Humeur : comme un lundi, même en 2021

Sus au lundi. Même en 2021, à chaque début de semaine, il y aura toujours une instagrameuse pour nous rappeler à cette pensée profonde et philosophe. 

Judith Spinoza

Pffiou. Pas un lundi sans qu’on nous parle DU lundi. Et s’il y a bien une chose qui ne changera pas en 2021, c’est cette flopée de hashtags qui, à quelques facéties de vocabulaire près, évoquent sans grand relief cette terrible souffrance moderne : « #comme un lundi », « #monday mood », « #monday you know », « #mondays », « #too much Monday » « #monday face » « #waiting for Friday ». Ou simplement, #jehaislelundi, #lundi.

Lundi, triste annonciateur du retour au labeur

Jour honni. Jour triste… qu’a-t-il donc, ce jour de lune, ce lunis dies, pour agacer autant la donzelle et la pousser à déballer son humeur désabusée sur les réseaux sociaux, en anglais de préférence ? 

Rien. Lundi n’a rien fait d’autre que de sonner la première journée de la semaine, la « fin de la trêve de Dieu » comme on disait au Moyen-âge, d’annoncer le retour en classe ou au labeur qui suit l’angoisse du dimanche soir.

Qu’on ait 12, 20 ou 40 ans ou même la cinquantaine, c’est comme si tous ces âges n’en formaient qu’un et vivaient autour d’une maxime commune de collégien imaginée par Jules Romains: « Dans la vie de l’écolière, le lundi a le tort de succéder au dimanche, et de ne pas être encore éclairé par le rayonnement du jeudi. »

Blue Monday

Ou, dans un autre genre, que « C’est quand on est derrière les carreaux/ Quand on travaille que le ciel est beau » (Le lundi au soleil de Cloclo), décliné, version anglaise par le titre Blue Monday de New Order ou I don’t like Mondays des Boomtown rats, jusqu’à « It’s just another manic Monday/ I wish it was Sunday » des Bangles.

En 2021, sur les réseaux, il aura donc toujours quelqu’un pour cracher digitalement sur ce jour en bas d’une photo étudiée-« #mondayssuck »-, dans laquelle le moral à zéro de l’instagrameuse se dessine, sans qu’elle-même sucks pour autant. Belle, malgré la mine décoiffée et la moue boudeuse. Smart, pleine d’humour, malgré ce constat « déprimant ». 

Ce lundi pourri on en parle en en faisant des kilos, mais c’est quand même pour les autres : la grande masse qui bosse et qui, évidemment n’a pas le temps de prendre sa tronche en photo entre le bus ou le RER surbondés, les grilles de l’école, la réunion en visio conf’ sur fond d’éclairage blême d’ordi. Non, certains travaillent le lundi. 

Lundi porteur d’espoir

Et pourtant, lundi, tout est permis. Il est tout sauf une fin. Il est un début. De la semaine, des emmerdes, peut-être, parfois (et dans ce cas mieux ne vaut pas être seul), mais aussi un jour porteur de bonne nouvelle et d’aventure, même au bureau.

C’est un lundi, dans Un éléphant ça trompe énormément, que la secrétaire de Jean Rochefort renoue avec la féminité. Invitée à dîner à la place d’Annie Duperey, son émotion si féminine, sa fragilité si tendre quand elle perd ses moyens et se cogne à la vitre rendent son lundi enchanteur. Peu importe le lapin que lui posera Rochefort mardi. Peu importe. Son excitation maladroite et si gracieuse a réveillé le retour du champ des possibles.

C’est un lundi, aussi, que fut signé l’armistice du 11 novembre 1918. Enfin, c’est toujours un jour de lune, le 21 juillet, que Neil Amstrong posa le pied sur celle-ci. #vivement lundi.

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