Climat : la Champagne, adepte des bonnes pratiques

Pour lutter contre le dérèglement climatique, l’agriculture et la viticulture modernes doivent modifier leurs habitudes. C’est toute la chaîne de valeur qui est concernée, de la production à la distribution en passant par les packagings et les voyages de représentation. En Champagne, les grandes maisons montrent l’exemple et nous entraînent sur la voie de la conscience verte collective.

Vladimir Kauffmann et Judith Spinoza

L’engagement de Moët Hennessy, les sols vivants

Chez Moët Hennessy, les maisons de champagne – environ un tiers des bouteilles en Champagne (Moët & Chandon, Dom Pérignon, Mercier à Épernay, Ruinart, Veuve Clicquot, Krug à Reims) – « souhaitent partager leur expérience et leur approche sur les sujets-clés du développement viticole durable. Nous ouvrons nos portes à tous nos confrères et à tous ceux qui veulent contribuer à une viticulture toujours plus responsable », commente Philippe Schaus, le PDG de Moët Hennessy.

Moët Hennessy a déjà engagé des actions depuis plusieurs années : investissements importants en équipements respectueux de l’environnement ; formation des vignerons et des agriculteurs aux nouvelles technologies ; accompagnement dans les démarches de certifications en viticulture durable ; soutien de projets scientifiques et universitaires pour diffuser les savoirs. Moët Hennessy s’engage aussi pour l’avenir. C’est ainsi, sous la dénomination Living Soils, que Moët Hennessy a souhaité fédérer ses communautés dans le monde entier et développer son programme de responsabilité sociale.

À l’écoute de la nouvelle génération

Parce qu’ils sont les acteurs de demain, Moët Hennessy a invité la nouvelle génération à s’exprimer sur l’avenir de la viticulture, lors du dernier salon Vinexpo à Paris. Ce débat a été suivi par des ateliers sur le futur des vins et de la gastronomie en 2050, parrainés par Alain Ducasse et animés par l’Institut des futurs souhaitables.

Les professions de la gastronomie attirent de plus en plus de jeunes talents dans le monde et en France. C’est pourquoi Moët Hennessy a décidé de rassembler présidents de ses maisons, grands chefs, étudiants de Sciences Po et de l’école Ferrandi à ces ateliers. Ils réfléchiront ensemble au futur de la gastronomie durable et livreront leurs conclusions.

Le bio : plus qu’un label, une philosophie

Si quelques maisons comme Roederer, Leclerc Briant, Fleury, cultivent déjà leurs vignobles en bio, la tendance se développe en Champagne. Par exemple, la maison Mandois s’étend sur l’un des plus importants vignobles certifiés bio. Sur les 37 hectares de vignes de la maison, 32 ont été labellisés par Ecocert à la vendange 2020. Ancrée à Pierry depuis 1905, la maison Mandois est également propriétaire d’un clos d’1,5 hectares plantés en pinot meunier. Une surface qui donne naissance à seulement 4 000 flacons, symbole d’excellence et de rareté.

Depuis les années 2000, Claude Mandois veut progresser vers une culture plus respectueuse de la biodiversité. Peu à peu, les herbicides sont écartés, l’enherbement est mis en place et le labour, abandonné à la fin des années 60, de nouveau pratiqué. Regrettant que la notion d’une viticulture durable soit insuffisamment reconnue et valorisée, Claude Mandois fait le choix en 2017 de convertir en bio 32 hectares. Il adopte même certaines pratiques de la biodynamie.

Claude Mandois est un homme heureux : « Le bio, c’est plus qu’un label, c’est une philosophie. Les interventions sont précises et immédiates. Le vigneron devient le chef d’orchestre d’un trio magique : sol, climat, végétal. Il observe et intervient de façon subtile tant au niveau de la vigne que du vin. La recherche de la typicité de chaque terroir et la culture du vivant constituent les axes majeurs de sa passion. »

Le champagne emballé par l’éco-conception

Côté emballage, 2020 a été l’occasion pour Ruinart de dévoiler son nouvel étui vert. « Ce projet disruptif incarne en termes de packaging notre engagement pour un développement plus durable sur l’ensemble des étapes d’élaboration et de commercialisation de nos produits, depuis la conduite de la vigne jusqu’à l’expérience de consommation », déclarait début 2020 Frédéric Dufour, président de Ruinart, au salon Vinexpo. Ce packaging green, c’est un « étui seconde peau ». Sans plastique et 100% recyclable, il a nécessité deux années de recherche et de développement.

Fabriqué à base de fibres naturelles de bois, découpé au jet d’eau, doté d’un système de fermeture par bouton pression, il serait neuf fois plus léger. De quoi réduire l’empreinte carbone de 60% et permettre de renforcer la protection du vin à la lumière.

Vers des packaging biodégradables ?

Si Ruinart, qui avait déjà lancé en 2015 des caisses en bois recyclé, souhaite afficher son rôle de pionnier en la matière, d’autres maisons champenoises plaident pour cette cause. Dès 2013, Veuve Cliquot a développé Naturally Clicquot. Ce packaging avant-gardiste, 100% biodégradable, est constitué à partir de pomme de terre, et, dès 2015, à partir de raisins.

Pourquoi ce sursaut soudain autour de l’emballage ? Au début des années 2000, les différentes réglementations européennes se sont durcies. Les démarches d’éco-conceptions se sont alors intensifiées, mais n’ont porté que sur l’allègement de la bouteille de champagne. Plus légère, la bouteille Champenoise Ecova, produite par Saint-Gobain Emballage, avait ainsi permis d’économiser 8 000 tonnes de carbone en 2009.

« Il sera difficile, voire impossible de diminuer à nouveau le poids de la bouteille de champagne », expliquait Mathilde Hébert, alors responsable développement marketing de Saint-Gobain Emballage. Désormais, le packaging éco-conçu est le meilleur joker pour rester sur la voie de l’écologie.

Lire aussi : Charles-Armand de Belenet : « Bollinger a toujours été à la pointe du développement durable »

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