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Chenot Palace Weggis, le discours de la méthode

« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai si tu es beau », aurait pu écrire Platon s’il ne s’était pas davantage soucié de sagesse que de santé du corps. D’ailleurs, dans ce dernier domaine, mieux vaut s’en remettre aux préceptes d’Henri Chenot qu’à ceux du philosophe grec.

Sophie Giagnoni

Derrière les hautes fenêtres, le jour se lève sur le lac de Lucerne, révélant un arrière-plan de blancs sommets alpins emmitouflés de vaporeuses écharpes de brume. De gris et d’argent, féerique, le spectacle contraste singulièrement avec les couleurs chatoyantes que déploient une demi-poire, trois ou quatre myrtilles et un demi-fruit de la passion si artistiquement mis en scène dans l’assiette qu’il serait indécent de dire qu’ils s’y battent en duel.

La journée débute au Chenot Palace Weggis. Une journée en peignoir, maillot de bain et claquette, uniforme qui échoue à abolir les classes sociales à peu près autant que le costume cravate à Eton. Ici, on soigne sa santé, pas la maladie. On l’emmène en révision comme on conduit sa voiture au garage, avec l’espoir qu’un bon entretien lui permette de dépasser les 250 000 kilomètres. La plupart des curistes affichent d’ailleurs un visage outrageusement jeune, et rares sont les personnes âgées ou en surpoids. Il s’agit de décrasser le carburateur, pas de toucher à la carrosserie, sauf bien sûr si elle était cabossée.

Manger bien, mais peu

La cure commence dans l’assiette avec un régime végétal calé sur 850 calories par jour, soit suffisamment peu pour déclencher le processus d’autophagie recherché dans le jeûne. Pour le reste, pas de panique, la comparaison s’arrête là. Entre 0 et 850 calories, le gap est énorme, et, incroyablement inventif, le chef parvient à préparer des merveilles gustatives qui nous mettent à l’abri de la dépression. La soupe est servie parsemée de copeaux de truffes ou encore de grains de caviar. L’austérité est épicurienne.

À la mode de Henri Chenot, ce Français d’origine catalane qui mit au point la célèbre méthode qui porte son nom, on mange très bien, mais peu. Et les maux classiques d’une détox peuvent ternir les premiers jours : vomissements, diarrhées, douleurs rénales, maux de tête… Une des raisons sans doute pour lesquelles la plupart des curistes viennent seuls.

Détoxification en cours

Heureusement, pas besoin d’attendre la fin de l’effort pour bénéficier du réconfort. Celui-ci est distillé de manière permanente, multiple et délicieuse, tout au long des six journées que dure la cure. Du matin au soir, on passe d’une cabine à l’autre, le spa de 5 000 m2 en contenant une centaine, pour recevoir des soins hautement consolateurs qui activent en prime le processus de détoxification. Tour à tour dispensés dans les secteurs de la balnéothérapie, de l’esthétisme et du médical, ces soins offrent un singulier mélange de old school et de high-tech qui fait autant la marque que le charme de la méthode Chenot.

On passe ainsi d’un bain de boue à une machine de l’espace qui vous bombarde d’infrarouges, en ayant toutefois pris soin entre les deux de se faire rincer au jet comme dans une bonne vieille cure thermale à la Bourboule. À un quatuor de soins compris dans la cure et qui se répètent tous les jours (balnéothérapie, bain de boue, hydrojet et massage), un médecin diagnosticien recommande l’adjonction d’une foultitude d’autres soins, pour la plupart dispensés à l’aide de machines ultramodernes.

Outre les traditionnelles injections d’acide hyaluronique et de botox, le département de médecine esthétique propose ainsi un soin de biorevitalisation à base de plasma riche en plaquettes autologues ou encore un lifting non invasif pratiqué à l’aide d’une machine à ultrasons micro et macro-focalisés de haute densité. Si les bénéfices de ces derniers sur la santé de la peau n’apparaissent pas comme instantanés, le plaisir de la course dans la machine antigravité mise au point, par la NASA est quant à lui immédiat. Faire un footing d’astronaute avec des performances de marathonien est une expérience jubilatoire.

On y revient

Tout cela cumulé, « au bout de trois ou quatre jours, les changements sont notables. Les corps sont dégonflés, raffermis. Les clients eux-mêmes témoignent d’une plus grande légèreté, d’un sentiment d’énergie retrouvée », assure Iliana, masseuse à la main de fer dans un gant de velours, que l’on voudrait pouvoir ramener à la maison à la fin du séjour. D’ailleurs – c’est un signe qui ne trompe pas –, la plupart des clients reviennent : 70 % d’entre eux pour être précis, certains jusqu’à deux fois par an, d’autres trois fois.

Mises à part Iliana et l’énergie retrouvée, sans doute goûtent-ils l’atmosphère à la fois raffinée et internationale des lieux. L’anglais est la première langue du Chenot Palace Weggis, un anglais parlé avec une multitude d’accents plus ou moins exotiques. La clientèle, comme le personnel, vient ici des quatre coins du globe.

Ambiance multiculturelle

Au bout de quelques jours passés dans cette enclave multiculturelle, de laquelle l’enchaînement des soins ne laisse que peu d’occasions de sortir, on finit par oublier où l’on se trouve. Est-ce seulement encore la Suisse ? Les palmiers plantés le long du lac permettent d’en douter. « C’est la Méditerranée à 45 minutes de Zurich », s’amuse une Suissesse, qui s’esbaudit moins sur les palmiers que sur la très forte concentration d’Italiens, de Grecs ou de Croates parmi le personnel. Sur les 200 salariés que compte l’établissement, dont 50 pour le seul département médical – pour un maximum de 85 curistes chaque semaine –, l’une des rares nationalités qui ne soient pas représentées est la Suisse !

Ramené au salaire minimum local de 4 400 euros, conjugué au niveau high-tech des équipements proposés et à la qualité du service palace, ce nombre de 200 employés minimise quelque peu le prix des cures (à partir de 5 300 francs suisses, chambre non comprise). La santé a un prix, s’entend-on souvent dire. En toutes choses, le Chenot Palace Weggis met la barre très haut. On en revient totalement renouvelé.


Chenot Palace Weggis, Hertensteinstrasse 34, 6353 Weggis (Suisse), Tél. : +41 41 255 20 00, chenotpalaceweggis.com

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