On se lève tous pour la demi-molle !

Chaque mois, le professeur Goldsechs aborde un pan de la sexualité. Nouvelles tendances, pratiques inconnues, expériences étonnantes : tout est bon pour se libérer de ses mauvaises habitudes érotiques.

 

Professeur Goldsechs

Un numéro dédié à Bacchus, il n’en fallait pas moins pour que la demi-molle – son fréquent corollaire – pointe son nez : le dieu du vin a la fâcheuse habitude de faire jaillir la vigne, mais pas la verge. Ainsi coincée dans un demi-monde de sensations érectiles, elle contente ces messieurs, agace ces dames. Ni trop dure, ni trop flasque, la si bien nommée « demi-molle » ne souffre pas qu’on dise d’elle qu’il s’agit du « bander mou ». Entre érection et repos, ce vit souple signe aussi le début du bonheur masculin. Une sorte de rêverie érotique complexe et ultrasensible que la gent féminine accompagne trop… mollement.

Slow stiffening

Parent pauvre du sexe (légumineux) pour les femmes, zone intermédiaire du plaisir pour l’homme, le slow stiffening s’apparente à une montée en puissance de l’excitation sexuelle ou à une douce gradation de l’après-jouissance. Mais, dans les deux cas, il s’agit d’une parenthèse enchanteresse masculine (on ne parle pas de dysfonctionnement érectile identifié). Béatement rivé à son engin, l’homme apprécie ce qu’on aurait pu prendre comme un moment de faiblesse culpabilisant : ladite
« panne ». Car, déjà, le sexe faible se rit de l’état du sexe fort dont la vigueur n’a rien du vit idéal : le gourdin n’est qu’une saucisse tendre, le bâton, une matraque pour enfant, bref exit le cliché de virilité dure comme du bois.
En lieu et place, une gourmandise d’un autre genre, un escargot qui se déplie lentement et ploie, comme le roseau, à chaque souffle. Et c’est bien dans cette image La Fontainienne que se cache l’éloge du pénis mollasson : le chêne se brise, « le roseau ploie, mais ne rompt pas ». Nom de Dieu, que les femmes se sortent de la tête le cliché selon lequel un homme ne peut montrer son désir que par une érection de taureau ! D’une, « la bandaison, papa, ça ne se commande pas » (Brassens). De deux, bander mou, c’est bander « gratuitement ». Le signe d’une constance inconstante, d’un désir qui monte sans se raidir, juste pour le plaisir. Une troisième dimension, le tantrisme du pauvre en somme, qu’il faudrait enfin saluer. Et expliquer. Physiologiquement, l’érection molle n’exclut ni le plaisir, ni l’éjaculation ; elle se traduit par l’incapacité à maintenir une érection forte. À contrario, l’érection « normale » convoque la totalité des systèmes nerveux, hormonal, musculaire, circulatoire, ainsi que du cerveau dont la synergie permet le remplissage sanguin et, donc, l’augmentation de volume et de fermeté des tissus érectiles du pénis.

Un escargot qui bouge entre les jambes

Loin des considérations « cliniques », la demi-molle ne pourrait-elle être, tout simplement, le préliminaire masculin qu’il s’agirait d’intégrer avec plus de vigueur aux ébats ? Sa force et son mystère tiennent à la promesse d’un champ des possibles : soit l’érection complète (et là, le roseau rompt), soit un chemin de traverse plus tendre que sexuel : le mâle amoureux et/ou l’obsédé épuisé de la chose, qui sait que sa légère faim ne lui pèsera pas sur l’estomac. « Bander comme un taureau », explique Jean-Marc, « c’est passer directement au plat principal alors que la demi-molle, c’est une petite fringale qui n’a pas besoin d’être assouvie autrement que par l’esprit, mais qui te rappelle le point central de ton être : la teub. » En somme, une teub qui a sa propre vie : voilà qu’assis, en réunion, tu la sens remuer, s’allonger puis rétrécir au gré du vagabondage de ton esprit. L’image de la micro-culotte enserrant les fesses de votre poule, ce matin, et la voilà qui grandit avec ferveur, avant de regagner son antre à l’évocation du dossier du jour. Quand votre collègue Jeanne, dont les seins vous narguent, pose sa main sur votre cuisse pour vous sortir de votre léthargie, ça repart direct, mais mollement, suavement, pour votre plus grand plaisir. Au lit, après une journée pleine de labeur, alors que vous avez retrouvé la propriétaire du micro-slip, c’est la même chose. Vous savez tous les deux que votre fierté masculine aura du mal à se dresser, mais que Madame sera au rendez-vous et au garde-à-vous pour lui faire la fête. Parce que l’amour est parfois un chemin en demi-teinte… et demi-molle.

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