Julien Doré, « Aimée » en vert et contre tout

Avec son cinquième album pop, l’un des artistes les plus populaires de France troque ses souffrances amoureuses contre ses inquiétudes face au monde de demain.

Olivia de Buhren

En 2008, avec son premier album Ersatz, Julien Doré a rapidement fait oublier ses débuts dans l’émission de divertissement La Nouvelle Star. On a découvert un artiste capable de manier les sons rock, pop et électro avec une aisance que beaucoup lui envient. Il a conquis le cœur de tous et le mien avec…

Après trois ans d’absence, il fait son grand retour avec un album engagé. Loin de ses chansons d’amour qui ont fait sa réputation, il propose cette fois-ci onze titres teintés de préoccupations environnementales. Nous l’avons rencontré au Grand Hôtel de Paris. Il était posé et séduisant, à son image. Rencontre.

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par Julien Doré Øfficiel (@jdoreofficiel)

Qui est Aimée, le titre de votre album ?

Julien Doré : Aimée, c’est d’abord un mot de la langue française que l’on entend souvent sous la forme du verbe et qui est, à mon goût, un petit peu trop impératif. Et, puis, c’est aussi le prénom de ma mère et de ma grand-mère qui va avoir 100 ans cette année.

Pourquoi avez-vous fait le choix de ce prénom ?

L’album était fini en février dernier. Je n’avais toujours pas trouvé le titre de mon album. Et puis, il y a eu le premier confinement pendant lequel je ne pouvais pas voir ma grand-mère pour la protéger. À ce moment-là, son prénom m’est apparu différemment, et même évident comme titre de mon album. Je trouvais ça joli de l’utiliser au participe passé féminin. Ça lui donne une autre dimension. Ça me plaît !

Comment votre grand-mère a-t-elle réagi ?

Elle était touchée que son prénom soit le titre de mon album. Elle adore la musique et elle aime danser. Pendant ces trois dernières années, je l’ai beaucoup vue. Elle s’est beaucoup souciée de mon avenir et de mon parcours. Elle ne voulait pas que je m’arrête ; je l’ai écoutée.

De quoi parle votre album ?

À travers onze chansons, je parle de transmission, sous différents angles : celui de ma grand-mère, celui des enfants et, bien sûr, le mien.

Avez-vous des collaborations sur certains titres ?

Oui, il y en a plusieurs. Chaque collaboration de mon album est une rencontre. Que ce soit Clara Luciani ou Caballero & JeanJass. Pour chacun, je savais qu’on allait travailler ensemble. J’ai réalisé qu’en partageant des titres, ça apportait quelque chose de différent et de très fort à ma musique.

Lire aussi : Clara Luciani, la grenade de l’été

Pourquoi avez-vous déménagé dans le sud ?

Parce que je me l’étais promis… Je ne suis pas du tout citadin dans l’âme. Je ne suis pas à l’aise en ville. Je m’étais dit que je reviendrais dans le sud si un jour, je pouvais vivre de ma musique. J’ai eu de la chance, ça a été possible. Si j’ai eu envie de partir, c’est parce que j’ai voulu disparaître médiatiquement un moment. Ça me fait peur d’être médiatisé. Je trouve ça dangereux. Pendant ces trois dernières années, j’ai vécu la vie que j’avais avant La Nouvelle Star, j’ai réappris à me servir de mes mains. J’ai bricolé ma maison, je me suis occupé de mon potager

Julien Doré en studio © Goledzinowski

Aviez-besoin de prendre l’air ?

J’avais envie d’être dans autre chose. Je ressentais vraiment que j’avais besoin de digérer ce que j’avais vécu avant, avec mon précédent album : un disque de diamant, ma première tournée au Zénith et à Bercy… C’était la première fois de ma vie que je jouais devant tant de gens, j’avais besoin de redescendre.

Qu’avez-vous appris durant ces trois dernières années ?

