On a testé pour vous la voltige aérienne

Plus fort que Top Gun car pratiquée sans combinaison anti-g, voici la voltige aérienne, une discipline qui conjugue à la fois doigté virtuose et sensations décoiffantes. Invité par Hamilton pour vivre une expérience de marque – et quelle expérience ! – sur le magnifique aérodrome de Chambley pour le Free Flight World Master de Metz, Infrarouge s’est prêté au jeu.

éric Valz

L’outil
Un Extra Aircraft 330 LX : un bijou biplace allemand en fibre de carbone (aile basse monoplan et empennage), acier (le fuselage) et titanium (pare-feu). Son moteur est un Lycoming AEIO-580-B1A, soit plus prosaïquement un six-cylindres à plat (comme une Porsche) de 315 ch en prise directe avec l’hélice 4 pales. Un avion ultra performant et léger, idéal pour la compétition et l’école de voltige.

Le pilote
Aux commandes, le légendaire pilote Hamilton, Nicolas Ivanoff. L’horloger américano-suisse du groupe Swatch est son sponsor officiel. The Quick Corsican en est l’ambassadeur depuis 11 ans. En 2014, il a terminé quatrième sur le circuit hallucinant du Red Bull Air Race. Et a remporté en mars dernier la première manche de l’édition 2016 à Abu Dhabi, aux émirats arabes unis.

Le passager
Je suis rassuré par le palmarès incroyable du pilote et ses 7 500 heures de vol. Moins d’être installé en place avant pour un maximum de sensations. Je dispose de toutes les commandes de vol (manche entre les cuisses et pédales pour le palonnier) et profite aussi des instruments de vol (badin ou anémomètre qui détermine la vitesse de l’avion en fonction de l’air ambiant, altimètre, accéléromètre). Pas une seule fois, pendant l’expérience de voltige, je ne songerai à y jeter un coup d’œil.

La voltige aérienne
La première victoire en voltige est sur soi. C’est d’enfiler une combinaison, de sangler son parachute et de grimper dans l’appareil en marchant sur l’aile… tout en pensant à un as de la Première Guerre mondiale. C’est, en effet, Adolphe Pégoud – abattu en 1915 – qui aurait inventé la discipline en 1913 en regardant son appareil , après s’être éjecté en parachute au-dessus de l’aérodrome de Châteaufort dans les Yvelines , accomplir tout seul une boucle… le futur looping. Et de tenter et réussir le premier vol tête en bas un mois plus tard, de 400 m, sous les yeux de Louis Blériot. L’idée de la voltige est née : sauver les pilotes en situation désespérée.
Aujourd’hui hyper codifiée avec ses figures aussi répertoriées que celles des barres parallèles, la voltige se pratique avec un haut niveau de sécurité, tente-t-on de nous rassurer. Sauf que quand tu mets ta vie entre les mains d’un tiers, tu peines à sourire d’emblée. Un contraste saisissant avec la littérale banane qui éclaire, au retour, le visage.

Le vol
Léger et puissant, l’aéronef décolle très court et gagne rapidement de la hauteur, sans vibration. Malgré la terre humide – il a plu – et la chaleur qui monte du sol sous les premiers rayons du soleil qui traverse les cumulus, le bolide semble insensible aux turbulences. Croisant à 400 km/heure, l’Extra biplace peut prendre 10 g. à deux, il en prend 8. L’infortuné passager – moi – en prendra sur le vol 5,4, soit plus de cinq fois le poids de mon corps… qui donnera à mon visage buriné l’aspect d’un sharpeï, ce chien chinois aux plis multiples. Pour l’instant, le pilote m’incite à tester les commandes, histoire d’en appréhender l’extrême sensibilité. Résultat évident malgré la timidité des gestes : le manche n’est pas un joystick et le flight n’est pas simulator.
La voix posée de Nicolas Ivanoff dans le casque anti-bruit décrit la première figure : un tonneau barriqué à gauche, qui permet de transformer la vitesse en altitude, puis de la retransformer en vitesse. Un vol positif, précise le pilote : si un verre était posé sur le tableau de bord, il ne bougerait pas. Moi non plus, sans aucun tiraillement sur les sangles lors du passage tête en bas. Le tiraillement, il est dans le cerveau qui aàpeine à appréhender le paysage. Pour qu’il le saisisse, Nicolas enclenche un second tonneau barriqué, à droite cette fois-ci.
ça va ?
… Oui.
On continue ?
… Oui.
à chaque fois, il expliquera la figure, l’exécutera puis s’informera de mon état et me laissera toujours le choix de continuer la voltige ou de l’interrompre. à chaque fois, la réponse sera la même : oui ! La poussée d’adrénaline est plus forte que la raison. Je n’ai eu qu’une fois peur lors du vol. Une peur irrationnelle, celle de m’écraser contre la bulle et de tomber dans le vide lors du premier long passage sur le dos alors que j’étais solidement sanglé à mon siège.

Les g
Le looping, lui, est facile : il faut rejeter la tête en arrière, puis chercher des yeux la ligne d’horizon qu’on ne quittera plus. Lève les bras ! Tu vas ressentir l’apesanteur. Puis les g au rétablissement de l’avion.
Et de fait, ne pas s’accrocher à la carlingue, c’est appréhender toutes ces forces contradictoires, rentrer en symbiose avec le vol et ne pas être malade. Les figures s’enchaînent, splits, renversements, vrilles, piqués. On aimerait que jamais elles ne finissent car leur finitude – le palier – est la sanction. Les g m’écrasent.
Ma figure préférée : la fameuse feuille morte. L’avion se cabre et file à la verticale au zénith jusqu’à ce qu’il décroche, en reculant ! Et déclenche une vrille. Génial, hors, toujours, ce rétablissement de l’assiette qui provoque une réelle douleur physique.

Le conseil
Le secret pour la vaincre : le gainage, une bonne forme physique et surtout beaucoup de tonicité. Avant le vol, manger normalement – je sortais d’une jolie expérience bistronomique à la Brasserie de la Citadelle à Metz (chef étoilé Christophe Dufossé) – et éviter le café.

Le résultat 
Coucher à 11 heures, nuit de bébé pour une âme noctambule et, depuis (une semaine), un calme quasi olympien. Plus de stress car plus rien, après cette expérience si physique et bourrée d’adrénaline, ne peut m’atteindre. Posé sur un nuage, je suis. Appelez-moi Saint-Ex !

Où essayer ?

FFA – Fédération française aéronautique
155, avenue de Wagram, 75017 Paris.
Tél. : 01 44 29 92 00.
contact@ff-aero.fr

Où pratiquer la voltige aérienne ?
Dans plus de 45 aéro-clubs (sur les 600
en France), répartis sur tout le territoire.
Carte clubs voltige sur www.ffa-aero.fr

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