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Montagne : la bosse du ski, comme un air des années 80

Dans le sillage des champions Guilbaut Colas et Perrine Laffont, le ski de bosses, apparu en France dans les années 80, connaît une nouvelle popularité. Un revival fun et bondissant.

Raphaël Turcat

« Quand j’ai vu que, pendant les Jeux olympiques d’hiver en Chine, les plus grosses audiences à la télé concernaient le ski de bosses, j’ai savouré. » Celui qui parle ainsi s’appelle Éric Berthon. Dans les années 80, il a ramassé une flopée de médailles en ski de bosses (champion du monde en 1986, médaille de bronze en 1989) rendant ainsi populaire, bien avant la mégastar Edgar Grospiron, une discipline technique et spectaculaire qui dépoussiérait le ski traditionnel et faisait souffler une grosse dose de fun dans les stations. « Je vois de plus en plus de fans sur les pistes de bosse : ils ont un look avec des couleurs fluo, des pantalons larges, des genouillères de couleurs différentes. C’est assez marrant et ça me rappelle mon adolescence », raconte Gaspard, un quinqua fondu de glisse qui a chaussé ses premiers skis sous Giscard.

 

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Le ski de bosses est apparu dans l’Hexagone à la fin des années 70, importé des États-Unis par Henri Authier, génial skieur acrobatique et gouaille à la Audiard. À l’époque, les Américains sont dingues de ce qu’ils appellent le « hot dog », grand cirque qui réunit les foules – à Sun Valley, Snowbird ou Alta – venues applaudir ces skieurs bondissant dans une ambiance de folie. « D’un coup, plein de skieurs en France ont voulu s’exprimer en cassant les codes. C’était une forme de liberté qui rassemblait tous genres d’originaux, très fiers de skier différemment », continue Éric Berthon.

Challenge constant

Après une éclipse au tournant des années 2000, due à la popularisation du surf et à l’utilisation intensive des dameuses pour gommer les reliefs, le ski de bosses revient à la mode grâce à Guilbaut Colas, qui remporte en 2011 le globe de cristal en bosses et le gros globe de cristal à la coupe du monde de ski acrobatique. C’est reparti pour un tour ! « Le ski de bosses, c’est comme un jeu vidéo, témoigne Heidi, 18 ans et dingue de glisse. À la première descente, tu butes sur la quatrième bosse et, la fois d’après, tu arrives à en enchaîner sept, puis dix, de plus en plus vite. C’est un challenge constant. Et puis, il y a une certaine fierté à rejoindre tes potes qui sont passés par une piste facile quand, toi, tu as pris la piste S (célèbre piste de bosses de Val-d’Isère, NDLR). »

« Des pistes de bosses, il y en a de moins en moins, regrette cependant Éric Berthon. Par chance, il reste la S, le Tunnel à l’Alpe d’Huez, le Crêt du Merle à La Clusaz, le couloir Casserousse à Chamrousse, et puis quelques parks… » Idéaux pour travailler son cardio, ses genoux et ses cuisses, les champs de bosses requièrent aussi une sacrée technique qui trie naturellement les skieurs moyens des cracks de la glisse. « Il faut savoir planter son bâton sur la bosse pour la contourner, s’en servir pour contrôler sa vitesse, travailler verticalement avec les jambes », continue Éric Berthon qui, à 61 ans, avoue que sa petite arthrose le fait grimacer quand il s’élance avec gourmandise sur un champ de bosses.

Du Kazakhstan au Canada

« La compète de bosses, c’est une énorme ambiance. Il suffit des regarder sur YouTube les descentes en duel de Perrine Laffont (championne olympique de la discipline en 2018, NDLR) pour s’en convaincre. Il y a la musique à fond, des sauts dans tous les sens, les skieurs qui descendent en même temps, c’est complètement fou. Et puis, c’est une petite communauté qui rassemble le monde entier : il y a des Européens, des Canadiens, des Américains, des Japonais, des Kazakhs, assure Gaspard qui ne rechigne jamais dès qu’il voit l’ombre d’une bosse. C’est un autre toucher de la neige, une autre façon de vivre le ski, avec les épaules face à la pente et les genoux serrés. »

 

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La coupe du monde de ski acrobatique se terminera le 25 mars 2023 à Silvaplana (Suisse). D’ici là, ça rebondira et ça sautera dans tous les sens à Val Saint-Côme (Canada), Deer Valley (États-Unis), Valmalenco (Italie) et Almaty (Kazakhstan). De quoi ravir les aficionados de bosses et les nostalgiques des années 80.


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