Les 6 commandements du randonneur à ski

Plus de remontées mécaniques ? Déjà plébiscitée par beaucoup d’adeptes, la randonnée en montagne devient l’une des stars de l’hiver 2020-21. Mais loin d’une gentille promenade en altitude, elle exige une discipline dont voici les grandes lignes.

Raphaël Turcat

De la nature tu t’enivreras

Le Covid n’a pas tué que 70 000 Français, il a aussi occis le ski alpin tel que la plupart le pratique pendant la période hivernale : pistes encombrées ; cohues aux télésièges ; additions salées après le ski. En plein essor depuis quelques années, le ski de randonnée en a profité pour combler la frustration des accros aux (hors) pistes.

Après tout, ce n’est que justice : le ski de randonnée est l’ancêtre du ski alpin ; qui fait remonter à une époque où la montagne était vierge de pylônes et de combinaisons fluo. « Le ski de randonnée, c’est la communion avec son environnement, un retour à la nature qui provoque des sensations difficiles à décrire lorsqu’on ne les a pas vécues, explique Martin, randonneur de 35 ans. Il n’y a pas de traces, on croise des coqs de bruyère ; des chamois ; des bouquetins ; on dort dans des refuges… C’est inouï de découvrir la montagne de cette manière. »

Du massif de la Vanoise (Alpes) à la montée de Chamecaude à Saint-Pierre-de-Chartreuse, du pic d’Anie (Pyrénées) à la Grande traversée du Jura, les témoignages sont tous les mêmes. La montagne, ça vous gagne ; surtout quand elle est aussi sauvage ! 

De ton physique tu te préoccuperas

Le ski de randonnée, ça n’a l’air de rien à première vue : au pire une balade un peu éprouvante, histoire de s’aérer les poumons et d’améliorer son souffle. En réalité, la discipline est très éprouvante et pourrait s’assimiler à une longue course du type semi-marathon.

« C’est le principe de l’endurance : les muscles travaillent doucement mais longtemps. À l’effort de la montée, il faut ajouter l’altitude qui rend l’oxygène plus rare et chaque geste plus pénible au fur et à mesure de l’avancée. Les jambes deviennent lourdes en montée et les cuisses brûlent en descente », explique un guide.

Celui-ci conseille aux candidats randonneurs abonnés au télétravail de lever le pied sur le tabac ; d’oublier les transports en commun pour s’astreindre à au moins six mille pas par jour ; et de se lancer à l’assaut d’escaliers plutôt que de flemmarder dans un ascenseur. Les sports qui assurent une endurance du feu de dieu ? Le vélo, la natation, le running et l’apéro (non, ça c’est une blague).

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Ton aventure, méticuleusement tu organiseras

Comme pour la mer, la montagne est une splendeur qui reste une ennemie. Vous la croyez belle et aguicheuse, elle se révèlera sauvage et imprenable. Ne jouez pas aux frères Meyer, ces grands explorateurs des Alpes du début du XXe siècle : une initiation avec un moniteur ne cassera pas votre PEL mais vous garantira un maximum de sécurité.

Tout comme le trajet de votre périple qu’il faudra soigneusement étudier ; surtout s’il vous emmène hors des sentiers battus et pistes balisées. N’oubliez pas de remplir votre sac de victuailles et d’eau. Enfin, apprenez à évaluer votre trajet en dénivelé (vous partez de telle altitude pour accéder à telle autre) et pas en kilomètres.

Ainsi, un dénivelé de mille mètres prend entre trois et quatre heures pour la montée et une heure pour la descente. Oubliez le Donormyl le soir, vous dormirez comme un bébé.

Ton matériel, avec soin tu choisiras

Les skis de randonnée sont des skis classiques mais plus légers. La grosse différence se situe dans les fixations. Elles laissent le talon libre pour la montée et se raccrochent au moment d’entamer la descente. Immense bonheur : la chaussure de ski habituelle laisse la place à une chaussure plus molle, une pantoufle, que dis-je ?, une slipper ! qui fait passer la chaussure de ski rigide pour un brodequin du Moyen-Âge.

Revers de la médaille : si elle est très agréable pour la montée (à condition d’avoir choisi une pointure pas trop grande sinon, gare aux ampoules dues aux frottements), elle enserre moins les chevilles pour la descente ; ce qui rend l’exercice plus périlleux.

Sous les skis, on attache des peaux de phoques, qui n’ont de phoque que le nom puisqu’il s’agit de mohair ou de synthétique ; contrairement aux Inuits qui ont longtemps utilisé la fourrure des protégés de Brigitte Bardot. 

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À la descente tu penseras

Pour beaucoup de wannabe randonneurs, le ski de rando est synonyme de montée tout en profitant d’un panorama hors du commun. Il y a pourtant méprise sur la marchandise : « Les nouveaux randonneurs ont rarement idée de la descente et c’est souvent le moment le plus difficile, explique un randonneur de Val-d’Isère. Il y a quinze jours, je me suis moi-même retrouvé dans un mur très pentu et entre la neige épaisse ; la fatigue de la montée ; et les fixations de rando qui font déchausser beaucoup moins facilement que les fixations classiques ; je ne faisais pas vraiment le fier. » 

Des dangers tu te préserveras

Qui dit ski dit neige, qui dit neige dit avalanche. Cette relation stéréotypique est bien connue des amoureux de la montagne et, pourtant, chaque saison emporte son lot d’aventuriers intrépides ; comme le 22 janvier dernier, où le corps d’un homme, parti seul en randonnée, était retrouvé sans vie dans le massif des Bauges en Savoie. Pourtant équipé d’un DVA (détecteur de victime d’avalanche), le malheureux a été emporté par une coulée de neige fatale.

De ce drame, il faut tirer plusieurs leçons, surtout si l’escapade emprunte des passages hors-pistes : ne jamais partir seul ; enregistrer le numéro de téléphone des secours ; étudier la météo avec soin avant de se lancer ; lire le BERA (bulletin d’estimation du risque d’avalanches) ; fourrer dans son sac à dos airbag une carte IGN avec les courbes de niveaux – « Bon à savoir : à moins de 30 degrés, une pente ne peut pas subir d’avalanche », explique un guide de Tignes ; embarquer DVA, pelle et sonde pour se protéger et protéger les autres.

Enfin, faire résonner un mantra d’André Georges, mythique alpiniste suisse – « La chance, nous en avons tous un certain degré mais il ne faut pas trop la provoquer » – avec cette réflexion de Boris Vian : « La montagne offre à l’homme tout ce que la société moderne a oublié de lui donner. »


Engouement pour le ski de randonnée à Courchevel

C’est à Courchevel que fut créé en 2012, pour la première fois, un itinéraire de ski de randonnée sécurisé et damé. Devant l’engouement suscité, l’activité perdura. Désormais, la station met en place 3 itinéraires de ski de randonnée temporaires. Ces derniers se trouvent sur des pistes sécurisées, jalonnées, balisées et sont accessibles depuis les fronts de neige de Courchevel Moriond et Courchevel 1850.

Deux itinéraires permanents sont également ouverts ; ce qui porte à 5 les itinéraires ski de randonnées accessibles dans la station :

– La Millet Ski Touring : 3,2km, 500m de dénivelé ;

– La Plum MOONtain Race : 4,8km, 920m de dénivelé.

Ces itinéraires sont accessibles de 9h00 à 16h30.

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