Edito Mars 2016

Aude Bernard-Treille

Je ne suis pas féministe, mais…

Je suis plutôt d’accord avec Françoise Giroud qui disait : « La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente. » En mars, on n’échappe pas à la fameuse Journée internationale des femmes. L’année prochaine, on fêtera même ses quarante ans, quand l’ONU l’institua pour faire avancer l’égalité hommes-femmes. Il y a quarante ans, la fin des années 1970 soufflait un vent de liberté et d’égalité en France. Ayant eu la chance de naître dans une société qui, plus que d’autres, respectait les femmes, je me suis toujours dit que cette Journée n’avait plus lieu d’être, l’évidence voulant que le sexisme n’existe plus. Monsieur, imaginez que pour avoir le droit de travailler, votre femme doive vous demander la permission (comme en Syrie ou en Bolivie) : la blague quand, parfois, le meilleur salaire des deux est celui de madame ! Que vous soyez obligé de lui fournir un service de VTC car elle n’aurait pas le droit de conduire seule (comme en Arabie Saoudite où le permis de conduire n’existe pas pour les femmes). Se déplacer et prendre sa Mini pour une virée à Deauville : no way ! Une situation qu’un homme, Hisham Fageeh, a parodiée avec humour dans un clip, No Women, No Drive, remake de No Women, No Cry ! Imaginez aussi que son témoignage ne vale rien, sauf s’il est confirmé par… un homme (comme au Yemen).

Si l’on pointe toujours du doigt des pays aux mentalités archaïques qui ont, c’est vrai, une très large part de progression à faire au sujet des droits des femmes, on peut se rappeler qu’il y a cent dix ans, en France, les femmes mariées ne disposaient pas de leur salaire : tout revenait à leur mari ; qu’avant 1924, une fille ne pouvait pas passer le baccalauréat ; qu’en 1967, les femmes ont pu enfin spéculer en entrant à la Bourse ; qu’en 1970, l’autorité parentale supprimait le statut masculin du « chef de famille » ; que deux ans plus tard, HEC et Polytechnique devenaient complètement mixtes ; enfin qu’en 2013, les femmes pouvaient officiellement porter un pantalon dans d’autres conditions que pour faire « du vélo, du cheval ou du ski » !

Malgré ces progrès, la pensée misogyne est toujours présente. Qu’elle soit au second degré ou clairement affichée, elle persiste. Si les garçons savent aujourd’hui repasser ou faire la vaisselle, bien éduqués par une mère intelligente, il y a comme un air de régression, en France et dans le monde. Des hommes la combattent à travers mettezdurouge.com : ils sensibilisent à la lutte contre les violences faites aux femmes en se mettant du rouge à lèvres et en postant leur photo sur le Net. Il y a aussi la réalisatrice Lisa Azuelos (Comme t’y es belle, LOL, Dalida) qui fonde cette année l’association No Gynophobie, avec le soutien de nombreuses personnalités, de dirigeantes et d’artistes. Cette hostilité « explicite ou implicite envers les femmes parce qu’elles sont femmes » existe. Alors je vous invite à faire évoluer les mentalités en participant à un concours de courts-métrages que cette association lance sur nogynophobie.org. La remise du prix aura lieu en mai à Cannes pendant le Festival. Pour moi, ce sera cela le meilleur film, cette année.

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