectrice d’Actes Sud, trois prix Goncourt. La doléance : soyez la ministre de l’extinction de l’illettrisme. On ne se débrouille pas si mal, au pays de Voltaire, avec nos 65 000 nouveautés éditées chaque année, avec nos 6 000 librairies de quartiers (plus qu’aux États-Unis !), avec nos romanciers traduits dans le monde entier. Actes Sud, la matrice de notre nouvelle patronne de la rue Saint-Honoré, est d’ailleurs un symbole de cette excellence française. Mais il y a un hic : selon les dernières données gouvernementales disponibles (2011), notre pays compte encore… 2,5 millions d’illettrés, soit 7 % de la population lisant avec grande difficulté ou ayant désappris la lecture. Un programme d’extinction du phénomène (même s’il s’érode naturellement) serait un marqueur socio-culturel pour la législature. Et l’on s’en souviendrait. |
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Sylvie Goulard Profil : 52 ans, énarque, député européenne. La doléance : faites briller à nouveau l’emblème de la Légion. À cette haute fonctionnaire méritante, européenne convaincue, architecte du rapprochement des diplomaties à qui l’on a confié maintenant l’armée, il va falloir comprendre une chose : c’est de baston générale qu’il s’agit. L’ancien titulaire du poste, Jean-Yves Le Drian, a catapulté 30 000 militaires en « OPEX » (opérations extérieures dans des pays aussi joyeux que le Mali, le Niger, le Tchad, le Liban, la Syrie, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la corne africaine, etc.). La France n’est pas autant intervenue depuis 1939 et il est sans doute temps de ressortir de la naphtaline notre autrefois célèbre Légion étrangère, corps très particulier respecté du monde entier et qui avait été un rien fondu dans les forces terrestres hexagonales. Un signe : avec 8 900 hommes programmés en 2018, la Légion a déjà retrouvé ses effectifs d’il y a vingt ans. |
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Jean-Michel Blanquer Profil : 52 ans, ancien recteur, ancien directeur de l’Essec. La doléance : redonnez des lettres de noblesse aux « mentions » du bac ! Certes, l’universalité du baccalauréat progresse à la vitesse d’une bonne pétrolette depuis mai 68 puisque, selon le ministère (2016), 78,6 % d’une génération de jeunes Français décrochent dorénavant ce label inventé sous Napoléon, et c’est bien. Mais il y a une grosse anguille sous le rocher : la terrible et méconnue inflation des « mentions » au bac. Depuis vingt ans, allez savoir pourquoi, on la donne à tous les bacheliers. Prenons la sacro-sainte et respectée « mention très bien » au bac général : 10,7 % l’ont décrochée en 2014, à comparer à… 0,8 % en 1990. Même histoire pour la très honorable mention « bien » : 16,2 % en 2014, 5 % en 1990. Professeur Blanquer, ce n’est pas en école de commerce qu’on verrait une chose pareille. Donnez des directives ! |
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Laura Flessel Profil : 45 ans, quintuple médaillée olympique en épée. La doléance : faites-nous sportivement repasser devant l’Angleterre, pitié ! Il y a quelque chose d’incompréhensible dans l’aimable conflit multidimensionnel nous opposant depuis Philippe le Bel à nos chers voisins anglais : nous sommes démographiquement (même nombre d’habitants) et économiquement (même PIB) jumeaux, et pourtant les « Rosbifs » nous écrasent à chaque olympiade (Rio 2016 : 67 médailles pour eux, 42 pour nous). Pourquoi ne pas mobiliser les forces de la jeunesse et des banlieues (comme les Britanniques l’avaient fait avant Londres 2012) pour performer dans un nombre plus important de disciplines et faire péter les scores bleu-blanc-rouge ? Sortir du quatuor judo-escrime-voile-boxe, voilà l’idée, chère madame Flessel. Un plan de mobilisation aurait un débouché tout trouvé : les JO 2024 à Paris ! |
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Mounir Mahjoubi Profil : 33 ans, ancien président du Conseil national du numérique. La doléance : il est temps qu’Internet devienne un service public. L’ancien du mouvement « Ségosphère » (du temps de madame Royal triomphante, en 2007) sait l’irrésistible importance prise par le monde numérique dans la vie citoyenne. À l’heure où une majorité de Français ont déclaré leurs impôts 2016 sur le site du fisc, il est sans doute temps de donner un statut public au réseau Internet, comme l’eau, le gaz ou l’électricité. Car il existe un fossé numérique, dans notre joyeux pays : selon Eurostat, 650 000 foyers n’ont aucun accès Web dans notre pays, et 12 à 18 % de la population est, dans des proportions variables, incapable d’utiliser « correctement » les outils numériques disponibles. Si le jeune secrétaire d’État survit aux législatives, il faudra donc imaginer un vaste programme Web éducatif pour combler ce vide. |