Léa Drucker, pleine de vie

Sous ses airs un peu réservés, cette blonde pétillante peut tout jouer. Après son rôle de femme battue, tout en retenue, dans Jusqu’à la garde, l’actrice césarisée revient sur les écrans avec C’est la vie, une comédie mise en scène par Julien Rambaldi. Rencontre.

Olivia de Buhren

C ’est la vie raconte l’histoire de cinq jeunes femmes qui, le jour de leur accouchement, se retrouvent dans la même maternité. Dans cet environnement clos et protégé, à quelques heures de connaître l’un des moments les plus bouleversants de leur existence, les inquiétudes remontent, les tensions familiales s’exacerbent. Portée par une pléiade d’actrices remarquables, Léa Drucker joue le rôle d’une businesswoman débordée. Nous l’avons rencontrée à Paris, à l’Hôtel Amour, dans le IXe arrondissement.

Quelle place la maternité prend-elle dans votre vie ?

Je dirais toute la place. La difficulté, c’est de réussir à jongler entre des tournages très intenses et une vie personnelle remplie. J’aime à penser que je fais le mieux pour ma fille. La maternité est arrivée tard dans mon existence. Je ne sentais pas la fibre, je voulais être libre et, surtout, ne céder à aucune pression sociale. J’aimais beaucoup ce que je faisais et je voulais mener ma vie comme je l’entendais, au jour le jour. Mes amies ont toutes eu des enfants très jeunes, je trouvais ça merveilleux, mais ça ne résonnait pas en moi. Cette envie est venue plus tard grâce à une rencontre.

Qu’est-ce que la maternité vous a apporté ?

Beaucoup de joie. Cela m’oblige à chercher de l’optimisme et du positif pour quelqu’un d’autre que moi-même. Je me projette dans l’après pour essayer de construire un monde le plus tolérable possible.

Vous incarnez une femme de tête qui a du mal à s’arrêter de travailler, même pour accoucher. Que partagez-vous avec ce personnage ?

Manon Laval est une femme autoritaire, avec de grandes responsabilités. Elle ne me ressemble pas. J’aime bien les personnages d’autorité, ce sont des gens qui m’amusent dans la vie. Elle est mon contraire. Moi, avant d’entrer en conflit, je préfère y réfléchir à deux fois. À mon sens, ce que je partage le plus avec Manon, c’est son énergie. Je pense que, comme elle, je suis une femme assez indépendante. C’est une femme addict au travail, ce que je peux tout à fait comprendre, je l’ai été moi- même longtemps.

Vous avez joué des personnages très différents tout au long de votre carrière. Vous surprend-on encore avec certains rôles ?

Oui, récemment j’ai joué une présidente de la République. Il y a certains rôles qui me font encore un peu peur, mais c’est l’adrénaline qui me pousse à me surpasser et m’aide à ne pas m’installer dans une routine.

Entre une femme battue et une future mère, l’écart est grand. Est-ce facile de passer d’un registre à un autre ?

Non, ce n’est pas facile, ça se travaille, mais ça m’amuse aussi beaucoup. Le théâtre m’a permis d’explorer différents registres, j’ai joué beaucoup de pièces dramatiques, mais aussi des pièces comiques. J’aime bien les deux genres, ce sont des énergies différentes, mais la source du travail est la même. J’essaie toujours d’aller vers quelque chose que je n’ai pas encore réalisé. Dès qu’un rôle me fait peur, je sais qu’il va être très intéressant à interpréter et que je vais aimer. On a tous envie de changer de rôle et de ne pas être ancrés dans un personnage en particulier.

Une des problématiques du film, c’est « la pression » ressentie par les femmes pour reprendre vite leur travail après leur accouchement. Pensez-vous que l’on se mette trop de « pression » ?

Tout est une question de choix personnel. Une naissance, c’est un moment fort qui se vit le plus souvent en famille. Donc, les histoires de chacun ressurgissent, les sentiments sont exacerbés, quels qu’ils soient d’ailleurs. Il n’y a pas seulement de la joie dans ces moments-là. Manon fait face à une forte pression professionnelle, même si c’est son choix de ne pas s’arrêter. D’où le côté comique de certaines situations : franchement, qui aurait envie d’accoucher en visio ?

Avez-vous déjà ressenti une telle pression ?

En ce qui me concerne, je suis partie sur un tournage un mois et demi après mon accouchement, alors que j’allaitais. Quand on est comédienne, c’est très dur de refuser quelque chose qui est tellement important. On essaie donc de faire les deux et on se retrouve à devoir jouer certaines scènes parfois difficiles. On s’inspire des gens autour de soi. Après le tournage, j’étais juste épuisée, mais j’étais portée à la fois par ma fille, qui me donne beaucoup d’énergie et de joie, et par ce que j’étais en train d’accomplir.

Quel type de maman êtes-vous ?

Je suis une mère un peu inquiète, qui a envie que tout se passe bien. Ma fille est assez autonome, même si elle est encore petite. Le matin, elle s’habille toute seule, et ensuite on prend le petit déjeuner ensemble. Elle travaille ses devoirs, je suis assez vigilante sur l’école. Je trouve que l’apprentissage, le savoir, la lecture sont des notions très importantes. Cela permet énormément d’indépendance d’esprit.

Qu’est-ce que cela a modifié chez vous au quotidien ?

J’ai complètement changé de vie, mais je n’ai rien subi, je l’ai entièrement voulu. J’ai passé 20 ans à faire du théâtre, à partir en tournée et à sortir. Je suis passée d’un rôle de femme qui ne vivait « que pour elle » à celle de maman qui vit pour son enfant. Je suis assez consciencieuse s’agissant de l’éducation. Mais il n’y a évidemment pas de modèle parfait. Si je devais insister sur quelque chose à transmettre à ma fille, ce serait de trouver sa passion et de tout faire pour la cultiver. En ce sens, ma mère est un modèle pour moi, elle est très autonome. Elle a plusieurs fois changé de métier, elle a passé son CAPES à 40 ans pour devenir professeur, mais sa passion, c’est l’art contemporain. Elle a créé une galerie chez elle, où elle expose des artistes, très modestement, et je pense que la grande chance de ma vie, c’est de l’avoir vue aussi passionnée. Grâce à elle, j’ai pratiqué le piano, le patin à glace et le théâtre, qui est devenu mon métier.

Qu’avez-vous appris sur vous-même dans ce film ?

J’ai appris qu’il y a de la vérité dans la démesure. On se demande parfois comment on va pouvoir jouer une scène et la rendre crédible.

Y a-t-il des rôles que vous refuseriez de jouer ?

Non, il n’y a pas de rôle qui me rebuterait. Même un personnage odieux serait intéressant et complexe à travailler.

Que devons-nous retenir de ce film ?

C’est un film choral qui réunit plusieurs générations d’acteurs et, en tant que spectatrice, je trouve cette nouvelle génération formidable, en particulier Antoine Gouy, Youssef Hajdi, Julia Piaton, David Marsais, Thomas Scimeca…

Vous semblez très épanouie. Que peut-on vous souhaiter ?

Une bonne santé, comme pour tout le monde… Et souhaitons-nous de sortir de tout ce que l’on vient de traverser ! Professionnellement, j’aimerais bien jouer dans un polar, un thriller. On ne m’a jamais proposé de film policier, ça me plairait beaucoup. À bon entendeur !

C’est la vie de Julien Rambaldi, avec Léa Drucker, Josiane Balasko, Julia Piaton, Alice Pol, Florence Loiret-Caille, Fadily Camara, en salle le 28 juillet 2021.

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