[vc_row][vc_column][vc_column_text]Photo d’ouverture : Château Yquem
Après quelques années maussades où la presse et les consommateurs se sont éloignés des vins de Bordeaux, la filière se redresse avec brio en nous dévoilant un nouveau visage, plus vert et plus tendance. En six grandes questions, nous vous expliquons pourquoi et comment.
La machine à cash en panne ?
Avec le gel de 2017 et ses 40 % de perte de raisins, les prix s’envolent, démotivant une partie des acheteurs historiques (États-Unis et Chine.) Les négociants peinent à vendre du bordeaux. Le phénomène est d’autant plus marqué chez les petits producteurs, qui manquent cruellement de visibilité. De plus, la dépendance à la grande distribution accentue la descente aux enfers. Il faut savoir qu’une bouteille sur deux de bordeaux de moins de 10 euros se vend en grande distribution et ne se retrouve pas chez les cavistes et les tables branchées, excellents véhicules de communication. Avec la baisse des ventes sur ce premier circuit, la filière bordelaise se voit contrainte de changer de stratégie et d’aller directement au contact des acteurs sujets au désamour : les consommateurs et les sommeliers.
Le système des primeurs, est-ce has been ?
Depuis plus de trente ans, la période des primeurs est le rendez-vous incontournable de Bordeaux. Ce système d’achat en anticipation, exclusivement réservé aux négociants, ne fonctionne que pour les trente plus grandes propriétés bordelaises, c’est-à-dire 4 % du marché ! Et les autres ? Ils sont oubliés, victimes de la surmédiatisation de cet événement. Pour beaucoup, il s’agit d’un modèle dépassé, surtout au vu de la dernière campagne 2018 : même si la qualité et la quantité furent au rendez-vous, on a constaté une certaine morosité. Malgré un début prometteur, les Américains et les Chinois, marchés historiquement porteurs, n’ont que peu acheté, leurs stocks étant déjà au plus haut…
Des cartes des vins sans bordeaux, même à Bordeaux ?
Le désamour se rend palpable lorsqu’en 2017 Nicolas Martin, alors directeur de l’office du tourisme de Bordeaux, publie un manifeste, supprimé depuis, contre les « restaurants bordelais qui ne proposent pas de bordeaux dans leur carte des vins ». Il y aurait en effet dans la ville entre 10 et 20 % de restaurants qui ne servent absolument aucun vin local. Même à Paris il est devenu d’usage, pour une nouvelle table bistronomique, de ne pas proposer de bordeaux, jugés souvent trop classiques et, surtout, hors de prix !
Un vin inaccessible ?
Quand on sait que, il n’y a même pas vingt ans, on pouvait encore acheter de grands millésimes aux foires aux vins à moins de cent euros, on se dit que c’était la belle époque. Maintenant, il faut plus d’un SMIC pour se payer certains 1ers Grands Crus Classés devenus, au même titre qu’un sac Vuitton, un pur objet de luxe. Du coup, les Millennials se détournent de ces vins pour aller vers ceux de régions où l’on peut se faire plaisir à bon prix. On pense au Rhône et au Languedoc-Roussillon, qui ont parfaitement su tirer leur épingle du jeu en proposant des vins bien faits à des tarifs très compétitifs.
Les méchants pollueurs ?
En 2016, au cours de l’émission Cash Investigation, la journaliste vedette Élise Lucet dévoile les résultats d’une analyse effectuée sur les cheveux d’enfants de Saint-Émilion dans lesquels plus de 40 pesticides sont détectés. Des images de familles se terrant chez elles lors des épandages chimiques sont diffusées… C’est la goutte qui fait déborder le verre. La presse et l’opinion publique s’en donnent à cœur joie et invectivent la filière bordelaise en la traitant de grosse pollueuse… Depuis, l’objectif fixé par la région de Nouvelle-Aquitaine a été atteint. La puissante institution régionale avait en effet promis de franchir le seuil de 10 % des domaines en bio. En 2019, le pari est gagné ! Et ce n’est qu’un début.
Trop linéaire, trop boisé, trop concentré : la fin du diktat Parker ?
