Moutai, la Chine pas si populaire

Encore méconnu dans nos contrées, ce spiritueux chinois d’une profondeur et d’une richesse organoleptique rares mérite le détour. Explications.

 

Jean-Pierre Saccani

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Si le Moutai (prononcer « Mao-Taï ») est une pépite encore méconnue sous nos latitudes, cela ne devrait pas durer vu les qualités de ce spiritueux chinois, hors norme à plus d’un titre : par son histoire, son mode de fabrication et son… prix stratosphérique (à partir de 229 euros les 500 millilitres pour le marché français). Un tarif que l’on ne peut pas expliquer par un effet de mode puisque le Moutai n’est justement pas un produit tendance. Alors, à l’instar de ce collectionneur chinois qui a placé dernièrement 1,3 million d’euros sur la table pour acquérir aux enchères un flacon collector, pourquoi les amateurs sont-ils prêts à débourser des sommes folles ? Pour comprendre cet engouement, retour sur son histoire. Le Moutai est un baijiu (prononcer « baï-djo »), une eau-de-vie confectionnée à partir de céréales (sorgho, blé, riz, riz gluant, maïs et pois) dans la ville de Maotai depuis plus de 300 ans. Sa région de production, le Guizhou, au sud-ouest de la Chine, reste aujourd’hui encore l’une des plus préservées du pays. Une donnée non négligeable pour la qualité des matières premières, dont l’eau. Côté fabrication, rien à voir avec le whisky ou le cognac : le Moutai est élaboré à base de sorgho rouge local et de blé en provenance du nord de la Chine. Il subit ensuite neuf passages de vapeur, huit fermentations et sept distillations successives, un process qui dure une année entière. Un vieillissement dans des jarres de terre cuite de cinq années minimum complète ce dispositif. À noter : il peut être conservé également plusieurs décennies dans un endroit aussi sécurisé que fort Knox avant d’être assemblé et de rejoindre enfin son flacon blanc opaque titrant 53 degrés.

Mao, Nixon et les autres

En devenant l’alcool officiel de la République populaire de Chine le 1er octobre 1949 (date de la fondation de la RPC), le Moutai acquiert de nouvelles lettres de noblesse. Mao en consomme volontiers et le spiritueux devient un outil diplomatique. Nixon en déguste lors de sa visite historique à Pékin en 1972 et, deux ans plus tard, Henry Kissinger confie à Deng Xiaoping de passage aux états-Unis : « Si nous buvons assez de Moutai, nous pourrons résoudre tous nos problèmes. » Poutine et Obama emboîteront le pas… Aujourd’hui, depuis la lutte contre la corruption engagée par Xi Jinping, si le Moutai n’est plus le breuvage national réservé à la nomenklatura, il est en revanche devenu la marque de référence des nouvelles fortunes chinoises et la star des repas d’affaires où sont servis des Moutai millésimés, le nec plus ultra étant la série « Diplomatique », dont les prix peuvent se chiffrer en plusieurs milliers d’euros. En France, Cyril Camus, PDG de la marque de cognac du même nom, a créé un partenariat avec Moutai il y a une quinzaine d’années. Son objectif : faire sortir le label de Chine en l’implantant dans le réseau des duty free (le flacon disponible dans ce réseau a une étiquette différente). Depuis, l’agent exclusif de Moutai en France, Cammy France (rien à voir avec Camus) a également ouvert deux adresses parisiennes, baptisées l’une comme l’autre « China Moutai »*. Mais, pour l’instant, la clientèle demeure majoritairement chinoise. Il faut dire que le Moutai reste moins cher ici qu’en Chine. Encore une particularité pour un spiritueux qui n’est plus à un paradoxe près. À déguster séance tenante néanmoins !

* China Moutai, 164, boulevard Masséna, 75013 Paris (tél. : 09 52 65 70 50)
et 51, rue des Mathurins, 75008 Paris (tél. : 01 77 12 73 33). chinamoutai.fr
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