Les mauvaises résolutions

Pareilles à un vaccin permettant à notre organisme de passer l’année de façon saine, les mauvaises résolutions sont une petite poussée d’honnêteté libératoire et jubilatoire à prescrire de toute urgence.

 

Judith Spinoza

Les bonnes résolutions, ça claque comme un corps mort. Ça a le poids d’une pièce de résistance qu’il faut ingurgiter, les vœux de nouvelle année tout juste passés. C’est une chair sans volupté ni rêve, car mise à nu trop tôt. Une contrainte pas très sexy. Les bonnes résolutions, c’est le râle du mois de janvier, annonçant une année mort-née. Un appel vers la grande masse qui se presse pour faire sienne cette obligation bien mal sentie que scandent la société et les médias alors qu’on tourne la page du calendrier. Un diktat de la pensée positive visant à prendre un engagement envers soi-même et/ou se libérer de ses défauts. Qu’évidemment chacun d’entre nous adopte avec la traîtrise du scorpion – disons, plutôt, avec la conscience mensongère d’un arracheur de dents, puisqu’on sait pertinemment qu’il n’en sera rien et que cela sera presque pire dès qu’on aura déclaré forfait. Que jamais nous ne respecterons ces engagements tellement hypocrites et bien-pensants, oscillant entre altruisme et égoïsme profond : prendre du temps pour soi et les autres, arrêter de fumer, faire du sport et perdre du poids, être moins (ou plus) exigeant avec soi-même. Au mieu, les tiendra-t-on quelques jours, quelques mois peut-être, pour se griser de cette poudre de perlimpinpin cuvée 2019. 

Car, bien au fond de nous, sommeille quelque chose de libertaire. De plus léger, de plus avouable, de tellement plus drôle et de tellement plus vrai : les mauvaises résolutions façon « si j’veux, quand j’veux, où j’veux ». L’éclate de la mauvaise graine qui sauvera notre année. De 0 à 99 ans, chacun trouvera son compte dans cette psychothérapie accélérée. Défoncer la gueule de son boss, doubler sa dose d’alcool et de tabac, insulter la voisine dont la playlist de Britney Spears vous rend neurasthénique, refuser les déjeuners dominicaux chez belle-maman et, enfin, multiplier les achats compulsifs – des escarpins de douze centimètres aux pots de Nutella. Cultiver la vengeance comme la jalousie, les mesquineries et la mauvaise foi, l’humour en toute circonstance. Ou encore se gaver de junk food en envoyant valser l’opprobre du poulailler qui sévit dans nos bureaux, refuser de passer l’aspirateur malgré le principe de l’égalité des sexes et des tâches, refuser de travailler mieux ou plus pour gagner plus ou moins, peu importe. Bref, battre en brèche le modèle de droiture de bon aloi à laquelle invitent les bonnes résolutions. Préférer que 2019 soit politiquement incorrect et, cependant, en cohérence avec notre moi profond. Celui-là même qu’interpellent les rabâcheurs de bonnes résolutions – presse féminine et magazines de psychologie – qui n’ont saisi aucun de ces deux principes : la liberté d’être soi et de l’approcher d’encore un peu plus près à chaque nouvelle année.

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