Une forme de prise de conscience sur beaucoup de choses, surtout mon rapport à l’humain et à la terre. Je suis moins affolé par la notoriété. Ce qui compte maintenant, c’est que ma famille et mes amis soient en pleine santé. Je suis revenu à ce que j’étais tout simplement. Aujourd’hui, je suis à nouveau content de refaire de la promo, de faire des interviews, de penser que je vais remonter sur scène. La musique, c’est ma vie. Je m’en suis aussi rendu compte.

Avez-vous le sentiment d’avoir pris un virage dans votre musique ?

Oui, il y a évidemment un virage dans mes sons, mais c’est aussi dû à l’époque dans laquelle on vit. Je pense qu’on a tous un regard différent sur le monde. Pour la première fois, j’étais en duo avec Tristan Salvati qui est ultra talentueux. On a avancé très vite ensemble en studio.

Vous parlez toujours d’amour, mais différemment. Dans le texte de La Fièvre, vous dites : « Je veux plus écrire les peines, que le féminin m’a fait. Dites à Jacquie & Michel de venir me chercher. Moi, je veux faire comme tout l’monde, je veux juste un peu douter ».

Je ne veux plus chanter les chansons d’amour que j’ai pu écrire dans les albums précédents. Ça n’aurait pas eu de sens de les faire dans cet album-là. J’avais envie de parler du monde dans lequel on est.

Vous parlez du monde de demain et de l’urgence climatique. Êtes-vous révolté ?

Oui, comme beaucoup de monde, je pense. Il y a une différence entre être profondément inquiet et le dire en criant. Je le dis posément dans mes chansons. Ça n’enlève en rien ma révolte intérieure, mais je refuse de l’exprimer pour nourrir le bruit médiatique ambiant.

Comment imaginez-vous l’avenir ?

En vert ! Les enfants sont très présents dans mes chansons parce qu’ils sont l’avenir. Ils portent l’espoir pour demain. J’y crois. Je ne peux pas faire autrement.

Lire aussi : L’appel de la nature

Beaucoup de questions sont posées, avec une pointe de dérision. Avez-vous des solutions ?

Non, justement, aucune. Je ne veux donner aucune leçon sur rien. Je suis comme tout le monde, je n’ai pas de réponse sur le monde à venir. Je me pose les mêmes questions. Je veux juste que les gens prennent conscience de la gravité de la situation pour ne pas laisser le monde se défaire. Le point d’interrogation est partout dans chacune de mes chansons. Je ne peux pas répondre à nos inquiétudes, mais je les soulève.

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par Julien Doré Øfficiel (@jdoreofficiel)

Et sinon, parlons de choses vraiment importantes : comment vont vos chiens ?

Ils vont bien ! Je les retrouve demain chez moi !

Qu’est-ce que je peux vous souhaiter ?

Beaucoup de bienveillance !





Aimée, nouvel album de Julien Doré

Partager cet article

A lire aussi
48 heures milan

48 heures à Milan

Si l’Italie est bien connue pour être un musée à ciel ouvert avec ses églises baroques, son histoire, sa peinture ou encore son architecture, Milan ne fait pas exception à la règle. On se balade ainsi d’une rue à l’autre, les yeux tantôt levés pour admirer des fresques perchées, tantôt baissés pour contempler mille et une statues. Visite guidée le temps d’un week-end.

tea time ladurée

L’heure du thé chez Ladurée

Au cœur de son écrin restauré des Champs-Elysées, Ladurée dévoile un savoir-faire maîtrisé pour un tea time à la française dans un décor à l’esprit historique.

body float

On a testé pour vous le body float

Les meetings s’enchaînent, la frénésie urbaine n’est pas prête de s’arrêter (encore moins avec les beaux jours) et vous vous sentez déconnectés ? La rédaction a testé pour vous le body float, une expérience immersive où la gravité disparaît au profit d’un moment de méditation intense.