Les nouvelles étoiles du ski français

Deux visages, deux noms, deux parcours, mais, pour chacune, des médailles, souvent en or, qui s’empilent déjà sur les armoires à la maison, malgré leur jeune âge. Rencontre avec deux jeunes filles qui vont encore cette année faire frissonner leur discipline et porter haut les couleurs du ski freestyle français.

 

Baptiste Mandrillon

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Perrine Laffont (21 ans) : la bosseuse

Perrine Laffont est devenue championne olympique de ski de bosses en 2018 à Pyeongchang, quatre ans après avoir été la plus jeune athlète de la délégation olympique aux JO de Sotchi, à seulement 15 ans. Derrière son visage pétillant se dévoile une fille bien dans son époque, qui se raconte avant de rechausser les skis pour une nouvelle saison.

 

A quoi ressemble une journée type ?

Ce qui est chouette dans ma discipline, c’est que chaque jour est différent. Étant donné que, dans le ski cross, il y a de l’acrobatie et du ski, cela permet de varier. Si on travaille sur la partie acrobatie, le matin, je vais faire du trampoline, puis du water jump. Si on est en semaine de préparation physique, ce sera des séances de deux heures. Et si on est sur les pistes, ce sera ski le matin, puis préparation physique l’après-midi, ainsi que de la vidéo.

Qu’aimez-vous le plus dans cette vie ?

J’adore le fait de bouger, découvrir beaucoup de pays, rencontrer pas mal de gens. Je fais une discipline freestyle, donc l’ambiance est souvent très bonne. Et puis, on devient une vraie petite famille.

Et le moins ?

Le réveil se fait aux aurores durant les compétitions. six heures, ce n’est pas si tôt, mais moi, je ne suis pas du matin. Sinon, parfois, les longs déplacements sont difficiles, surtout quand on dépasse les trois, quatre semaines loin de la maison. Forcément, l’été, lorsque je pars début août alors qu’il fait un temps magnifique en France et que je me retrouve au fin fond de l’Australie, dans le froid, c’est dur. On voit tous les copains à la plage et, quand on revient, l’été est déjà fini…

Qu’est-ce que votre médaille olympique a changé dans votre quotidien ?

Plein de choses. Mon emploi du temps est beaucoup plus chargé désormais. Surtout en termes de sollicitations. Parfois, il arrive aussi qu’on me reconnaisse dans la rue.

Est-ce perturbant ?

Cela fait bizarre quand on aperçoit le regard insistant des gens. Surtout lorsqu’ils sont plusieurs à se parler en te regardant, c’est un peu gênant. Après, ça va, je ne suis pas non plus une footballeuse, donc cela n’arrive pas tous les jours.

Pourquoi avoir choisi le ski de bosses plutôt que l’alpin ?

Parce que mon père faisait des bosses. J’ai commencé directement vers 6 ans, puis j’ai fait un peu d’alpin parce que je voulais devenir monitrice de ski. Cela ne m’ennuie pas de skier sur une piste classique, car cela fait du bien de seulement pratiquer pour le plaisir et d’avoir les sensations de glisse. Après, en étant sportif de haut niveau, on aime forcément l’adrénaline et la vitesse, donc je me régale plus à faire une piste à fond.

Comment se passe la concurrence entre filles ?

On est en concurrence le jour de la course, mais on s’entend toutes très bien lors des entraînements. On parle sur la piste, on se donne des conseils. Le jour de la compétition, chacune est dans sa bulle. C’est ce que j’aime dans le ski de bosses, et que je n’avais pas trouvé dans l’alpin : ce côté famille et amical.

Quelle musique écoutez-vous avant les courses ?

J’irai où tu iras de Céline Dion et Copines d’Aya Nakamura. J’ai une musique un peu plus calme que je mets en répétition, quand je m’échauffe, puis, lorsqu’il ne reste plus que cinq dossards avant moi, je mets ces deux chansons qui me boostent pour me donner envie de « casser » la piste. Cela me permet aussi de ne pas entendre les scores des autres filles.

Avez-vous déjà eu peur ?

Parfois, quand il y a du vent, cela peut causer du stress. Les spectateurs qui sont autour, aussi. Il arrive que, sur certaines courses, on ait envie que cela se termine plus rapidement, mais c’est notre métier, donc, même si c’est dur pendant trente secondes, on le fait. La course que je vais faire en compétition, je suis censée la connaître par cœur et la maîtriser totalement.

Comment conciliez-vous votre vie d’étudiante à celle d’athlète de haut niveau ?

J’ai terminé mon DUT, je passe en licence pro Marketing des Relations Commerciales. Je ne sais pas encore à quel métier je me destine. Au départ, je voulais être kiné, mais c’était trop dur à concilier avec le ski. Je pense tout de même rester dans l’univers du sport. Cela dit, avant cela, j’ai encore de belles années devant moi sur des skis.

