Charlotte Bouteloup de Rémur : À quand remonte votre envie de faire du cinéma ?
Ridley Scott : J’avais cinq ans lorsque ma mère m’a emmené au cinéma voir Gilda et je me souviens avoir été subjugué par Rita Hayworth qui chantait Put the blame on me. Immédiatement, je suis tombé amoureux d’elle et je me suis dit que plus tard moi aussi je ferai des films.
Vous avez réalisé une trentaine de films qui ont majoritairement été de grands succès. Vous vous dites quoi quand vous vous rasez le matin ?
Que je suis chanceux de pratiquer ce métier et que j’aime toujours autant le faire !
Même pas parfois une légère lassitude, au fil des années ?
Non, sur chaque nouveau film je suis excité comme si c’était la première fois [rires] !
Vous êtes diplômé du Royal College of Art de Londres, on sait que vous adorez dessiner et que vous storyboardez vous-même vos scripts. Parlez-nous de l’importance du dessin dans votre travail.
Je dessine tout le temps. Dessiner le script me permet de donner à chaque scène sa géométrie, c’est fondamental. Si vous n’avez pas la géométrie de la scène que vous allez tourner le matin, si vous ne savez pas précisément ce que vous allez faire, alors c’est un cauchemar et vous vous faites « bouffer vivant » par vos acteurs [rires] !
Vous êtes un habitué des grosses productions aux enjeux financiers colossaux. Comment gérez-vous le stress, la pression sur un plateau ?
Je n’ai aucune pression, ni aucune peur. Avant d’être cinéaste, j’ai réalisé une multitude de publicités et j’étais très reconnu dans le métier. Chez vous en France, j’ai réalisé des pubs pour le parfum N° 5 de Chanel avec Carole Bouquet, et beaucoup d’autres en Angleterre et aux États-Unis. Cette longue expérience dans la publicité m’a permis de balayer tout sentiment de peur.
Est-il plus difficile d’impressionner, d’effrayer le public d’aujourd’hui que celui du premier Alien en 1979 ?
Oui, c’est plus difficile car aujourd’hui, il y a beaucoup plus de films et certains sont très bons, ce qui n’était pas le cas avant. Les acteurs ne seront pas d’accord avec moi, mais je trouve beaucoup plus facile de faire rire les gens aujourd’hui que de les effrayer. Les films violents sont de plus en plus nombreux et certains, comme ceux de la franchise Saw, vont tellement loin dans le gore qu’ils frôlent la pornographie… Selon moi, c’est vraiment too much. La violence de la saga Alien est plus discrète, plus retenue, mais croyez-moi, c’est toujours aussi efficace !
Alien, cette petite créature si mignonne, fait partie de votre vie depuis trente-huit ans. Vous dormez bien la nuit ?
Oui, comme un bébé [rires].
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Journaliste cinéma pour France 2, Charlotte Bouteloup de Rémur imprime son regard fort et clair sur le septième art. |