Le Mille-feuille du mois

Une petite sélection qui vous aidera à bien choisir votre livre de chevet.

 

Sophie Coste

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La Relève

Fanny Chesnel est romancière et scénariste. Elle délivre une écriture qui nous donne à voir des images précises. C’était déjà le cas pour son premier roman, Une jeune fille aux cheveux blancs. Véritable succès en librairie, Marion Vernoux en avait signé l’adaptation cinématographique sous le titre Les Beaux Jours, avec Fanny Ardant et Laurent Lafitte. Dans La Relève, Fanny Chesnel raconte l’histoire de César, quinze ans. César se réveille un matin, ses jambes refusent de le porter. Commence alors, pour ses parents, la course folle aux examens médicaux. Pourquoi César ne peut-il plus marcher ? Aucun médecin n’arrive à fournir une réponse. Dans une famille aisée qui supporte mal les fausses notes, cet événement va tout remettre en perspective. César venait d’entrer au lycée Louis-le-Grand, tout allait bien. Ou plutôt, tout semblait aller bien. Sa mère, Sarah, et son père, Pierre-Henri, sont anéantis. Pourquoi eux ? Pourquoi leur famille ?
Pourquoi César ? Celui-ci se retrouve enfermé dans un centre de rééducation, parmi d’autres enfants à la vie brisée, où il va devoir repenser son avenir. On pense à l’histoire de Grand Corps Malade et à son film Patients. Les liens se tissent entre les pensionnaires de ce centre, l’amour s’en mêle, la vie se joue entre parenthèses, jour après jour, en mode survie. Il va falloir se relever et avancer. Ce livre nous interroge, nous parents, sur notre capacité à faire face, sur notre incapacité surtout à changer le cours des choses. Il faut apprendre à ralentir, à accepter l’inacceptable, apprendre à ne plus rien maîtriser et faire confiance aux médecins et à son enfant. L’écriture imagée de Fanny Chesnel ferait encore, ici, une histoire forte à porter à l’écran. C’est une auteure avec un sens inné du rythme. Le titre n’est pas choisi par hasard, ce livre est un plaidoyer pour l’espoir, un voyage initiatique entre quatre murs qui nous sort de notre petit confort. La Relève nous rappelle à quel point la vie est fragile. Il est bon et salvateur d’en prendre conscience… 

La Relève de Fanny Chesnel, éditions Flammarion, 19 €.

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Le Cerbère blanc

Le moins que l’on puisse dire est que Pierre Raufast a de l’imagination et le sens du suspense. C’est un récit qui regorge de rebondissements. Tout commence ainsi : Mathieu grandit paisiblement dans la vallée de Chantebrie. Il est lié depuis la naissance à Amandine, sa meilleure amie, son double féminin, puis sa fiancée. Le premier bouleversement sera la mort des parents de Mathieu. Dès lors, ce dernier abandonne Amandine et part vivre à Paris pour suivre des études de médecine. Mathieu fera de l’immortalité son obsession. C’est une narration en construction croisée. Tantôt le point de vue de Mathieu, tantôt celui d’Amandine. Et cette question qui ne nous lâche pas : ces deux âmes séparées se retrouveront-elles ?
C’est un récit haletant, truffé de saillies. Il s’agit ici d’une fable qui m’a fait penser à du bon Marc Levy, en particulier à Et si c’était vrai. Pierre Raufast maîtrise les métamorphoses, assume son univers fantaisiste, convoque les mythes antiques… C’est écrit simplement, sans effet de style, efficace et humble. Pierre Raufast est un conteur qui alpague le lecteur. On se dit parfois qu’il va loin dans l’imaginaire, que c’est un peu tiré par les cheveux, mais on ne décroche jamais. On tourne les pages frénétiquement en se demandant ce qu’il va advenir. Difficile de résumer cet ovni sans trop en dévoiler. Le spectre du Cerbère blanc va vous happer. Ça s’appelle un « bon bouquin ».

Le Cerbère blanc de Pierre Raufast, éditions Stock, 19 €.

