Sonia Rolland

Ancienne Miss France, aujourd’hui comédienne engagée pour le Rwanda, cette sublime femme sera à l’affiche de deux films en 2017 et travaille à
l’écriture de son premier long-métrage.

Olivia de Buhren. Photos Martin Kiossev.

Trois mots pour vous définir ?
Déterminée, exigeante et très optimiste.

Le 11 décembre 1999, vous avez été élue Miss France, la première Miss d’origine africaine. Racontez-nous ce bouleversement.
J’ai eu une vie en Afrique marquée par deux changements. Je suis née au Rwanda d’un père français imprimeur et d’une mère rwandaise qui travaillait dans le commerce. Mon père a déménagé son imprimerie dans le pays voisin, le Burundi. Nous l’avons quitté pendant les massacres de 1994 au Rwanda, qui ont mené au génocide des Tutsis et qui menaçaient toute la région. J’ai alors atterri en Bourgogne, dans un milieu modeste, une cité ouvrière. Mon quotidien était celui d’une ado déracinée, qui vivait avec le sentiment de n’avoir aucune perspective d’avenir. Un jour, on m’a proposé de tenter l’aventure des Miss malgré mon métissage. Vous connaissez la suite, mais c’est surtout là que le champ des possibles s’est offert à moi, y compris ce rêve de devenir comédienne.

À quand remonte cette envie de devenir comédienne ?
Petite déjà, au Rwanda, je prenais des cours de théâtre au Centre culturel français. Je m’entraînais à apprendre des textes devant tout le monde. Mon père était fasciné par le cinéma. Il naviguait entre les films de Godart et Le Gendarme de Saint-Tropez. J’étais fascinée ! Au Burundi, ma mère gérait un café culturel, elle y recevait toutes sortes de gens, ça a beaucoup nourri ma curiosité.

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Vous avez tourné en 2002 votre premier rôle dans Les Pygmées de Carlo de Radu Mihaileanu, puis vous vous êtes fait connaître dans la série Léa Parker diffusée sur M6. Comment avez-vous vécu vos premiers pas de comédienne ?
Au début, il a été très difficile de me détacher de mon image de Miss France. C’est Radu qui m’a aidée à me défaire de mes doutes, liés à ce sentiment de ne pas être légitime pour ce métier. J’ai acquis des méthodes de travail et appris à me mettre à nu. Cela m’a libérée !

Vous avez deux films à l’affiche cette année : La Colle, d’Alexandre Castagnetti, et Madame d’Amanda Sthers.
J’avais déjà travaillé avec Alexandre dans une série pour Arte, et on s’était promis de se retrouver. Quand il m’a proposé le rôle totalement inattendu d’une infirmière dans cette comédie délirante avec des ados ingérables, je n’ai pas hésité ! Quant à Amanda, on avait très envie de travailler ensemble. Elle m’a offert le rôle d’une rédactrice en chef de mode un peu perchée, dans Madame. L’histoire est celle d’un couple d’Américains qui reçoit chez lui la haute société anglaise, française et américaine, mais le dîner ne va pas se passer comme prévu…

Irez-vous au Festival de Cannes cette année ?
Oui, pour des rendez-vous de travail. Mais surtout Cannes et moi avons une belle histoire. Thierry Frémaux, qui a l’art de créer des rencontres, m’a conviée à un déjeuner où j’ai pu échanger avec Dominique Farrugia. En lui racontant mon vécu, il m’a dit : « C’est un film, il faut qu’on raconte ton histoire. D’ailleurs je veux la produire ! » Deux mois plus tard, je lui ai présenté mon court-métrage, Une vie ordinaire, qui l’a convaincu de ma capacité à réaliser le projet. C’est ainsi que l’histoire a commencé.

Depuis cette rencontre, vous coécrivez avec Emmanuel Poulain-Arnaud votre premier long-métrage. De quoi s’agit-il ?
C’est le parcours improbable d’une candidate à l’élection de Miss France ! La candidate sera interprétée par une jeune métisse que je vais devoir révéler. On s’inspire de mon histoire, une vraie fiction sociale moderne, à la fois tendre et drôle. La boucle sera bouclée.

Pourquoi être passée derrière la caméra ?
Parce que j’avais des choses à raconter. Ce que j’ai vécu en arrivant en France, le milieu modeste que j’ai connu, avec ses joies et ses galères, m’inspirent énormément. Réaliser permet également de dévoiler une partie de moi que les spectateurs ne connaissent pas.