On a du mal à vous imaginer derrière un bureau…

C’est atroce, je ne pourrais pas. Devoir me lever le matin pour passer la journée sans remuer, ce n’est pas pour moi. Je suis tellement habituée à me déplacer en permanence qu’il faudra que j’aie un métier où je bouge et avec un objectif à atteindre.

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Tess Ledeux (18 ans) : en apesanteur 

Médaillée d’or aux X Games à 17 ans, championne du monde de big air à 15 ans, Tess fait tout mieux que tout le monde, et surtout avant les autres. La nouvelle reine du half-pipe se confie sur sa vie de lycéenne qui souhaite autant une mention au bac que de nouveaux succès sur la neige.

 

Comment s’est passée votre première fois sur des skis ?

J’avais 2 ans. C’était avec ma grand-mère à La Plagne, là où j’ai grandi. C’est elle qui a mis tous ses petits-enfants sur des skis, car mes parents n’étaient pas des férus de glisse. Mon papa est un sudiste, donc pas spécialement adepte. Quant à ma mère, elle en fait juste pour le plaisir.

À quel âge avez-vous commencé le freestyle ?

Vers 9 ans. Je tombais beaucoup, j’étais vraiment quelqu’un qui se prenait des « boîtes ». Je n’avais pas trop peur de la chute, ce qui inquiétait parfois mes coachs. Plus jeune, je n’arrivais pas à suivre les moniteurs, je partais toujours prendre des petites bosses à droite, à gauche, je voulais absolument aller au snowpark. C’est comme cela que je me suis tourné vers le freestyle.

Votre première émotion sur les skis ?

Lors d’une de mes premières compétitions, vers l’âge de 10 ans, j’ai fini quatrième. J’étais tellement triste, vraiment inconsolable, j’ai pleuré tout l’après-midi. Je ne comprenais pas comment j’avais pu passer à côté d’un podium.

Vous êtes la cousine de Kevin Rolland, champion du monde de ski freestyle. Vous a-t-il aidé ?

Pas vraiment, car, lorsque j’ai commencé, il avait déjà la tête dans les compétitions. Il suivait ce que je faisais, mais de très loin et il m’emmenait parfois skier deux fois dans la saison. Il a vraiment commencé à s’intéresser à ma carrière lorsque j’ai gagné de grosses compétitions. Au début, on n’avait pas une relation cousin-cousine comme dans une famille lambda, mais, depuis, on a créé un lien très fort.

Atteint-on la plénitude dans les airs ? 

C’est compliqué, car, ce sentiment, on l’a un peu à chaque fois que l’on tente un gros saut. On est concentrée, mais, sur les sauts que l’on maîtrise parfaitement, on peut se permettre de se relâcher un petit peu. Dès qu’on sait qu’on a bien géré notre vitesse, qu’on va bien atterrir dans la pente, on peut être conscient « en l’air ». C’est alors une sensation hors du commun.

Quelle est la plus grande difficulté dans votre discipline ?

J’ai du mal avec la vitesse, parce que, lorsqu’on en prend trop, on va trop loin et les risques sont importants. Inversement, si on n’a pas assez de vitesse, on peut aussi mal se recevoir. Il y a une bonne vitesse à trouver. En ce qui me concerne, j’ai parfois un peu tendance à aller trop vite. Il y a aussi le vent à gérer. C’est un facteur très important, et c’est ce qui me fait le plus peur.

Quel est votre plat fétiche après une course ?

C’est un peu cliché, mais, quand je rentre après un mois passé aux États-Unis, je mange toujours un plat savoyard, avec beaucoup de fromage et de charcuterie. La veille des compétitions, on essaye d’avoir une bonne hygiène alimentaire, mais, dès qu’on termine et que cela s’est bien passé, on se lâche.

Comment organisez-vous votre vie de lycéenne en parallèle ?

Je suis en sport-études, à Albertville. Nous sommes en cours d’avril à novembre, y compris juillet et août, avec des horaires aménagés pour la préparation physique et quelques moments en août pour aller skier. Je suis en terminale ES avec sept autres élèves également skieurs.

Arrivez-vous facilement à plonger la tête dans les révisions ?

C’est dur. Parfois, je suis fatiguée, je n’ai pas envie de me mettre aux devoirs, mais je pense que c’est important de poursuivre ma scolarité. L’école me permet de trouver un équilibre entre le sport de haut niveau et ma vie de jeune fille. Dès que je suis à l’école, j’ai l’impression d’être quelqu’un de normal. Idem avec ma famille, on parle rarement de ski.

Vous vous êtes toujours entraînée avec des hommes. Quels bénéfices en avez-vous tirés ?

Je pense que cela m’a fait progresser plus rapidement que la normale. Il n’y a jamais eu de jalousie ou de compétition entre nous, au contraire, il y a toujours eu beaucoup de bienveillance. Il n’y a pas beaucoup de filles en France à pratiquer cette discipline.

Un souhait pour 2020 ?

Faire une bonne saison… et une mention « assez bien » pour mon bac.

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