Mumm Grand Cordon, dans les starting-blocks

A l’aune des 140 ans de l’incontournable Cordon Rouge, Mumm lance une nouvelle cuvée, au look futuriste.

Benoist Simmat

Didier Mariotti, chef de caves de la maison Mumm.
Alors que le célèbre Cordon Rouge de Mumm fête cet automne ses cent quarante ans, le plus beau des cadeaux lui a été offert : un grand frère ! La maison vedette du groupe Pernod-Ricard lance en effet en cette fin d’année une toute nouvelle cuvée : Grand Cordon, un nouveau champagne à part entière. Testée à la rentrée sur des zones pilotes (en Suisse) ou des établissements exclusifs (La Folie Douce), la nouvelle bouteille apparaît progressivement sur les rayonnages.
Impossible de la rater, son design marquant la performance technologique du projet : avec son profil élancé (goulot étroit) et son « cordon » concave incrusté dans le verre, Grand Cordon arbore un très réussi costume futuriste. Le designer anglais Ross Lovegrove a été chargé d’imaginer le flacon : « je voulais agiter cette icône du luxe français », aurait-il déclaré à ses commanditaires, commençant par leur proposer de supprimer l’étiquette, ce qui a été accepté !
Son ruban incrusté dans le verre a également contraint les équipes techniques de Mumm à modifier leurs règles de remuage (concentration progressive des dépôts vers le goulot, tête en bas) : « nous avons dû filmer à l’intérieur des bouteilles pour voir comment cet obstacle intérieur influait sur l’opération, et nous y adapter », s’amuse Didier Mariotti, chef de caves Mumm (voir ci-dessous), qui se dit « parti pour plusieurs années » avec ce Cordon du XXIe siècle. Une seule certitude : Ross Lovegrove en a dans sa cave pour jusqu’à la fin de ses jours.

Le joker corse de Mumm

Physique d’athlète, costumes parfois gris acier, Didier Mariotti, quarante-cinq ans, passerait de loin pour un intimidant banquier. Il est plus puissant que cela : chef de caves de la maison Mumm, c’est-à-dire maître après Dieu d’un poids lourd champenois. Et plus proche de ses racines que supposé : « je suis corse, de Calvi, je voyage beaucoup, je suis beaucoup en Champagne, mais je reviens souvent dans l’île, c’est ainsi que je me ressource », déclare-t-il, comme une évidence. On apprend que l’homme, féru de musique depuis son plus jeune âge, s’est fait une spécialité de jouer les DJ lors des soirées de son réseau : « ma philosophie, c’est une bonne musique, un bon champagne, voilà ! ». Le nouveau Mumm, Grand Cordon, dont il a piloté la création, vise les fidèles de ce mode de vie : le monde de la nuit, du partage, de la fête, des bulles et des décibels. Ancien handballeur, ingénieur agronome, fou de voiture, de F1 (ce qui tombe bien !), l’individu est du genre fonceur : il a d’ailleurs été mis en scène sautant en parachute, magnum de Grand Cordon dans les bras, pour les besoins d’une vidéo promotionnelle maison.

DEGUSTATIONS

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le plus inattendu
Lallier Ouvrage

Une cuvée hommage aux gestes champenois ancestraux, fort bien troussée et entièrement travaillée main (dégorgeage à la volée !). Caractère de forte vinosité, de puissance presque liégeuse, qui déroutera ou enchantera. Belle palette de fruits secs, acidité discrète. Unique en son genre.
52 euros (cavistes).

le plus olé-rosé
Veuve Clicquot brut 2008

La dernière livraison de la maison à étiquette jaune est une des plus belles sorties de l’année : nez floral, cuivré, bouche dense et subtile, amandes fraîches, pain grillé, déjà une très jolie palette, alors que ce vin pourra vieillir (très) longtemps. Bulle, structure, palette gustative, 100 % de réussite.
58 euros (coffret vintage), 62 euros le rosé.

Clos-du-Moulin-Rosé-+Coffret Dom-Perignon---Coffret-EOY-Vintage-2006

le plus juppéiste
Cattier Clos du Moulin rosé

Les amateurs de champagnes rosés de table puissants, herbacés et forts en fruits seront comblés : avec son étonnant cocktail fraise-agrumes, ce premier cru fort racé est tout indiqué pour accompagner une fine cuisine exotique ne forçant pas trop sur les épices. Puissant et structuré.
85 euros (avec coffret cadeau).

le plus rock’n’roll
Dom Pérignon vintage 2006

Le dernier DP disponible sur le marché est à la hauteur de la réputation de son concepteur, Richard Geoffroy, au sommet de son art. Si le jus est très mûr, la sensation olfactive est aérienne mais très complexe : fleurs blanches, toasté, un rien solaire, salé. Sans surprise, toujours aussi précis.
150 euros (édition limitée M. Riedel, 165 euros).

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les plus réussi, si si
Laurent-Perrier brut 2008

Un classique sans acrobatie dans ce millésime sage : nez de sureau et de fleurs blanches, bouche dense, intense, légèrement briochée autant que perlante. Beaucoup de volume, et donc un champagne de plats de fêtes (lotte en poêlon). On aime passionnément, pas à la folie.
45 euros (cavistes).

le plus grand seigneur
Ruinart « R » 2009

Sur un millésime aussi chaleureux, le doucereux Ruinart ne déçoit évidemment pas avec, au nez, sa palette franche de fruits d’automne ; en bouche, son méli-mélo fruits secs et praliné. On hésite entre l’apéritif ultrachic sans accompagnement et un tagine de fruits de mer légèrement épicé.
69 euros.

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le plus énamouré
Bollinger La Grande Année 2007

LE classique de la maison, véritable porte-drapeau des grands champagnes vineux, est bien difficile à prendre en défaut sur les millésimes parfaits qui lui sont consacrés : toujours cette onctuosité en bouche, cette persistance, acidité discrète, un nez de miel et d’amandes. Un must.
110 euros (cavistes spécialisés).

le plus stratosphérique
Salon brut 2004

Toute sortie de ce très rare breuvage est un événement (uniquement les années parfaites, ici le 39e millésime en un siècle). 2004 est évidemment bien trop jeune mais déjà en majesté avec, au bout de quelques heures d’aération, l’expression d’un fin brioché, d’agrumes confits, de sensations torréfiées, le tout enveloppé dans un volume impressionnant. De la craie, du poivre blanc, des épices, bien sûr. À conserver en cave encore dix ans, car le roi Salon ne se révèle réellement qu’au bout de deux décennies. Mythique, voire himalayen.
360 euros (cavistes spécialisés).

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