Le climat
Années 1970
C’est la guerre froide et on se les gèle en France. Si, durant le XXe siècle, la température augmente de 0,1 °C toutes les décennies, l’Hexagone connaît une marée blanche de décembre 1970 à la mi-janvier 1971 : le thermomètre descend à –27 °C à Vichy et à Grenoble. Partout, on grelotte, on appelle l’armée au secours, des automobilistes bloqués par les glaces font du train-stop !
Si la sécheresse de 1976 joue le négatif de cet hiver meurtrier, la décennie reste peu ou prou dans les clous du réchauffement climatique. Normal, la production de gaz à effet de serre, principale cause du réchauffement climatique, augmente dans des proportions raisonnables. Durant les cinquante années suivantes, elle va plus que doubler, entraînant une spectaculaire envolée des températures moyennes.
Années 2020
En 2014, le ministère du Développement durable charge le paléoclimatologue Jean Jouzel d’étudier scientifiquement les changements qu’induit le réchauffement climatique en France. Les conclusions pour la période 2021-2050 ? Une hausse des températures moyennes comprise entre 0,6 °C et 1,3 °C (par rapport au +0,3 °C du XXe siècle) ; une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur en été et une diminution des jours anormalement froids en hiver.
C’est cool. Enfin, si l’on oublie les effets pervers : étés à 50 °C ; atmosphère irrespirable ; multiplications des rhinites et des crises d’asthme ; invasions d’insectes tropicaux ; littoraux abandonnés en raison de la montée des eaux… Rendez-nous l’hiver 1970 !
Les moins polluantes : 1970
Les forêts
Années 1970
Gloire soit rendue à Napoléon ! Ratiboisées par la construction navale, les forêts françaises se portent très mal au début du XIXe siècle : alors qu’elles recouvraient la quasi-totalité du pays en l’an 400, elles ne comptent plus que huit millions d’hectares. L’empereur opte pour une politique de reboisement massive qui perdure jusqu’aujourd’hui.
Durant la décennie 1970, les forêts occupent 13 millions d’hectares. Un score dopé par une politique d’enrésinement démarrée dans les années 1960 sous l’impulsion du Fonds forestier national (FFN) : comme dans les Landes ou la Sologne au XIXe siècle, des résineux exotiques (pins noirs, sapins de Douglas, épicéas de Sitka…) poussent un peu partout dans les massifs forestiers feuillus ; permettant une croissance forestière continue. Allez le vert !
Années 2020
On soupire chaque été devant des sécheresses devenues monnaie courante et des feux de forêt qui ouvrent systématiquement les journaux télévisés ; on chiale chaque hiver devant les tempêtes qui emportent les arbres comme des fétus de paille.
Foutues, les forêts ? Pas du tout. Malgré ces tares précédemment énoncées, elles ne se sont jamais aussi bien portées avec leurs 17 millions d’hectares. Elles permettent d’« absorber » environ 28 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre ; soit la totalité de celles émises par le transport en France.
On comprend mieux pourquoi le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation consacre tous les ans un million d’euros aux programmes de recherche et développement sur l’adaptation au changement climatique des forêts. Cours forêt, cours !
Les moins polluantes : 2020
Les voitures
Années 1970
Le monde est le paradis de la bagnole et les Français occupent une très bonne place dans cet éden où on aime appuyer sur le champignon. Pour le président Georges Pompidou, il faut aller vite (et sans ceinture) et « adapter la ville à l’automobile » : des autoroutes sont prévues pour sillonner Paris (le choc pétrolier les limitera aux voies express sur les deux rives) !
Pourtant, le tout nouveau ministère de l’Environnement souligne déjà les méfaits de la pollution automobile : on ne parle pas encore d’émissions de CO2 ; mais, déjà, du développement de la voiture électrique après que, en 1973, le prix du baril de pétrole grimpe en flèche. C’est la crise, on lève le pied partout et on commence à s’intéresser à l’environnement.
