JonOne

Il s’appelle John Andrew Perello, mais c’est sous la signature Jon156, puis JonOne, qu’il s’est fait connaître. Graffeur et artiste américain, il est arrivé à Paris à la fin des années 80. Après les murs ou les wagons de métro, il s’exprime désormais sur des toiles que le monde entier s’arrache.

Aude Bernard-Treille

Vous êtes connu en France, mais votre histoire commence aux États-Unis. Qui êtes-vous JonOne ?
Je suis né à New York et j’ai grandi dans le « Black Harlem », là où beaucoup de Dominicains, comme mes parents, vivaient. Nous habitions à l’angle de la 157e Rue et de Broadway. À 16 ans, j’avais l’habitude de traîner dehors avec mes amis à un block de chez moi, sur la 156e. On passait notre temps à regarder les wagons du métro passer. On faisait partie de ce qu’on appellerait aujourd’hui la « racaille ». J’ai commencé à peindre avec des sprays, je n’avais pas d’argent et mes parents étaient terriblement pauvres.

Vous alliez au lycée ?
Oui, mais c’était pas vraiment mon truc. Mon besoin d’expression était trop fort, j’étais attiré par l’art et la culture, mais, dans notre quartier, il n’y avait pas de vie culturelle, pas de librairie, seulement une bibliothèque.

Vous dites que votre peinture était perçue comme du « vandalisme », mais que vous aviez un réel « appel de l’art ». Pouvez-vous vous expliquer ?
Je traînais avec d’autres artistes très talentueux. Je suis né dans la Mecque du street art, là où ce mouvement est né. On pouvait sentir une réelle énergie et je voulais faire partie de ce mouvement graffiti. C’était l’art de notre génération. Peut-être que les générations précédentes ont manqué de sensibilité pour le reconnaître.

Qui admiriez-vous à l’époque ?
J’ai toujours voulu être comme A1, un artiste du Bronx. Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol étaient très connus, mais ils ne représentaient pas le mouvement street art en tant qu’expression d’une génération.

Quand avez-vous décidé de devenir un artiste à part entière ?
Un jour, j’ai rencontré un vendeur d’art à New York qui vendait des Warhol. C’est à travers lui que j’ai compris l’importance de l’art. Devenir artiste est alors devenu une obsession. J’allais avec lui dans des musées et, un jour, je lui ai demandé : « Quand pourrais-je vivre comme un artiste, à 100 % ? » Il m’a répondu : « Tout ce dont tu as besoin, c’est de penser à la peinture, et le reste viendra à toi. » Cela m’a fait peur, car, autour de moi, personne ne travaillait en dehors du système, chacun gagnait sa vie au jour le jour… Mais j’ai senti que je n’avais pas le choix.

Comment un graffeur de Harlem quitte New York et atterrit à Paris en 1987 ?
Mon art m’a permis de m’évader. J’ai reçu un appel d’un graffeur parisien et, moi qui pensais que le street art était un phénomène de ghetto, j’ai voulu voir comment en France cela pouvait être un art. J’ai rencontré Philippe Lehman, dit « Bando », le pionnier qui a apporté le graffiti à Paris. C’était un mec de bonne famille (les fondateurs de la banque Lehman Brothers) et il m’a demandé de venir peindre un mur à Stalingrad. Selon lui, mon style était suivi ici, à Paris, alors j’ai répondu à son invitation.

C’est quoi votre style justement ?
Je suis un « paint maniac ». Je dépense énormément d’argent en peinture. Beaucoup de gens imaginent le graffiti comme très figuratif, mais mon art est complètement abstrait. Cette abstraction est devenue ma référence. Une identité.
Mon style est comme un sport, je dois bouger devant la toile, il y a une énergie qui se retrouve dans ce que les gens peuvent voir. Et je peux peindre trois toiles en même temps, passant de l’une à l’autre.

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Vous avez collaboré avec la marque Hennessy pour une bouteille de cognac. Racontez-nous.
Mon but était de trouver un moyen de toucher les nouvelles générations et, en tant qu’artiste, on se réinvente en permanence. On a besoin de sang neuf et je veux être une personne de mon temps. La marque parle ainsi aux jeunes générations, elle vit aussi avec son temps.

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour cette bouteille « très spéciale » ?
L’énergie positive. La joie. L’espoir. Tout cela est un résumé de l’assemblage que réalisent ceux qui fabriquent le cognac. C’est un produit qui doit représenter ces moments. Ce sont d’ailleurs les valeurs d’Hennessy, comme « croquer la vie », ne jamais s’arrêter, se dépasser !

Quel est le meilleur compliment que vous avez reçu ?
Je t’aime !

 

Actu

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Du 27 juin jusqu’au 4 novembre, la Maison Hennessy accueillera aux Quais Hennessy, à Cognac, une exposition éphémère sur l’artiste de street art JonOne. C’est lui qui signe la bouteille Hennessy Very Special 2017, une référence dans l’art de l’assemblage grâce à son style unique. Elle sera dévoilée cet été aux États-Unis et sera disponible en septembre.

 

 

 

 

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JonOne signe aussi l’affiche du Longines Paris Eiffel Jumping, qui aura lieu du 30 juin au 2 juillet 2017.

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