On aime l’Américain Robert Parker, le critique de référence en œnologie, car il a su faire découvrir Bordeaux à ses compatriotes. À sa charge, il convient de déplorer une uniformisation du style et du goût des consommateurs. En surnotant les vins très concentrés, boisés et riches en alcool, les domaines se sont fait dicter la partition en oubliant de faire jouer sa part au terroir. En 2012, la fin du règne Parker – il démissionne de son poste de rédacteur en chef de la revue Wine Advocate – sonne le glas de son influence sur les consommateurs et permet à Bordeaux de se délivrer de son hégémonie.
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Les Grands Crus Classés se mettent au vert
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Un vent nouveau souffle sur les Grands Crus Classés. Véritables locomotives de la région, ils incitent les autres, les plus petits, à travailler différemment, dans le respect de l’environnement et de l’homme. La révolution green est en marche.
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Château Pontet-Canet, cuves en béton
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Château Palmer
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Château Montrose
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Château Angélus
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Château Pontet-Canet : le pionnier
Ce 5e Grand Cru Classé de Pauillac a fait figure de proue lorsque, en 2004, déjà en bio, l’ingénieur agronome Jean-Michel Comme convainc le propriétaire, l’éclairé Alfred Tesseron, de tester la biodynamie. Il faudra dix ans pour obtenir le label Demeter, délivré par l’un des deux organismes certificateurs de la culture en biodynamie. À force de ténacité et d’exigence, ce cru du Château Pontet-Canet a rapidement été acclamé par le public et les experts. Fait rare, le grand critique américain Robert Parker a même décerné la note de 100/100 au millésime 2010. Cette ascension fulgurante conduit aujourd’hui la famille Tesseron jusqu’en Californie avec Pym-Rae, le nouveau domaine – également en biodynamie –, baptisé ainsi par Robin Williams, l’ancien propriétaire.
Château Yquem, direction la biodynamie
L’un des plus célèbres vins au monde a déclenché lui aussi un mini-cataclysme dans le milieu très fermé des Grands Crus Classés. « Ces dernières années, Yquem a franchi des étapes décisives pour parvenir aujourd’hui à une viticulture intégralement biologique et bientôt biodynamique », annonce Bernard Arnault, le PDG du Groupe LVMH, à l’occasion du prestigieux dîner pour la presse internationale qui ouvre le salon Vinexpo Bordeaux. Afin de pérenniser le « rayonnement mondial des crus classés de 1855, qui sont les éclaireurs, les têtes de toute une économie française de la vigne et du vin », estime Bernard Arnault. Le ton est donné !
Château Palmer, brebis et vaches dans les vignes
Après une étude approfondie des sols en 2007, le choix a été radical : « Il faut passer l’ensemble des 55 hectares en bio et, à terme, en biodynamie », affirme Thomas Duroux, l’actuel directeur général. Cela n’a d’ailleurs pas été facile : « Nous ne nous sommes pas lancés d’un coup, il nous a d’abord fallu le temps de prendre nos marques, de comprendre les mécanismes de la biodynamie. » Pour cela, ils ont dû changer progressivement la manière de travailler : apprendre la préparation de tisanes pour renforcer la vigne, mettre des brebis pour brouter et fertiliser les sols et même des vaches pour fabriquer le compost. Thomas Duroux y va avec méthode et pleine conscience : « On n’invente rien, c’est juste une propriété qui retrouve son harmonie. »
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Château Montrose, la course au bio est lancée !
Ce 2e Grand Cru Classé de Saint-Estèphe, propriété depuis 2006 de la famille Bouygues, avait depuis le début le souhait de restructurer le vignoble avec un passage en bio et en biodynamie. Après de longs investissements et des études poussées du sol, le vignoble est partiellement en bio en 2016 et le sera totalement d’ici 2020. « C’est une nécessité sociétale, environnementale et philosophique », explique le gérant du domaine, Hervé Berland. Cela implique une meilleure connaissance du vignoble et plus de main-d’œuvre : « L’an dernier, ils étaient 63, cette année 90. Une force de frappe qui nous a permis d’être rapides et précis, car c’était là le deuxième enjeu : être très attentifs à l’intraparcellaire, à la vie de la vigne, pour s’adapter aux disparités de sols, de pentes, d’orientations, et ramasser chaque raisin au meilleur moment. » Et Vincent Decup, le maître de chai, de conclure : « C’est un labeur de longue haleine, on travaille pour les générations à venir, mais c’est une expérience passionnante. » L’aventure continue !
