Les animaux sont-ils green ?

L’homme serait la cause de tous les maux de la planète. Mais les animaux sont-ils adeptes du tri sélectif et de l’anti-gaspi ?

 

Raphaël Turcat

Vous l’ignoriez sans doute, mais sachez que votre (éventuel) chien de compagnie, celui à qui vous pardonnez de s’essuyer sa bave sur le canapé lorsqu’il vous regarde avec ses petits yeux remplis d’amour, polluerait plus qu’un… 4×4. La cause de cet étonnante révélation ? La composition de sa litière, le plastique de ses jouets et des sacs pour ramasser ses crottes, les matériaux nécessaires à l’emballage de sa nourriture – on en passe – font monter l’impact carbone du sympathique canidé à 0,84 ha/an contre 0,4 pour un véhicule tout-terrain (source Global Footprint Network 2014).

Les animaux, pas écolo pour un sou ? Oui. Mais non. C’est avant tout l’action humaine qui tend à dérégler un système reposant sur un fragile équilibre. Ainsi, les pets des vaches françaises, qui émettent autant de méthane par an que quinze millions de voitures, résultent de l’élevage intensif qui augmente de façon artificielle le nombre de bovidés responsables de cette indélicate digestion et de cette pétaradante pollution. Le frelon asiatique, ce rabat-joie des déjeuners au soleil mais surtout ce serial-killer d’abeilles pollinisatrices, est arrivé dans nos contrées par voie maritime : il y a trouvé un climat propice à son développement.

« Les animaux ne détruisent pas l’environnement comme nous le faisons, expliquait récemment Corine Pelluchon, professeure en philosophie à l’université de Paris-Est-Marne-la-Vallée. Le terme “écologie” a été inventé dans la seconde moitié du XIXe siècle. Il désigne la science des rapports des vivants entre eux et avec leur environnement. Ce sont donc bien les humains qui étudient cette science, pas les animaux. »

La nature regorge d’ailleurs de superhéros écolo pour qui le développement durable n’est pas un vain mot, même si leur voix porte moins que celle de Greta Thunberg. Ainsi, les éponges de mer présentent la particularité d’absorber la moitié de leur poids en carbone et le transforment en nutriments pour les coraux et les algues qui les entourent ; les coccinelles sont une incroyable alternative aux pesticides en se goinfrant de 150 pucerons par jour ; le Bernard-l’hermite, célèbre crustacé sans carapace qui se voit obligé de voler celle de ses congénères pour survivre, est aussi capable de se transformer en Monsieur Propre en s’en confectionnant une à l’aide de déchets produits par l’humain (verre, canette, bouchon en plastique…). Et ce, sans discours à l’ONU.

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