Années 2020
Georges Pompidou est parti à la casse depuis longtemps, mais pas la voiture. En 1970, le parc automobile français comptait 13 millions de véhicules. En 2020, 40 millions, soit trois fois plus. La France, folle du vélo et des transports alternatifs ? Hum, hum…
Les voitures diesel mènent la course (58,7 % du parc), celles à énergies alternatives fermant le peloton (2,3 %). Dans notre beau pays, 48 000 décès sont attribués chaque année à l’exposition aux particules fines – dont le trafic routier est responsable d’environ 10 %. Si les choses tendent à s’améliorer doucement, on a encore les bronches qui sifflent.
Les moins polluantes : 1970
Les déchets
Années 1970
Les années 1970 sont une décennie où le plastique devient roi. Elles sont aussi celles du tout jetable. On ne recycle pas, ou très peu (une tonne de déchets ménagers dans une décharge coûte 50 euros) ; et chaque citoyen français génère en moyenne 280 kilos de déchets ménagers par an. Sans compter ceux de l’industrie, qui s’en donne à cœur joie à la fin des Trente Glorieuses.
En 1975, la France croule sous les ordures. Le principe REP (responsabilité élargie du producteur) est alors inscrit dans la loi et prévoit que les entreprises mettant sur le marché des produits qui deviennent ensuite des déchets doivent prendre en charge leur gestion en fin de vie. À chacun sa merde, en quelque sorte.
Années 2020
Bye bye le plein emploi, mais les Français consomment toujours plus et produisent donc toujours plus de déchets : chaque habitant de l’Hexagone génère 354 kilos de déchets ménagers par an. Sauf que du tout jetable, on recycle ! Avec 65 % de déchets recyclés ou incinérés, la France donne l’exemple en faisant partie des six pays européens dont la moyenne dépasse les 50 %.
Nous sommes devenus à ce point attentifs que notre production de déchets baisse de 0,65 % par an depuis une quinzaine d’années. Mais entre la baisse de consommation due à la crise des subprimes puis celle liée au Covid, les chiffres peuvent s’avérer trompeurs : de 2014 à 2020, le volume de déchets produits par habitant est reparti à la hausse.
Les moins polluantes : 2020
L’empreinte carbone par habitant
Années 1970
Ça ne fait pas l’ouverture du journal télévisé de Raymond Marcillac, mais, le 29 décembre 1970, l’empreinte écologique de l’humanité dépasse pour la première fois sa biocapacité (« jour du dépassement »). Tout le monde ou presque s’en fiche comme de sa dernière poubelle, puisque les émissions de CO2 sont une preuve que l’économie se porte à merveille.
On construit à tour de bras ; les banlieues poussent comme des champignons ; on consomme avec la même frénésie que l’on jette et l’empreinte carbone par habitant s’envole. L’empreinte carbone ? Les émissions de CO2 produites par les transports ; le logement ; les services publics et de santé ; les biens de consommation ; l’alimentation (viande et poisson) ; divisées par le nombre d’habitants. En 1970, chaque Français produit 8,45 tonnes de CO2 avant que le chiffre ne s’envole à 9,71 tonnes en 1973. C’est énorme.
Années 2020
Les chocs pétroliers (1973 et 1979) ont eu au moins cet avantage : l’idée que l’écologie comme discipline et comme pensée politique peut constituer une réponse aux dommages mis en lumière par la science. Depuis ces événements, donc, nous avons appris à mesurer nos gestes pour les rendre plus verts.
Pourtant, rien ne va : en 2020, le jour du dépassement s’est situé à la mi-septembre. Et si le niveau d’émission de gaz à effet de serre par personne reste relativement stable depuis 1995, il demeure incompatible avec les objectifs de l’accord de Paris (un réchauffement limité à +2 °C en 2100). Chaque Français continue de produire 7,5 tonnes de CO2 par an. C’est mieux que dans les années 1970 ; mais tout reste à faire avant que nous ne grillions sur une Terre transformée en barbecue géant.
Les moins polluantes : 2020
Grandes gagnantes : les années 2020
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