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La Caresse du loup

Coup de cœur pour ce livre, le premier roman de Catherine Robert, parfaitement exécuté. Il s’agit d’une histoire tristement banale, celle d’une famille unie et aimante, dans laquelle il fait bon vivre. Une famille que l’on aimerait faire sienne. Une fratrie nombreuse et heureuse au sein de laquelle deux petites sœurs vont vivre l’indicible. Chloé et Clara sont presque jumelles. Elles se partagent deux chambres communicantes. Elles sont liées et complices. Les parents sont irréprochables, la grand-mère idéale. L’homme qui va venir bouleverser l’harmonie est un ami de la famille. Il est hébergé chaleureusement. Il est le bienvenu. Un après-midi, lors de vacances au bord de la mer, Chloé est victime de la « caresse du loup ». Une agression sexuelle. Chloé a 7 ans. Elle s’emmure dans le silence. Elle demande juste à sa sœur, la nuit suivante, de dormir avec elle, lui expliquant que l’homme va vouloir la réveiller. Elle demande juste à sa sœur de dire à l’homme, lorsqu’il se présentera, qu’elle dort. Ce que sa sœur fera. Elle ne saura rien de plus. Fin des vacances. Naissance d’un secret. Chloé et Clara grandissent. Personne ne sait rien. À l’âge adulte, le terrible secret explose. Toute cette petite famille si parfaite se retrouve alors dévorée par la culpabilité. Quand Chloé se laisse partir à la dérive, Clara entreprend de la ramener à la vie. Catherine Robert a la plume vive et juste. Les phrases sont courtes, dans l’économie de mots. Des mots choisis, qui font mouche. Des mots qui nous font vivre le drame sans pathos, sans jugement, seulement dans la description de chaque instant. Une histoire ordinaire que nous relate une écrivaine au plus proche de son sujet : la banalité du mal. Comment se construire après cela ?
Comment continuer à vivre ? Ce livre boulverse jusqu’à la dernière phrase… La Caresse du loup se dévore d’une traite et laisse son empreinte littéraire. Dérangeant et indispensable.

La Caresse du loup de Catherine Robert, éditions L’iconoclaste (sortie le 1er avril), 17 €.

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Le Pays des autres

Le nouveau cru de Leïla Slimani est arrivé. Je l’attendais. D’autant que celui-ci s’inscrit dans une trilogie familiale fascinante. Le Pays des autres est donc le premier opus d’un récit qui nous replonge dans l’histoire douloureuse de la colonisation et de la décolonisation du Maroc. Leïla Slimani traite de son sujet de prédilection : les femmes. Les femmes et leurs guerres. À travers l’histoire de Mathilde, la grand-mère de l’auteure, c’est l’émancipation des femmes qui se joue. Élevée en Alsace, Mathilde grandit sous l’occupation allemande avant de s’accomplir en tant que femme à la Libération. Elle tombe alors amoureuse d’un spahi marocain de l’armée française qu’elle épouse. Mathilde part vivre dans l’exploitation agricole de son mari, à Meknès. Dans ce Maroc colonisé par les Français, les femmes vivent dans un monde d’hommes, de silences, de tabous et de non-dits. Le Pays des autres est certes le pays de l’exil, mais surtout le pays des hommes dans lequel les femmes se battent sans cesse pour exister. Ce couple mixte, paria, apatride, pas assez marocain, pas assez français, devra se construire entre les horreurs de la colonisation et celles de la décolonisation. « Ils étaient à la fois victimes et bourreaux, compagnons et adversaires, deux êtres hybrides incapables de donner un nom à leurs loyautés. Ils étaient deux excommuniés qui ne peuvent plus prier dans aucune église et dont le dieu est un dieu secret, intime, dont ils ignorent jusqu’au nom », écrit Leïla Slimani. Comme j’aime cette auteure ! La plume de Leïla Slimani est grande. Définitivement.

Le Pays des autres de Leïla Slimani, éditions Gallimard, 20 €.

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Toujours en librairie

Chanson bretonne de Jean-Marie Gustave Le Clézio, Gallimard • Les Fleurs de l’ombre de Tatiana de Rosnay, Robert Laffont/Héloïse d’Ormesson.

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