Le destroy chic Benjamin Biolay

Après deux années de tournée, l’auteur-compositeur-interprète remontera sur scène accompagné de son acolyte Melvil Poupaud. Ensemble, ils interpréteront leur Songbook. Rencontre avec un artiste de génie.

Olivia de Buhren

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Ma journée commence idéalement. Petit déjeuner au Café de Flore et hop, je pars rencontrer Benjamin Biolay. Il me reçoit dans ses studios d’enregistrement, rue de Seine, à Saint-Germain-des-Prés. J’ouvre la porte et plonge dans ses yeux intensément bleus. Je fonds. Il est là, bien coi é, clope au bec, costard, dandy au charme redoutable. J’ai vraiment de la chance… et je compte en pro ter au maximum.

Olivia de Buhren : Après deux années de tournée, tu enchaînes directement sur une série de concerts avec Melvil Poupaud. Tu ne t’arrêtes jamais. Hyperactif, Benjamin ?

Benjamin Biolay : Oui, c’est vrai que je suis très actif et, quand je me pose, ça ne se voit pas. Pendant ces phases, je suis centré sur ma famille. Sinon, le reste du temps, je vis presque uniquement à travers mon travail. J’écoute ma musique, je m’endors, je me réveille le lendemain, j’écoute à nouveau, je bois du café, je remets le son. C’est ma vie. Ma prochaine tournée en juillet avec Melvil sera beaucoup moins éprouvante physiquement que mes deux dernières années, parce que ce ne sont pas des concerts de festival. Mais ce ne sera pas pour autant une promenade de santé.

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OB : D’où t’est venue l’idée de réaliser Songbook ?

BB : Avec Melvil, on avait envie de jouer ensemble, de partager des moments forts et de s’éclater. On a choisi un répertoire de vieilles chansons qui nous plaisent, comme celles de Juliette Gréco. Pour le reste, ce sont des chansons à moi que j’avais composées pour d’autres, mais qui n’avaient pas pu être publiées.

OB : Dans Songbook, tu fais pas mal de reprises de chansons. Cela t’est souvent arrivé dans le passé, notamment avec ton album sur Charles Trenet. Qu’est-ce que cela représente pour toi de faire des reprises ?

BB : C’est une bonne question. À certains moments, on réinvente la chanson. À d’autres, on veut la jouer comme si c’était du Mozart, c’est-à-dire avec plus de respect pour l’original. C’est très particulier comme exercice. Il y a une part de création dans la reprise. En même temps, avec ma petite technique d’artisan auteur-compositeur, j’arrive à comprendre comment l’artiste a travaillé. Je rentre dans son intimité, je décortique toute la chanson.

OB : Te souviens-tu de la première fois où tu as chanté ?

BB : C’était au collège. J’avais monté un groupe, mais je ne chantais pas, je faisais les chœurs. Par la suite, au Lycée Musical de Lyon, on me demandait régulièrement d’interpréter une chanson d’Elvis au spectacle de fin d’année. Parce que j’avais des facilités à chanter en anglais. Depuis, ma voix s’est beaucoup améliorée, j’ai une meilleure technique vocale.

OB : Tu préfères chanter ou composer ?

BB : Le pied, pour moi, c’est de chanter une chanson que j’ai composée.

OB : Être deux sur scène, ça te plaît ?

BB : Oui, je n’ai jamais aimé être seul. J’ai fait une carrière solo parce que c’était plus simple, mais j’aurais adoré jouer dans un groupe, et je l’ai fait d’ailleurs. J’ai commencé ma carrière avec L’Affaire Louis’ Trio, ce sont mes meilleurs souvenirs de musique. J’ai travaillé avec Keren Ann, avec Hubert Mounier. Je n’ai jamais été tout à fait seul. Ce n’est pas mon truc. J’ai le même directeur artistique, Thierry Planelle, depuis le premier album. Je ne crois pas à la solitude.

OB : Pourquoi ne pas remonter un groupe dans ce cas ?

BB : Je me suis emmerdé pendant des années à créer une marque un tout petit peu connue. Je ne vais pas tout recommencer à zéro !

OB : Ça va, les chevilles ! Comment vous vous êtes connus avec Melvil Poupaud ?

BB : Nos filles étaient copines. Elles avaient deux ans quand elles se sont rencontrées. Elles aimaient déjà la musique. Je me souviens de ma gamine quand j’écoutais des chansons, elle était comme une folle. Son artiste préféré, c’était Biggie Smalls, alias The Notorious B.I.G. Melvil et moi, on est devenus potes à ce moment-là. Il a joué sur mon album Palermo Hollywood.

OB : Partir en tournée, c’est cool ou pas ?

BB : Quand c’est une vraie tournée organisée, oui, c’est chouette. Sinon, c’est l’enfer. Je n’en peux plus des dates qui s’enchaînent sans répit et qui n’ont aucun sens.

OB : Un souvenir de ta première véritable scène ?

BB : C’était à Athènes, pour Aïda de Verdi. J’étais vingt-deuxième violon. Il y avait beaucoup de monde, mais je n’étais pas stressé. En revanche, je me souviens d’avoir gagné un concours où je devais jouer un concerto de trombone avec un grand orchestre. Là, j’avais un bon gros flip. Tu montes sur scène et tu te dis : « Bon là, il ne faut pas merder. »

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OB : Et le stress du conservatoire, ce n’est pas horrible ?

