Un destin chamboulé

La nouvelle comédie familiale d’Éric Lavaine, Chamboultout, est librement inspirée de l’histoire de Barbara Halary-Lafond. À la suite de l’accident de son mari, la vie de cette mère de cinq enfants a basculé et elle mène depuis un combat exemplaire. Rencontre avec une femme courageuse.

 

Olivia de Buhren

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Barbara et Jean-Louis mènent une vie heureuse. Des vies professionnelles très actives. Du sport, beaucoup de sport. De la course à pied pour Barbara et du tennis pour Jean-Louis. Mais le week-end de la Pentecôte 2008, tous leurs projets s’évanouissent en un instant. Un accident de scooter à 20 kilomètres/heure. Des mois de coma. Des mots très durs, « votre mari sera un légume à vie ». Cette vie difficile, ces avis pessimistes, Barbara les raconte dans son livre, La Course de la mouette, et dans Chamboultout, le dernier film d’Éric Lavaine, dont elle est également coscénariste. Après 22 mois d’hospitalisation et une volonté d’enfer, Jean-Louis a « presque » déjoué les pronostics. Il est sorti du coma, il a réappris ­­­– aveugle désormais ­­­– les gestes du quotidien. Ses cinq enfants, quant à eux, ont dû apprendre à grandir avec ce papa à tout jamais différent. 

Où puisez-vous la force d’affronter les épreuves de la vie ?

J’ai une histoire particulière, mon père est mort quand j’avais sept ans. J’ai été préparée à vivre des histoires difficiles. Je pense qu’il y a une sorte de fatalité dans les familles.

Pourquoi avoir eu envie d’écrire un livre puis de l’adapter au cinéma ?

La Course de la mouette, ça a été un exutoire pour moi, un testament pour mes enfants et un témoignage pour tous ceux qui vivent la même chose. Pour l’adaptation au cinéma, le réalisateur Éric Lavaine est un ami. Je lui ai envoyé le livre. Quand je l’ai écrit, j’avais des scènes de film en tête, avec des moments d’autodérision. On en a parlé. Il a aimé et on s’est lancés dans l’adaptation.

Quelle vie avez-vous aujourd’hui ?

On a une vie très organisée avec deux aides à domicile en alternance. Nous avons beaucoup d’activités chaque jour. Les copains viennent déjeuner une fois par semaine. Mais le plus difficile a été pour nos enfants. Je les ai surprotégés. Ils étaient dans une énorme souffrance. Mon fils aîné n’invitait plus ses copains à la maison. D’ailleurs, ça a été si difficile que je les ai envoyés à tour de rôle à l’étranger.

Avez-vous des regrets ?

Le seul, peut-être, est celui de ne pas avoir assez dit « je t’aime » à mon mari. C’est une évidence qu’il fallait que je me batte pour lui, pour qu’il vive, mais je ne pensais pas que, dix ans après, il serait encore aussi diminué. J’ai été longtemps dans le déni.

N’avez-vous jamais eu envie de tout laisser tomber ?

Il y a toujours des moments où on a besoin de respiration. La mienne, c’est la pratique du yoga et tous les ans je m’échappe en Inde pour me ressourcer. Un jour, à table, alors que Jean-Louis était absent, ma belle-mère a dit devant les enfants : « Mon pauvre Jean-Louis, je me demande si ça valait vraiment le coup. » Les enfants ont tout de suite répliqué : « Mais bien sûr que si, papa est là, avec nous. »

Comment gérez-vous votre intimité avec votre mari ?

Nous n’avons plus de contact physique ni d’échange intellectuel, mais il y a énormément de tendresse entre nous, beaucoup de respect et d’admiration. Et puis, j’ai quelqu’un d’autre depuis trois ans. Ronan, c’est « l’ami de la famille ». Avec Jean-Louis, ils ont créé une belle complicité. Un jour, on vivra tous ensemble. C’est une histoire exceptionnelle et singulière.

Quel regard porte votre famille sur cet « ami » ?

Ma fille, c’est la princesse de son papa, elle a du mal avec la relation que j’entretiens avec Ronan. Pourtant, il est formidable. Il m’aide beaucoup. Il est kiné et, aujourd’hui, c’est aussi le kiné de Jean-Louis. Un homme incroyable. ça peut paraître bizarre mais, finalement, c’est très naturel.

Quelle a été la réaction de votre entourage ?

Le démarrage a été difficile. On m’a beaucoup jugé. Les gens malveillants disent qu’on est un couple à trois. On s’aime, c’est le plus important, et je prends la vie telle qu’elle est. Je ne supporte plus l’hypocrisie, la jalousie, les faux-semblants.

Que voudriez-vous que les gens retiennent du film Chamboultout ?

L’image de ces femmes qui restent debout malgré le drame du handicap, ou celui de la séparation, et qui, pourtant, se montrent gaies et optimistes. Oui, j’aimerais qu’on retienne l’image de toutes ces femmes solaires qui nous entourent.

Êtes-vous heureuse ?

Le mot « heureux » est trop fort, mais j’ai trouvé un certain équilibre. Ronan me fait du bien. Mes amis me comprennent désormais et mes copines, « les pétillantes », sont là. On boit du champagne ensemble. On profite. On vie !

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Chamboultout d’Éric Lavaine avec Alexandra Lamy, José Garcia, Michaël Youn, Anne Marivin. En salle le 3 avril.

La Course de la mouette de Barbara Halary-Lafond, éditions de la Martinière, 18,50 €. Réédition en poche aux éditions Points le 11 avril prochain.

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