Rossy de Palma s’empare du Bon Marché

À l’affiche de La Vie en Rossy, l’extravagante artiste espagnole Rossy de Palma nous livre en avant-première les détails de ce spectacle présenté les 13, 20 et 27 septembre au Bon Marché. Un seul-en-scène dadaïste dans lequel la liberté et l’indiscipline sont une vertu, l’extravagance, une essence, et l’humour, une poésie.

Judith Spinoza

Pour présenter ce spectacle, vous faites un parallèle entre la vie et un oignon, dont on passe des années à ôter les couches pour se rendre compte qu’à l’intérieur il n’y a que du vide.

Oui, l’oignon, c’est le synopsis d’un de mes spectacles, Résilience d’amour, créé pour le Piccolo Teatro à Milan. Il s’agit d’une succession de tableaux que je compléterai avec d’autres, que je suis encore en train d’imaginer spécialement pour Le Bon Marché. L’idée de cette métaphore m’est venue car, enfant, je passais mon temps à décortiquer les objets, curieuse de savoir ce qu’il y avait à l’intérieur. Je démontais par exemple mes poupées, cherchant à découvrir quelque chose d’intéressant, mais ne trouvant que du vide. Plus tard, j’ai compris que la vie n’est qu’un voyage et que l’unique chose qui nous reste à la fin, c’est le souvenir de l’humidité de toutes ces larmes versées pendant qu’on épluche l’oignon.

Le titre, La vie en Rossy, suggère-t-il qu’il n’y aurait pas de différence entre la Rossy de Palma du spectacle et celle de la vraie vie ?

Totalement ! Ce sont les mêmes, qui expérimentent et aiment la poésie visuelle.

Le spectacle est conçu comme un seul-en-scène avec différentes saynètes en cours de conception…

Oui, c’est exactement ça. Ils seront ponctués par une rencontre avec le public après la représentation. Ce contact me procure autant de plaisir que la performance sur scène.

Vous insistez sur les notions d’improvisation, d’instinct et de hasard.

La liberté et l’improvisation sont essentielles pour moi. Il se peut que je commence un tableau et qu’il change en cours de route. Tout dépend de l’espace, de l’énergie du public. Je suis une artiste dadaïste. Je me souviens d’avoir été transportée par un poème surréaliste dont les vers dessinaient les pieds des danseuses, ou avoir été séduite par Miquel Barceló, qui avait intégré les cavités, rongées par les termites maliens, à ses œuvres. J’aime ce mouvement naturel et surtout l’erreur, qui président à la créativité. Je suis une artiste ouverte aux hasards, et c’est avec cet esprit que j’imagine mon spectacle au Bon Marché. Il y aura donc des surprises que je ne connais même pas moi-même.

La Vie en Rossy, dites-vous, ça va être olé olé… ?

C’est la vie, la danse, la célébration qui met l’accent sur ce qu’on aime. Olé olé, c’est aussi un pas de côté, une façon d’être libre qui me va bien, car je sors toujours du cadre.

Le spectacle racontera-t-il des choses qu’on ne sait pas de vous ?

Oui, car il est conçu comme un moment de partage. On y rit, mais j’y communique aussi de la tristesse et de la peine. C’est un grand éventail d’émotions qui parleront aussi de ma relation aux vêtements, à la théâtralité, à la danse, à la peinture et aux femmes.

 

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À ce titre, vous êtes une icône de mode qui a collaboré avec Louboutin et posé pour d’innombrables photographes. Les costumes tiendront-ils une place importante ?

Bien sûr ! Il y a des tenues que j’ai créées ou dessinées, une robe-fleur que Pier Paolo Piccoli, le DA de Valentino, a imaginée spécialement pour moi. Ce spectacle est une façon de créer de la poésie visuelle. Par exemple, dans un tableau que j’ai conçu autour d’une chanson mexicaine, Le Collier de perles. J’ai du mal à vous le raconter, car il faut le voir et le vivre.

Retrouvera-t-on votre panthéon d’objets personnels, comme le tarot ou les éventails, qui sont d’ailleurs mis en scène dans l’exposition organisée en parallèle au Bon Marché ?

Ce que je peux vous dire, c’est que le tableau La Table d’objets surréalistes du bazar chinois sera une sorte de cabinet de curiosités. J’y parlerai de sexualité, de mort, mais aussi de choses très drôles. Il y aura également une scène avec les chaussures pailletées de Louboutin que je porte sur des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach, comme si j’étais une acrobate des talons aiguilles…

Cinéma, théâtre, performances, comédies musicales, clips, mannequinat… vous êtes une artiste pluridisciplinaire. Néanmoins, c’est la première fois que vous serez seule sur scène à Paris.

En effet. J’ai joué au Châtelet en 2018, mais je n’ai jamais performé seule en scène ici. Je rêve de jouer à Avignon ou à l’Odéon. En attendant, c’est au Bon Marché !

 

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Quelle différence avec un rôle au cinéma ?

J’ai tourné dans beaucoup de films, bon ou mauvais, intéressants ou inintéressants, mais j’en ai toujours retiré une expérience vitale. En revanche, dans le cinéma, on est une sorte de poupée. Sur scène, c’est différent. C’est là où je me sens le mieux au monde, où je m’exprime de façon non formatée. J’y suis un esprit libre, une interprète un peu indocile au service de la création.

« La séduction, c’est stratégique », avez-vous dit. Un spectacle, n’est-ce pas de la séduction ?

Au contraire, c’est une façon de se mettre à nu, car on y montre beaucoup de vulnérabilité.

Quatre mots pour décrire le spectacle, même s’il n’est pas fini ?

La Vie en Rossy !

La Vie en Rossy, les 13, 20 et 27 septembre au Bon Marché Rive Gauche. lebonmarche.com


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Photo de Une : © Gabriel de La Chapelle, représenté par Agence Figure

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