BB : Moi, je n’ai jamais eu l’angoisse du concours, je m’en foutais complètement. Ma sœur aînée est flûtiste traversière. Elle est merveilleusement douée, bien plus que moi, mais, comme elle a toujours été bouffée par le trac, elle n’a jamais réussi. Moi, je travaillais gentiment, j’arrivais et je défonçais tout.

OB : Tu te souviens de la première place que tu as achetée pour un concert ?

BB : Est-ce que j’ai déjà acheté une place, c’est ça la question. Ah si, je me souviens d’avoir payé pour l’anniversaire de mon cousin quand on était gamin. Un concert de James Brown.

OB : Un concert où tu as pleuré ?

BB : Il y en a plein. Celui de Kanye West, d’Amy Winehouse. Et aussi pour du classique.

OB : Quel est le dernier concert que tu as fait ?

BB : Un concert du groupe Ibeyi. J’ai vraiment kiffé, je suis fan. C’était leur premier concert en Argentine.

OB : Es-tu déjà allé à un concert par amour ?

BB : Je suis allé deux-trois fois voir Lloyd Cole and the Commotions, alors que je n’en avais rien à cirer. Juste pour plaire à ma dulcinée.

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OB : Un concert où tu rêverais d’aller ?

BB : Là, je vais voir The Voidz, l’un des groupes les plus intéressants du moment. Pour moi, Julian Casablancas, le chanteur, est l’un des meilleurs au monde. Il y a aussi Frank Ocean que je veux voir absolument !

OB : As-tu le souvenir d’un moment un peu « chaud » dans ta carrière ?

BB : Non, tout est chaud marron. Parfois, on sort de scène, on se dit que c’est génial et puis après on se rappelle que, pendant les cinq premières minutes, on a ramé comme un chien, qu’il y a eu trois larsens. À la fin, c’est comme un match qu’il a fallu remporter à l’arrache.

OB : Une scène où tu rêverais de jouer ?

BB : Un petit jeune dirait au Madison Square Garden, moi je n’en ai rien à secouer. Au Vatican, ça me ferait marrer, ou à la chapelle Sixtine. Les endroits mythiques le sont parce des artistes y ont fait des concerts mythiques. Ce n’est pas l’endroit en lui-même qui est important. La scène où j’aime jouer ici, c’est le Casino de Paris. Je l’ai fait plein de fois et j’accepterai encore et encore.

OB : Les premières chansons qui t’ont fait aimer la musique ?

BB : Un de mes cousins avait monté une radio libre qui s’appelait H2 Ondes. Ils avaient une programmation éclectique, super indé. Ils passaient beaucoup de disques des Smiths. Ce sont des trucs qui ne s’entendent pas forcément dans ma musique, mais Morissey est le premier qui m’a donné envie, après les Beatles. Évidemment, ils passaient aussi les disques de Gainsbourg, de Niagara, un peu de L’Affaire Louis’ Trio, des Rita Mitsouko, mais surtout de la pop de Manchester ou des titres des Beastie Boys. C’était très éclectique.

OB : Aujourd’hui, tu écoutes quel type de musique ?

BB : De tout. Beaucoup de merdouille latino : Nicky Jam, Bad Bunny… J’adore le reggaeton de Porto Rico. J’écoute beaucoup un groupe qui s’appelle Calle 13 et aussi le chanteur Residente. À part ça, les Arctic Monkeys, les Parcels…

OB : Y a-t-il des musiques qui t’angoissent ?

BB : Le jazz-rock, je pense, le be-bop et surtout le rock français. Quand j’en entends à la radio, je change direct. John Lennon disait que « le rock français, c’est comme le vin anglais ». Et c’est vrai !

OB : Avec quel artiste aimerais-tu faire un live ?

BB : Julian Casablancas.

OB : Ce serait où ?

BB : Où il veut. Pouvoir travailler avec lui, ce serait juste le pied !

OB : Ton concert le plus mémorable ?

BB : Mon premier à Buenos Aires. Je ne m’y attendais tellement pas, c’était inoubliable. Je pensais qu’il y allait avoir 40 personnes et, en fait, il y avait 1 200 Argentins qui gueulaient parce que j’avais une chanson qui passait à la radio. En plus, à l’époque, je ramais vachement en France. Je venais de me faire virer par Virgin. C’était bizarre, génial, magnifique !

OB : As-tu un rituel avant de monter sur scène ?

BB : Rien du tout. Un verre de vin, un verre de flotte…

OB : Toujours en costume ?

BB : Non, pas forcément, surtout en festival. No look.

OB : Ton adresse resto après un concert ?

BB : Le Volver, au 18 rue Dauphine dans le VIe, pour manger un énorme morceau de barbaque et de la salade avec un verre de malbec.

OB : La prochaine fois, je t’accompagne.

BB : Avec plaisir !

 

Songbook de Benjamin Biolay et Melvil Poupaud. Du vendredi 29 juin jusqu’au 1er juillet 2018 aux Folies Bergères et le mardi 19 février 2019 à l’Olympia.

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