Château Latour, premier des 1ers Grands Crus Classés en bio
C’était le 22 octobre 2018. Le directeur général de Château Latour, Frédéric Engerer, annonçait via Twitter l’obtention de la certification bio. Il devient ainsi le premier parmi les « Premiers » (hors sauternes) du classement 1855 à franchir entièrement le pas vers l’agriculture biologique. « On a toujours essayé de respecter l’environnement, et le passage au bio est une étape dans ce sens », explique la directrice technique Hélène Genin. Après un essai concluant en 2009, la famille Pinault, propriétaire du château, a donné son accord pour convertir la totalité en bio, soit 93 hectares ! Pari réussi : en 2018, la certification Ecocert France a été obtenue. En se privant du recours aux produits chimiques de synthèse, la démarche bio réclame un travail plus important dans la vigne et une attention de tous les instants. « Cela exige l’adhésion et la motivation de tout le personnel. Ainsi, pendant les quatre mois les plus critiques, nous demandons à nos vignerons de ne pas trop s’éloigner, même le week-end », admet Frédéric Engerer. Leur objectif maintenant : le passage en biodynamie !
Château Angélus, sur la route du bio
Petite secousse rive droite lorsque, en mars 2018, le célèbre Grand Cru Classé A de Saint-Émilion, le Château Angélus, entame sa conversation en bio : « Il ne s’agit pas d’une révolution, plutôt de l’aboutissement logique d’une longue démarche d’agriculture raisonnée menée depuis plus de dix ans », déclare la directrice générale du prestigieux vignoble, Stéphanie de Boüard-Rivoal. Avec ses 42 hectares, Château Angélus est le premier des A à entamer sa conversion (ont suivi Château Pavie, Cheval Blanc et Ausone). « On n’est jamais à l’abri des risques climatiques, car la nature est aléatoire, mais nous avons acquis une expérience depuis deux ans en culture bio dans le domaine voisin de Bellevue, qui nous donne un peu de recul, et nous nous tenons prêts à analyser tous les effets du climat avec humilité sur notre vigne », explique la jeune femme, huitième membre de la famille, depuis 1782, à diriger Château Angélus. La propriété compte prendre son temps et envisage d’étaler la conversion sur quatre à cinq ans de manière à mettre, d’ici 2022, les premières bouteilles en bio sur le marché.
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La biodynamie : quèsaco ?
Les bases de la biodynamie ont été posées par le philosophe allemand Rudolf Steiner en 1924 avec son livre Le Cours aux agriculteurs. Selon lui, la plante, ici la vigne, en lien avec la terre et la lune, doit retrouver son énergie vitale pour s’épanouir. Pour cela, aucun produit chimique n’est bien évidemment autorisé. À la place, afin de renforcer la vigne, le vigneron doit utiliser des sortes de « potions magiques » à base de plantes. Ces tisanes homéotiques sont préparées et pulvérisées sur la vigne à une période définie par le calendrier lunaire de manière à lui donner le maximum de défenses immunitaires. « Demeter » et
« Biodyvin » sont les deux principaux labels pour certifier un domaine viticole en biodynamie.
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Bordeaux nouvelle génération
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Ils sont jeunes ou pas, ont repris le domaine familial avec la ferme intention de changer des pratiques jugées désuètes ou sont devenus néovignerons avec la volonté de travailler différemment. Rencontre avec des personnalités très… tanniques.
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Bordeaux Oxygène, la force du groupe
« On a commencé, car nous étions tous potes », déclare Yseult de Gaye, la coprésidente de l’association Bordeaux Oxygène. Derrière ce collectif de vingt membres très dynamiques venus des quatre coins de Bordeaux, il y a l’idée de se regrouper pour échanger et dynamiser l’image de la région.
« On pense que l’on est cloîtré dans nos châteaux. Venez chez nous ! C’est tout le contraire ! », lance Yseult de Gaye. Ici, l’ambiance est conviviale et bonne enfant, loin de l’image hautaine et froide que l’on peut se faire des propriétaires bordelais. On peut les rencontrer directement lors d’événements phares de l’année. « On a aussi un groupe de travail environnemental dans le but de s’aider sur une problématique actuelle qui nous tient à cœur. On se donne des conseils, on s’épaule, on s’entraide, toujours avec bienveillance. » Une belle énergie qui a fait ses preuves après plus de dix ans d’existence !
