À une heure de voiture de Milan, soit à une cinquantaine de kilomètres dans la partie nord de la plaine du Pô, entre les provinces de Bergame et de Brescia, clapote, au fond du Val Camonica, un très joli lac des Préalpes italiennes, le lac d’Iseo. Situé entre les plus connus lacs de Côme et de Garde, il offre de multiples attraits touristiques, à commencer par ses rives très préservées, propices aux activités sportives : régates de voiliers, windsurf, pêche sportive, plongée sous-marine… Et une saison touristique qui court de mai à septembre.
De l’huile d’olive, des vignes et des bateaux
Sur sa rive occidentale ou bergamasque, le panorama est nettement plus sauvage avec ses ravins, ses routes en lacets, ses éperons rocheux, ses oliviers et quelques vignes mais aussi ses plages, de Predore à Sarnico. C’est dans cette dernière charmante petite ville qu’on oubliera Bellagio sur le lac de Côme, voire les îles Borromées du lac Majeur… Car ici, se niche le berceau aquatique de la dolce vita : Riva. Un chantier naval, créé en 1842, qui deviendra un mythe en novembre 1962, lors de la présentation de l’Aquarama au 3e Milan International Boat Show.
La Rolls des mers
L’Aquarama est un bateau à la coque en bois d’acajou de 8,02 m de long, de 2,62 m de large. Il est propulsé par deux moteurs V8 Chris-Craft (185 ch) in board dans la partie arrière pontée, qui emmènent 8 personnes visiter la plus grande île lacustre d’Italie, Monte Isola, à plus de 70 km/h. Ce runabout de prestige est l’œuvre d’un homme, Carlos Riva, arrière-petit-fils du fondateur de l’entreprise éponyme, Pietro Riva. Cet ingénieur italien, épris de vitesse, s’inspire, de retour des États-Unis en 1951, des fameux runabouts Chris-Craft, appréhendés sur les lacs américains et dans les Hamptons, près de New-York. Il bâtit la légende de son entreprise à raison de 20 bateaux fabriqués par an qu’il veut les meilleurs du monde. Ferrari ou Rolls-Royce des mers… c’est le propriétaire qui aura déboursé alors la coquette somme de 320 000 euros d’aujourd’hui qui décidera, selon sa conduite. C’est encore sa cote actuelle en seconde main, pour peu qu’on condescende à vous en vendre un.
De main en main…
Le Riva est le fruit d’un artisanat précieux qui conjugue coque en bois d’acajou, revêtue de 24 couches de vernis, sellerie cuir, chromes étincelants à profusion, pare-brise panoramique de Cadillac et performances exceptionnelles. Objet de convoitise absolu, il est le canot de l’aristocratie, des stars de cinéma, des athlètes et des capitaines d’industrie. Après le passage au polyester (1970), dicté par une clientèle qui veut toujours plus grand, spacieux et rapide, Carlos Riva vend son « cantiere » à la firme US Whittaker en 1971. 20 ans plus tard, c’est Vickers – propriétaire de Rolls-Royce Motors –, qui rachète la marque de la jet-set en 1991. Ce bijou industriel devient la propriété du groupe italien Ferretti qui va reconvertir Riva dans la fabrication de yachts de luxe, passant lui-même sous pavillon chinois (SHIG-Weichai) en janvier 2012.
… un mythe soigneusement entretenu
Tout à côté des bâtiments Riva, symboles de l’architecture industrielle des fifties et des sixties, cohabite RAM, le premier Boat Service Riva, né en 1957, réseau d’assistance des 4 095 canots en bois à la signature chromée prestigieuse, issus de son usine de Sarnico entre 1954 et 1971, qui est toujours propriété du gendre de Carlos Riva. C’est ici que, dans les règles de l’art, sont entretenus et restaurés les bateaux mythiques.
Entre la chaîne des yachts de 35 pieds et la restauration artisanale des vieux Riva, le message passe toujours, porté par les 94 ans du pionnier de la navigation de plaisance. Fiat ne s’y est pas trompé qui affilie, aujourd’hui, son iconique 500 avec Riva. La première voiture citadine qui ne roule pas mais croise ! Le grand Carlos Riva, orfèvre des mers, aura associé pour toujours le glamour et le luxe italien, à la manière d’un Gianmaria Buccellati.