Racontez-nous votre engagement pour les enfants avec votre association.
Après mon année de Miss France, j’ai été accueillie comme une reine de façon officielle au Rwanda, avec ma famille. C’était émouvant de revoir ce pays que nous avions quitté depuis douze ans. J’ai rencontré des familles d’orphelins du génocide, « les chefs de famille », des enfants orphelins qui se regroupent en cellules familiales. Ils m’ont désignée comme leur porte-parole. Pour leur apporter de l’aide, j’ai décidé de créer en 2001, avec ma mère et des bénévoles, l’association Sonia Rolland pour les enfants, qui est devenue Maïsha Africa.

Cette année, ce sont les quinze ans de votre association. Le bilan est-il positif ?
Oui, nous avons aidé plusieurs familles et réhabilité 26 maisons d’enfants « chefs de famille ». Cette année, lors du dîner d’anniversaire de Maïsha Africa, 160 000 euros ont été levés grâce à la participation de partenaires comme Havas, le groupe Renault et de nombreux donateurs. Je réalise un rêve, celui de transformer un orphelinat en école de quartier, que j’inaugure très prochainement.

Cet engagement humanitaire est si présent dans votre vie que vous en avez fait un documentaire, Rwanda, du chaos au miracle, qui a connu un franc succès…
J’ai rencontré trop souvent des journalistes et des personnes qui ne connaissaient pas l’histoire du Rwanda. Je voulais, à travers ce documentaire, mettre en lumière les vingt années de reconstruction du pays depuis le génocide, que je qualifie de miraculeuses.

Comment faites-vous pour avoir autant d’énergie ?
Je fais beaucoup de sport ! C’est une nécessité pour moi. J’alterne le basket, le yoga et le sport en salle. À part ça, j’ai une alimentation équilibrée, saine, et je ne mange pas de viande. Comme je suis une vraie épicurienne, je m’impose des semaines de détox avec des jus « maison » ou des jus « Good » de ma copine Mareva Galanter (goodorganiconly.com).

Retrouvez-la dans :
La Colle, d’Alexandre Castagnetti (sortie le 19 juillet 2017), et Madame d’Amanda Sthers (sortie le 22 novembre 2017).

Collection Croisette

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Ci-dessus : robe longue entièrement rebrodée de pierres et perles, ZIAD NAKAD Couture. Boucles d’oreilles « Pétales de camélia » en or blanc 18K serties de 212 diamants, 4 saphirs roses et 4 opales d’éthiopie, CHANEL Joaillerie. Bague « Lion Vénitien » en or blanc 18K sertie de 257 diamants, CHANEL Joaillerie. Collier « Panache » en or blanc 18K  serti de 345 diamants et de 48 perles de culture du Japon, CHANEL Joaillerie.

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Ci-dessus : robe longue plissée en lamé couleur mordorée, LORIS AZZARO. Motifs d’oreilles « Jardin d’hiver » en or blanc 18K, sertis de 20 diamants, 66 émeraudes, 134 tsavorites, 10 tourmalines Paraïba et 2 perles blanches de culture, CHANEL Joaillerie. Lunettes de soleil, LANVIN. Sandales à talons brodées de pièces métalliques, CHRISTIAN LOUBOUTIN.

Photographe : Martin Kiossev
Assistante Photo : Cindy Dupont
Stylisme : Marz Atashi et Rémi Lecuyer
Journaliste : Olivia de Buhren
Coiffure : Eric Rodhain
Maquillage : Sandra Lovi

Remerciements :

Direction de la Communication Air France : Nadia Dosinruck /Angelina Menit
Air France  Nice : Joëlle Sahler, Catherine Knecht et leurs équipes
Les autorités aéroportuaires de l’aéroport de Nice-Côte d’Azur.
Renault : Fabrice Verloes
Johann Marcerou

Et un grand merci à Air France, partenaire officiel du Festival de Cannes depuis 1980, qui fait plus que jamais vibrer le cinéma et lance Air Studio, sa nouvelle offre de production audiovisuelle. Les productions sont ainsi accompagnées par une équipe d’experts dédiés et spécialisés dans le cinéma et disposent d’une variété d’environnements Air France : à bord ou au pied d’un avion, au détour d’un salon, d’un comptoir d’enregistrement ou dans l’immensité d’un hangar d’entretien aéronautique.
En créant cette offre originale, Air France perpétue son attachement au cinéma comme elle l’a toujours fait depuis 1966, date de première diffusion d’un film à bord.

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