Je suis quelqu’un qui voyage beaucoup, mais, cet été, j’ai très envie de louer une bastide en Ardèche. Suis-je dans la tendance ?
Vous l’auriez été en 2020 et en 2021, mais plus du tout en 2023. Depuis la fin des confinements et la réouverture des frontières, on assiste à une explosion des voyages hors de France – on parle même de revenge travel pour expliquer ce phénomène qui pousse les gens à survoyager après en avoir été empêchés. Aujourd’hui, les deux destinations les plus réclamées sont les Pouilles et Minorque, l’île des Baléares. En Italie, hormis les Pouilles, la Calabre, la Sardaigne, la Sicile et l’île de Pantelleria – à mi-chemin entre la Sicile et la Tunisie – se taillent aussi un gros succès.
Avec le réchauffement climatique, le nord de l’Europe a-t-il la cote ?
Oui, la demande est exponentielle, notamment pour l’Écosse, où nous organisons entre autres des autotours. L’Irlande, notamment la capitale Dublin, est également très recherchée, mais comme 30 % des structures hôtelières sont réservées aux réfugiés ukrainiens, les places se font plus rares. Mais notre destination du nord de l’Europe la plus réclamée en été, c’est la Norvège : des côtes jusqu’à l’intérieur des terres, tout y est époustouflant. En hiver, la Finlande reste la star avec les aurores boréales, les balades en traîneau, le pays du père Noël…
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La forte inflation que nous subissons actuellement va-t-elle changer nos habitudes ?
Concernant Kuoni, qui est un voyagiste plutôt haut de gamme, je répondrai par la négative. Nous avons créé plusieurs marques – Donatello pour l’Italie, Scanditours pour la Scandinavie, Celtictours pour les pays celtes, Vacances Fabuleuses pour les États-Unis, Les Ateliers du Voyage pour les circuits sur mesure – qui nous permettent de proposer des offres très ciblées et premium. Raison pour laquelle notre panier moyen est en forte hausse.
Cela dit, je constate que les gens restent plus longtemps sur place là où, avant la période d’inflation, ils s’octroyaient des séjours plus courts et, souvent, une deuxième destination pendant l’été. Autre tendance : voyager avec un budget maîtrisé, sans dépenses supplémentaires par rapport à ce qui a été prévu. Ce désir a fait exploser le all inclusive : par exemple, nous remarquons une forte demande pour nos croisières sur le Nil où tout est compris dès le départ, des cafés aux pourboires, du vin aux visites privées.
Quelles sont les destinations qui ont le moins bien rebondi après la crise sanitaire ?
Même si cela marche toujours, le Maroc et Marrakech ont moins la cote, du fait d’une politique pas toujours très lisible pendant le Covid. Du coup, nos offres luxe incontournables, comme La Mamounia et Royal Mansour, sont reparties à la hausse, mais pas les destinations plus tendance, comme les spots de surf sur la côte atlantique.
Quelles sont les destinations favorites des Français à moins de trois heures de leur pays ?
Chez Kuoni, on observe cette année une hausse de 70 % concernant la Grèce avec, loin devant, la Crète, bien desservie par les aéroports d’Héraklion Níkos-Kazantzákis et de La Canée. Les offres de combinés d’îles marchent aussi très fort : Amorgos, Paros, les îles secondaires… et pas seulement Mykonos ou les îles très connues.
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Avez-vous noté un intérêt plus fort pour les destinations culturelles ?
Le voyage culturel a toujours été l’un des points forts chez Kuoni. Et en Europe, il y a de quoi faire sur ce terrain. Ce que l’on note, c’est la demande croissante de circuits avec des guides privés. J’en veux pour preuve les très bons retours client sur la Campanie, où les guides sont particulièrement amoureux de leur région, et donc fins connaisseurs. Idem pour des destinations comme Rome ou Abou Simbel, en Égypte.
Les destinations à connotation écoresponsable sont-elles aussi à la mode ?
Tout est relatif, car beaucoup de voyages sont décidés en fonction du prix et, pour la plupart des destinations, l’avion fait figure de passage obligé. Très peu de nos clients sont prêts à prendre le train pour se rendre à Rome ou à Venise – je ne parle pas de l’Orient-Express, qui est un train hors normes. Les voyageurs sont-ils prêts à sacrifier des journées de voyage dans un wagon et à dormir dans une couchette ? Poser la question, c’est y répondre en partie.
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