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Vik Muniz, en quoi consiste votre travail artistique ?
Une grande partie de ce que je fais en tant qu’artiste est plus en lien avec l’ignorance qu’avec la connaissance. J’ai cette immense curiosité pour les choses que je ne connais pas. Je ne suis pas un artiste de studio et, d’ailleurs, si je reste enfermé, je deviens très improductif. Au quotidien, j’ai toujours besoin d’apprendre de nouvelles choses, d’explorer de nouveaux domaines. Cette curiosité est la base de mon travail d’artiste. Ensuite, je m’intéresse aux procédés de fabrication et à ce qui compose les choses. J’essaie d’assembler des éléments variés pour recréer une image. Mon travail se rapproche de celui de la mosaïque, dans laquelle les parties et le tout se répondent.
Pourquoi avoir collaboré avec la Maison Ruinart ?
Ce que je trouve intéressant dans cette collaboration, c’est que, lorsque j’ai rencontré Frédéric Panaïotis, chef de cave de la Maison Ruinart, j’ai découvert qu’il ne se contentait pas de faire du vin, cela va bien au-delà de ça. Le vin que vous dégustez vous fait réfléchir à la façon dont il a été élaboré et à l’origine de la pensée qui a rendu ce vin possible. Cela vous encourage à changer votre façon de voir les choses. Mon expérience avec Ruinart en est un peu le reflet. En plus, Ruinart est le champagne que j’avais choisi pour mon mariage avec ma femme, Malu !
Pourquoi avoir intitulé votre travail « Shared Roots » ?
À vrai dire, c’est assez simple. Cette collaboration, c’est l’histoire de la rencontre de trois univers, l’art, la gastronomie et le champagne, autour de la nature. De cette passion commune entre un chef cuisinier, un chef de cave et un artiste, je retiens la tension créative qui nous habite tous les trois. Celle qui nous donne l’énergie de créer. À travers ce nom, je cherche à exprimer notre vision et l’idée de partage qui est à la base de notre processus créatif à tous les trois.
Quel est votre rapport à la nature ? Qu’avez-vous appris d’elle, et notamment en Champagne, au cours de cette aventure chez Ruinart ?
Je suis né dans l’une des plus grandes villes du monde, São Paulo, et j’ai vu ma première vache à seulement 14 ans. Je suis né citadin. À 30 ans, j’ai réalisé qu’en observant les arbres, je ne pouvais en nommer aucun, pas même un chêne. Et j’ai eu conscience d’être complètement déconnecté. Je me suis alors inscrit à un cours de dessin, au Brooklyn Botanic Garden. J’étais le seul élève d’une très vieille dame. Elle m’a transmis tout ce qu’elle savait sur les arbres, et mon regard sur eux a changé. J’ai commencé à les regarder comme des êtres qui progressent très lentement, à une époque où tout va très vite. Les arbres produisent toute une gestuelle, des mouvements… et les vignes sont des arbres miniatures ! Il y a comme une danse initiée depuis des millénaires entre les pieds de vigne et les hommes qui travaillent autour.
En Champagne, j’ai découvert que le climat pouvait être extrêmement rigoureux et peu propice à la culture de la vigne. Pourtant, c’est dans cette adversité que la vigne se surpasse et produit les meilleurs fruits, notamment le chardonnay.
Les matériaux, utilisés pour créer vos œuvres « mosaïques », ont un sens. Qu’est-ce qui a guidé vos choix dans ces œuvres pour la Maison Ruinart ?
L’idée de travailler la morphologie de l’arbre était ancrée dans ma tête, et cette collaboration était discutée depuis un moment. Ma rencontre avec Frédéric Panaïotis a été capitale, c’est formidable de côtoyer quelqu’un comme lui qui sait de quoi il parle. Un vrai passionné de botanique ! Il est capable de reconnaître les plantes rien qu’en regardant les feuilles. C’était très inspirant. J’observe les arbres depuis longtemps, et c’est la première fois que j’ai l’occasion de travailler leur matière dans mes œuvres.
Qu’ont en commun, selon vous, un chef de cave, un chef de cuisine et un artiste ?
Notre vrai travail n’est pas de faire du vin, de préparer de la nourriture ou de créer de l’art… c’est de donner du plaisir aux gens, de les rendre heureux, de connecter des choses éloignées entre elles. En fait, je pense que nous partageons cela dans notre travail, très profondément.
Quel chef de cuisine symbolise le mieux votre art et votre façon de voir les choses ?
David Toutain, bien évidemment, que j’ai découvert juste avant ce projet par le plus grand des hasards. Il m’a émerveillé avec son inventivité. Mais aussi mon ami de longue date, Daniel Boulud, qui est installé depuis longtemps aux États-Unis.
Quelles sont les mesures que vous prendriez tout de suite pour mieux protéger notre environnement ?
Interdire les emballages en plastique. Nettoyer les environnements naturels tels que rivières et océans.
Vik Muniz et le champagne, est-ce une histoire particulière ?
J’ai toujours beaucoup apprécié le champagne, mais je dois vous raconter une anecdote. Avec Frédéric, nous sommes allés voir le soleil se lever à Rio dans un endroit que je connais et d’où on voit toute la ville. C’est un endroit très spécial, car vous voyez la ville comme un objet. Il avait apporté une bouteille de blanc de blancs frais. Il était 5h30 du matin. Cela ne me semblait pas un moment propice pour boire du champagne, je me souviens même de m’être formulé : « Ça va être dur ! » Cependant, je dois avouer que c’était bon. C’était vraiment bien. Et on a dégusté toute la bouteille.
Avec quel plat conseillez-vous d’accompagner un verre de blanc de blancs, c’est-à-dire un 100 % chardonnay ?
Des raviolis aux truffes blanches, mon plat préféré.
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