Champagne écoresponsable, la bulle verte

Depuis dix ans, les fabricants champenois s’engagent pour réduire l’empreinte écologique globale de la filière. Vers une nouvelle bulle… verte ?

 

Judith Spinoza

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Tracteurs électriques, traitement des effluents vinicoles et des déchets, géothermie, emballages écologiques, bouteilles allégées et même… confusion sexuelle (méthode biotechnique de lutte contre les parasites) : depuis plus de dix ans, les fines bulles se convertissent aux enjeux du développement durable. « Entre 2003 et 2018, l’empreinte carbone de chaque bouteille de champagne a baissé de 20 % », indique-t-on fièrement au Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), qui représente tous les vignerons et maisons de ladite appellation. « Les objectifs de la filière sont de réduire l’empreinte carbone de 75 % à l’horizon 2050, d’atteindre 100 % des surfaces du vignoble sous certification environnementale et zéro herbicide en 2025. » Depuis quelques années, en effet, on parle non plus de « viticulture » mais de « viticulture écologique », saisissez la nuance. Ses outils : un système original de management environnemental sur l’intégralité de l’aire d’appellation. Mis en place début 2000 sous la forme d’une certification, il recouvre trois axes – le plan « eau », le plan « biodiversité » et le plan « carbone » – et touche l’ensemble de la chaîne de production – gestion des sols, procédés de vendange, transport et services.

100 % de certification environnementale d’ici 2030

Mobilisée sur ce sujet dès 2003, la Champagne est ainsi la première filière viticole dans le monde à avoir établi son bilan carbone et identifié les postes d’émission les plus importants. « Engagés de longue date en faveur de la préservation de l’environnement, vignerons et maisons entendent également, par leurs actions, transmettre aux générations futures ce terroir unique et exceptionnel », détaillent Jean-Marie Barillère et Maxime Toubart, présidents du CIVC. En 2014, le comité a donc lancé la certification Viticulture Durable en Champagne (VDC), un référentiel développé par et pour la Champagne sur la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et la gestion de l’irrigation. « Le cahier des charges du VDC », précise Thibaut Le Mailloux, directeur de la communication du comité, « intègre des éléments liés spécifiquement à la Champagne sur le sujet de la préservation des terroirs et des paysages, sur l’économie circulaire (tri, collecte et valorisation des déchets dits “industriels” : papiers, cartons, métaux, plastiques) ou encore la réduction de l’empreinte carbone des exploitations. » Chaque viticulteur programme à sa guise son plan d’amélioration, mais, afin d’obtenir la certification en question, il doit répondre à environ 90 % de ses 125 critères. En 2016, par exemple, Mumm et Perrier-Jouët décrochent la certification VDC sur 283 hectares de vignes et « confortent le Groupe Pernod Ricard dans ses engagements Sustainability and Responsibility, notamment en faveur du développement d’une agriculture durable et de la préservation de la biodiversité sur ses surfaces agricoles ». « Chez Roederer, elle vient saluer notre volonté d’assurer un plus grand respect de l’environnement, de préserver les paysages et la biodiversité et de participer à l’amélioration des conditions de travail », explique le régisseur Johann Merle. Le VDC coexiste avec le label plus généraliste Haute Valeur Environnementale (HVE) (2,4 % des exploitations), le label Terra Vitis (1,4 %) et les vignobles bio (2,7 %). Au total, la Champagne dénombre plus de 570 exploitations (vignerons ou maisons) bénéficiant d’une certification environnementale, soit 17 % des terres. Enfin, la région s’est dotée fin 2018 de deux objectifs : plus aucun herbicide en 2025 et la totalité des exploitations bénéficiant d’une certification environnementale en 2030.

Qu’importent la taille et le nom

En clair, la plupart des domaines, du petit vigneron aux plus grands vignobles, s’y sont mis. « Il y a de nouvelles certifications presque chaque jour. C’est une question d’organisation, de volonté, d’anticipation, d’engagement… La rapidité de la transition écologique et de l’accès à la certification n’est pas nécessairement reliée à la taille de l’entreprise », observe Thibaut Le Mailloux. Certains mettent leurs bonnes pratiques en avant, comme Gaston Chiquet, certifié depuis octobre 2015, ou la famille Gaudinat, qui « cherche sans cesse de nouveaux procédés écoresponsables »« Les maisons Dom Pérignon, Krug, Mercier, Moët & Chandon, Ruinart et Veuve Clicquot sont les premières de la région à recevoir la certification Viticulture Durable en 2014, associée en 2015 à la certification Agriculture à Haute Valeur Environnementale pour la totalité de leurs vignobles. Quant à Hennessy, elle a atteint avec six ans d’avance les objectifs du plan Ecophyto 2025 et mène depuis plusieurs années des essais agroenvironnementaux », indique LVMH, qui vient de signer un partenariat de cinq ans avec l’UNESCO pour soutenir le programme « L’Homme et la biosphère » sur la biodiversité. Pionnière en la matière, Veuve Clicquot a mis en place le tri sélectif dès 2001 et réalisé son bilan carbone un an plus tard. En 2010, elle se convertit au zéro herbicide, atteint en 2018. « Consciente de son rôle depuis plus de quinze ans, elle met en œuvre une démarche active qui englobe tous les champs de son activité, du travail de la vigne à la distribution de ses vins », confirme la maison champenoise.

Se serrer les coudes

Pas si facile pourtant. Depuis 2017, la « certification individuelle par voie collective » a vu le jour, permettant de s’entraider pour atteindre les objectifs environnementaux. « Il y a une solidarité à mettre en place afin que cette démarche soit moins lourde pour chaque vigneron », explique Laurent Panigai, directeur général adjoint au Centre Vinicole Champagne Nicolas Feuillatte (4 500 vignerons en 82 coopératives, 2 100 hectares de vignoble). « Notre rôle d’union de coopératives est d’apporter une intelligence collective et de faciliter pour les vignerons l’accès à l’information et aux ressources administratives. » Certaines maisons, comme Lanson, Mumm, Perrier-Jouët ou Krug facilitent cette démarche grâce à des ressources d’accompagnement et/ou une prime financière incitative. Comme le confirme le CIVC, « le défi majeur consiste à convaincre 100 % des acteurs d’entrer dans une démarche de certification, parce que celle-ci représente une charge de travail et un coût significatifs. » L’argent, mais aussi l’humain. « Quand il faut passer des heures en pleine canicule à utiliser la raclette pour éviter le désherbant, c’est usant », avoue l’un des dirigeants de la maison Plener. Mais, comme le rappelle cette maison familiale, « nous avons choisi ces démarches non par opportunisme mais par conviction. Être HVE et VDC n’a de sens que si, dans notre vie privée, nos efforts rejoignent ceux de notre travail. Faire la chasse aux déchets plastiques, prendre le vélo plutôt que la voiture, etc., rien de tout ça n’est dans le référentiel ni contrôlé par l’auditeur. Pourtant, c’est aussi là que se joue la partie. »

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