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Alexandra Petit-Mentzelopoulos, le nouveau visage de Château Margaux
Elle aurait pu être commissaire-priseuse, mais la passion du vin lui a fait changer son programme. Alexandra, la fille de Caroline Mentzelopoulos, propriétaire du célèbre Grand Cru Classé Château Margaux, vient, après sept années passées aux côtés de sa mère, de devenir la directrice générale adjointe de la maison viticole. À 32 ans,
c’est une jolie consécration pour cette grande brune qui a toujours voulu faire ses preuves. D’ailleurs, la réussite de son bar à vin londonien, baptisé « Clarette » et dont elle continue à s’occuper en parallèle, en est le parfait exemple. Elle entend bien garder la tradition de ce grand domaine tout en cherchant à rajeunir un peu les clients. Avec le lancement en 2012 d’un troisième vin, Margaux du Château Margaux, beaucoup plus accessible (100 euros) et destiné à la restauration, l’objectif est clair : conquérir le cœur des Millennials. À suivre de près…
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Loïc Pasquet, un vigneron inclassable
« J’ai découvert en Bourgogne cette culture du lieu et du terroir. Ces vins qui ont le goût du lieu me fascinaient. Mais, à Bordeaux, cette notion avait disparu, en tout cas je ne l’ai pas trouvée. » C’est sur cette constatation que Loïc Pasquet, ancien ingénieur, décide de chercher le lieu magique pour recréer ce goût unique de Bordeaux. Ce sera dans les Graves que naît Liber Pater en 2005. En voulant retrouver ce goût « 1855 » (avant que le phylloxera ne change la carte du vignoble bordelais et européen), Loïc travaille des cépages oubliés, tels saint-macaire, tarnay, marselan ou castets, et ne respecte ni l’appellation, ni la façon de planter, ni la vinification. Cette liberté a fait parler de lui. « Replanter des cépages anciens en franc de pied, produire un vin de lieu, c’est unique à Bordeaux, et mes clients sont séduits. » Aujourd’hui, son vin se vend plus cher que Petrus, à plus de 4 000 euros la bouteille, et cela marche !
facebook.com/LoicPasquetLiberPater
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L’avenir de Bordeaux
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De la créativité, de l’enthousiasme, de la prévoyance et de l’optimisme, voilà ce que les acteurs de la profession nous disent de Bordeaux. Tour d’horizon des grandes tendances du vignoble bordelais en ce XXIe siècle.
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Un style qui évolue : de la « buvabilité » !
Une petite révolution est arrivée aussi sur le style des vins de Bordeaux. Fini les rouges bodybuildés, très boisés et tanniques. Ça, c’était l’époque de Parker, cet ancien avocat devenu le grand critique de vin qui a profondément marqué Bordeaux dans les années 80 et 90. En effet, il a peu un peu imposé ce style opulent et corsé et, avec lui, fait perdre de nouveaux consommateurs qui se sont tournés « vers la bière ou d’autres spiritueux plus fun et accessibles », comme l’explique Olivier Dauga, œnologue très en vue à Bordeaux. « Aujourd’hui, les jeunes veulent un vin fruité, qui sera bu dans l’année, simple de lecture, transparent sur la qualité et avec une étiquette si possible sans château ! » Le mot est dit. Olivier Dauga conseille de nombreuses propriétés qui ont voulu conquérir ce public. On ose la couleur et les animaux rigolos sur les étiquettes, on avance aussi sur le bio : « On sent un fort engagement des vignerons sur cette voie, même si cela coûte beaucoup d’argent. La transition est en marche, et heureusement ! Il faut sortir de notre nombrilisme girondin », rétorque avec amusement Olivier Dauga. Ainsi, on allège ou supprime les fûts de chêne pour l’élevage en privilégiant les cuves en inox ou même, pourquoi pas, en jarre et en amphore, on rééquilibre les cépages avec souvent une dominante de merlot, gage de fruité, et on vendange mieux pour garder une belle acidité, croquante et fraîche. Bref, on (re)découvre le fruit !
