La voiture de demain sera électrique et autonome, intelligente et connectée. En quelques années, tout va changer pour les consommateurs. Grâce à des dispositifs ultrasophistiqués de caméras, de capteurs et de calculateurs traitant des milliards de datas, ils pourront, en toute sécurité, faire autre chose que conduire pendant les déplacements : lire, regarder une série ou travailler, par exemple. Et dans les taxis, il n’y aura plus de chauffeurs. Parallèlement, le système de l’auto partagée se généralisera. On achètera des temps de parcours et des usages à durée limitée plutôt qu’un modèle pour la vie.
Ces changements ne relèvent pas de la science-fiction. Des véhicules autonomes circulent ainsi déjà un peu partout dans le monde, y compris en France. Aux États-Unis, des mini-camionnettes robotisées se faufilent dans le trafic pour livrer des colis. Tout s’accélère, notamment sous la pression des nouvelles règles environnementales mises en place par les États et les villes.
Cinq leaders de la mobilité autour de la Software République
Pour les constructeurs automobiles, c’est une révolution majeure. Ils passent brutalement de l’âge industriel à l’ère de la tech dominante. Conséquences : ils ne travaillent plus avec les mêmes fournisseurs ; ils multiplient les alliances avec des start-ups et embauchent des centaines d’informaticiens. Et ils doivent faire vite pour ne pas laisser la place à de grands acteurs du digital ; comme Google ou Amazon, avec lesquels ils ont commencé par ailleurs à collaborer. Le danger ? Devenir de simples sous-traitants des GAFAs, faute de maîtriser suffisamment les technologies du futur.
C’est notamment pour garantir cette indépendance à long terme que Luca de Meo, le nouveau directeur général de Renault, a eu l’idée de lancer la Software République. Cette initiative originale, présentée le 9 avril dernier, rassemble cinq grands acteurs industriels français de taille mondiale.
Aux côtés du groupe automobile, quatre leaders dans leurs domaines, Atos ; Dassault Systèmes ; STMicroelectronics et Thales ont décidé de « s’unir pour créer un nouvel écosystème ouvert pour la mobilité intelligente et durable ». Les partenaires, qui travaillaient déjà les uns avec les autres sur différents projets, « envisagent de développer et de commercialiser des systèmes et des logiciels au service d’une offre de mobilité enrichie et durable pour les territoires, les entreprises et les citoyens ».
Optimisation et innovation
Vaste programme qu’ils appliquent d’emblée dans deux domaines : d’abord, le développement de nouvelles technologies et de services de charge des batteries électriques. L’idée est de permettre à une voiture électrique branchée sur une borne compatible d’être automatiquement reconnue et d’effectuer une charge facturée sans intervention de l’utilisateur.
Ensuite, l’optimisation des flux de mobilité pour les territoires. Il s’agit de faciliter l’accès et la simulation des échanges d’informations de mobilité, de façon instantanée et ouverte à l’échelle du territoire. Le consommateur pourra ainsi toujours sélectionner le meilleur schéma de transport en fonction de critères comme le temps, le confort ou le coût énergétique.
La Software République souhaite aussi booster l’innovation. Un fonds d’investissement « destiné à financer les start-ups les plus prometteuses » sera créé ; ainsi qu’un incubateur qui hébergera les jeunes entreprises spécialisées dans les technologies destinées à la mobilité intelligente. Ce cluster s’installera non loin de l’école Polytechnique, sur le plateau de Saclay, le principal pôle de recherche en France.
Pour muscler leur force de frappe, le Groupe Renault et ses alliés recherchent maintenant d’autres partenaires ; dans des secteurs comme les télécommunications ou les assurances. Il n’est pas impossible que, dans un proche avenir, le club des cinq devienne le clan des sept.
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