Cépages oubliés et cépages résistants : la réponse au réchauffement climatique ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. D’ici 2020, dans le meilleur des cas, la température de la terre augmentera de 1,5 degré.
On le remarque déjà à microéchelle dans la vigne : vendanges précoces, gel tardif, tempêtes de pluie… Alors, à Bordeaux, on l’a compris : il faut devancer le problème. Il y a ceux qui replantent des cépages oubliés datant de l’avant « crise du phylloxera » (cet insecte qui a ravagé les trois quarts du vignoble européen et fait disparaître nombre de cépages). C’est le cas notamment à Fronton, petite appellation très dynamique de la rive droite.
Pour le président du syndicat, Frédéric Ribes, il s’agirait même presque d’une urgence : « Il y a une volonté de ne pas voir disparaître ces cépages issus de notre terroir, c’est vrai. Mais c’est aussi vital pour le vignoble, car certains cépages actuels sont probablement voués à la disparition, comme le cabernet sauvignon. Plusieurs pieds ont déjà été arrachés. C’est un cépage très sensible aux grosses chaleurs. » Alors, au domaine La Colombière, on a fait le choix du cépage bouysselet qui donne un blanc avec beaucoup d’équilibre et de fraîcheur. Chez Marc Penavayre, au château Plaisance, on a parié sur le cépage négret pounjut : « Pour moi, c’est une merveille ! Ce cépage est dans l’air du temps. Il assure un petit degré alcoolique, une petite structure, peu de couleur, mais il a plein d’arômes. Il fait un vin plaisir, agréable, léger, idéal pour les apéros. » Marc Penavayre ne tarit pas d’éloges sur ce cépage.
Enfin, il y a les cépages résistants, ceux qui peuvent contrer les maladies si destructrices comme la pourriture grise, le mildiou, l’oïdium… Bernard Magrez, le « pape » du vin, propriétaires de quatre Grands Crus Classés, a investi sur un observatoire de cépages résistants pour les introduire progressivement dans le vignoble. D’autres sont déjà actifs depuis 2014, comme les vignobles Ducourt. Ce producteur de l’Entre-Deux-Mers a presque arrêté tout traitement phytosanitaire grâce au recours des cépages résistants… et ses consommateurs n’ont remarqué aucune différence de style notoire.
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Une conscience de l’avenir
Les mots justes du pépiniériste star Lilian Bérillon
À Bordeaux comme ailleurs, l’urgence du changement se fait entendre. « Pour ceux qui ne bougent pas maintenant, il est déjà trop tard », annonce le pépiniériste Lilian Bérillon. « Quand on sait que 97 % de la vigne se meurt par nos choix de viticulture intensive et industrielle, il faut tirer la sonnette d’alarme. Clonage, monoculture, usage à outrance des pesticides… il est urgent de se tourner vers une vigne saine qui vit tout simplement en bonne santé. Mon métier, au final, ne doit pas être celui du sauveur de la vigne, mais du gardien d’un patrimoine incroyable trop souvent exploité et abîmé. On remarque que les choses avancent à Bordeaux, les locomotives sont en marchent (les Grands Crus Classés) et les autres doivent suivre, question de dynamique économique et régionale. » Avec son bâton de pèlerin, Lilian va convaincre domaine après domaine de la nécessité de travailler différemment pour préserver cet écosystème si fragile, surtout en ce temps de catastrophe climatique. « Cela prendra du temps, mais je reste optimiste », conclut-il.
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Qu’est-ce qu’un cépage résistant ?
Un cépage résistant est le résultat de croisements entre des variétés de vignes traditionnelles et d’autres plus robustes. Cela donne naissance à un nouveau cépage qui possède à la fois des propriétés organoleptiques intéressantes et proches des cépages traditionnels, mais aussi une résistance naturelle face aux maladies comme le mildiou, l’oïdium ou le botrytis. Ces croisements ne sont pas nouveaux puisque c’est le même procédé qui a permis au fil des siècles la sélection des différents cépages que nous connaissons aujourd’hui et qui sont cultivés dans le monde entier : merlot, cabernet sauvignon, sauvignon blanc…
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